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4 janvier 1835 - Numéro 1
 
 

 



 
 
    

MISÈRES PROLÉTAIRES.

Une victime d’erreur judiciaire.

Rose Cécile desaltais couturière à Rouen fut arrêtée le 19 novembre dernier comme étant Rose Prudence leparc, contre laquelle existait un mandat d’arrêt, décerné par le juge d’instruction de Pont-Audemer ; malgré ses dénégations, ses offres de se faire reconnaître par des voisins, on l’écroua à la prison de Rouen, et sans autre forme de procès, sans procéder à aucune vérification, elle fut conduite à Pont-Audemer. Arrivée dans la prison de cette ville, l’erreur a été facilement reconnue, elle n’avait point de ressemblance avec la fille Leparc. Le 7 décembre, dix-huit jours après son arrestation, elle a été rendue à la liberté. Elle a dû à ses frais retourner à Rouen, sa ville natale. M. Asse, juge d’instruction lui a donné un certificat constatant son innocence et l’erreur judiciaire dont elle avait été victime. C’est tout ce qu’elle a obtenu. Aucune indemnité ne lui a été allouée. La loi n’en parle pas.

Nous livrons à nos lecteurs ce fait que le Temps dans son numéro du 20 décembre 1834 a emprunté à un journal de Rouen ; nous ne l’accompagnerons que de cette courte réflexion. Avons-nous tort de nous élever contre les arrestations préventives et l’impunité probable de quelques criminels ne serait-elle pas préférable cent fois à de pareilles erreurs dont des innocens sont victimes. Sait-on ce que peut produire plus tard une semblable erreur envers une faible femme, une fille du peuple, sans fortune, sans position sociale. Oui, nous le disons avec une conviction profonde : nos codes ont besoin d’une révision sévère dans l’intérêt du pauvre, car notez que de telles erreurs ne sont possibles que contre lui à raison de son obscurité.

 

 

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