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8 février 1835 - Numéro 21
 
 

 



 
 
    

ITALIE, SICILE.

Les fabriques de Palerme, de Milan, de Côme, de Venise, de Florence, de Lucques, de Sienne, de Bologne, de Gênes, qui pendant plusieurs siècles ont joui du privilége de fournir des soieries à toute l’Europe, ont, peu à peu, perdu ce monopole, et plusieurs d’entr’elles n’ont conservé que quelques métiers occupés par leur propre consommation. Il serait très-curieux et très-utile de suivre pas à pas le progrès et le déclin de ces diverses fabriques ; mais ce serait faire l’histoire entière des républiques italiennes ; car, là comme partout, l’histoire du travail, de l’industrie, se lie intimement à l’histoire politique du pays.

Je me contenterai donc de tracer brièvement et par des chiffres l’état présent des fabriques de soieries de l’Italie.

On compte à Gênes de 600 à 800 métiers qui travaillent principalement en velours et en damas.

La Toscane, qui ne prohibe rien, compte encore près de 4,000 métiers que l’on peut répartir ainsi :

A Florence et ses environs, 3 200
à Sienne, 400
à Lucques, 400

Ces métiers fabriquent les lustrines, les serges, les satins pour le Levant et quelques damas.

On n’évalue, terme moyen, qu’à six pièces par an, le travail de chaque métier ; ce qui provient de ce que le tissage est une occupation accessoire, confiée presque exclusivement aux femmes, qui sont obligées de vaquer aux travaux domestiques une partie de la journée.

On compte à Milan et ses environs, 400 Métiers
à Côme et sur les bords du lac, de 2 500 à 3 000
à Turin, 3 000 à 4 000
à Bologne, 1 500 à 1 800
à Faverges, 1 000 à 1 100
à Rome, 1 000
à Naples, 300 à 400
à Naples, dans la fabrique royale, 130

ESPAGNE.

L’Espagne a possédé jadis des fabriques considérables de soierie à Séville, Grenade, Ségovie, Tolède, Cordoue, Murcie, Valence, Sarragosse, Valladolid, Medina-del-Campo, Burgos, etc. Don Ustaritzi1 dit qu’au 15e siècle et 16e siècle on comptait, dans Séville et ses environs, 16,000 métiers en soie qui, en moyenne consommation, employaient 260 à 300 onces de soie par an et dont le produit total s’élevait à 11,000,000 de piastres.

En 1478 et 1494, sous Ferdinand et Isabelle2, on trouve déjà des réglemens au sujet de la fabrication et de la vente des brocards de soie. Il paraît donc que l’Espagne connaissait [4.1]l’industrie de la soie avant la France et l’Angleterre. Il est à supposer que les Maures qui lui ont tant laissé, lui laissèrent aussi cette source de richesses qu’ils avaient eux-mêmes importée d’Orient.

Il existe encore des fabriques de soie en Catalogne et dans le royaume de Valence ; mais il faut qu’elles soient bien arriérées, puisque, malgré les énormes droits et les restrictions qui pèsent sur nos soieries, l’Espagne en consomme beaucoup.

(Un Mot sur les Fabriques étrangères, de M. A.-D.)

Notes (ITALIE Italie , SICILE Sicile . Les fabriques...)
1 Geronimo de Uztariz (1670-1733) dont le Theorica y Practica de Comercio y de Marina fut publié en 1724  et traduit en français en 1753.
2 Il est fait référence ici au couple royal, Ferdinand II d’Aragon (1452-1516) et Isabelle Ier de Castille (1451-1504).

 

 

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