Voici le résumé de la lettre que M. Ch. C. nous a écrite au sujet de l’affaire Paviot contre Tholozan, Chavent. Ce chef d’atelier approuve l’existence des livrets pour les fabricants d’étoffes de soie comme étant un gage de sécurité et les assimile aux billets et factures que les négocians se font entr’eux (cette assimilation n’est pas exacte) et il en conclut que soit dans l’intérêt de leurs confrères soit dans celui de la caisse de prêts, MM. Tholozan et Chavent ont eu raison d’agir comme ils l’ont fait. Cependant il ajoute que puisque ces messieurs avaient accepté un ouvrier travaillant sans livret, ils avaient tort de lui en demander un et il termine par louer M. Paviot d’avoir su faire respecter sa dignité d’homme.
Nous n’aurions pas inséré cet extrait si M. Ch. C. n’avait insisté pour la publication de sa lettre (tout en refusant de livrer son nom à la publicité), parce que la discussion qu’elle soulève nous paraît inopportune et d’un mince intérêt ; et qu’en définitif on ne voit pas quel but se propose M. Ch. C. qui termine par louer M. Paviot après l’avoir blâmé.
Nous profiterons de cette occasion pour faire observer que si nous insérions toutes les lettres qui nous sont adressées, elles rempliraient les colonnes du journal. Pour qu’une lettre soit publiée il faut qu’elle soit l’expression d’un intérêt particulier lésé et alors nous nous en occupons toute affaire cessante ; ou si elle n’est pas dans cette catégorie, il faut qu’elle soit d’un intérêt général et écrite convenablement. Nous en dirons autant des articles et pièces de vers qu’on nous adresse journellement. Les bonnes intentions ne suffisent pas même en prose, et l’on sait qu’en fait de poésie Boileau a dit avec vérité :
Il n’est pas de degré du médiocre au pire.
Nous sommes donc souvent obligés de ne pas faire ces insertions et de froisser par là quelques susceptibilités peu réfléchies. S’il en était autrement la rédaction serait envahie pour contenter l’amour-propre de quelques-uns sans profit pour les lecteurs.