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8 février 1835 - Numéro 6
 

 




 
 
     

SUITE DES INSTRUCTIONS

sur les élections du conseil des prud’hommes.

Section de Soierie.

[1.1]Mardi prochain, 10 février, est le dernier jour fixé pour la notification, par MM. les maires, aux parties réclamantes, des décisions par eux rendues.

Ceux qui, ayant fait une réclamation, ne recevraient pas avis de la décision dans le susdit délai, doivent se transporter à la mairie et en exiger un duplicata, ou s’assurer qu’il a été fait droit.

Dans le cas où la décision intervenue ne serait pas conforme à la demande, et que l’on persisterait à croire cette demande juste, on peut en appeler à M. le préfet, en son conseil de préfecture (Voyez le dernier numéro).

Le délai de cet appel commencera mardi prochain, 10 février, et sera clos le dimanche suivant, 15 février.

Les décisions du conseil de préfecture seront rendues du 15 au 20 février, et transmises immédiatement à MM. les maires, qui les feront notifier dans les cinq jours de leur réception, aux parties intéressées, et opéreront sur les listes les rectifications convenables.

Les listes rectifiées seront closes et affichées le premier mars prochain.

M. Riboud a eu une audience de M. le préfet, qui lui a promis d’écrire de suite aux maires des communes de la Croix-Rousse et de Caluire, à l’égard du conflit relatif à la partie des électeurs de la 3e section, que nous avons signalé dans le dernier numéro.

Élections du Conseil des Prud’hommes.

SECTION DE BONNETERIE.

MM. berthaud et cochet ont été réélus. M. chasselet a été élu en remplacement de M. Jarnieux.

SECTION DE DORURE.

MM. putinier et wuarin ont été réélus. M. ville a été élu en remplacement de M. Alloignet.

ENCORE L’AFFAIRE BOFFERDING,

contre gelot et ferrière.

Nous avons dit que la question du montage de métiers, résolue en faveur des négocians contre les chefs d’atelier, les ruinerait plus ou moins vite ; mais les ruinerait certainement : nous maintenons notre dire. Sans doute, il y aura des exceptions, il y en a partout ; mais l’exception confirme la règle. Un exemple choisi entre mille et que nous choisissons seulement parce qu’il s’appuye sur un débat judiciaire, va nous fournir la preuve que nos lecteurs, étrangers, à la fabrique, sont en droit d’exiger,

[1.2]On se souvient que par un jugement du 20 décembre dernier, le conseil des prud’hommes a réservé à Bofferding ses droits pour les frais à lui dus, par suite de l’interprétation donnée à sa convention avec Gelot et Ferrière. Bofferding a exécuté le jugement ; il a fait monter les deux métiers, suivant la nouvelle disposition, et aujourd’hui il est créancier, tant pour les frais dudit montage, que pour l’indemnité de 95 fr. Voici son compte avec la quittance à l’appui, du sieur André ; tel que M. Bofferding nous l’a remis.

1° Payé à M. André pour avoir décolté et récolté un métier, en 1,500 : 8 fr.
Id. dépendu : 4 fr.
Id. empoulé les rives : 2 fr.
Id. pendu avec la soie : 6 fr.
Id. apareillé : 5 fr.
Total : 25 fr.
Mêmes frais pour un second métier : 25 fr.
Total : 50 fr.

Le sieur André a donné son acquit de cette somme le 6 janvier dernier.

2° Nourriture au sieur André et à son aide : 10 fr.

3° Sept journées perdues à 5 fr. : 35 fr.

Total : 95 fr.

MM. Gelot et Ferrière ont eu la générosité d’offrir 30 fr. De là, instance devant le conseil, et le conseil prenant le juste milieu a alloué 40 fr. 80 c. pour frais et 30 fr. pour indemnité.

Sans doute, le Conseil ne doit pas allouer à un fabricant une demande qui serait évidemment exagérée ; mais il nous semble que vu les circonstances de la cause, il y aurait eu justice de faire droit à une demande même plus, élevée ; mais il y a mieux : chacun est à même de vérifier l’exactitude du compte produit par M. Bofferding, et de se convaincre que ce chef d’atelier ne demandait que ce qui lui était rigoureusement dû ; à moins de le déclarer faussaire, pour avoir produit un compte de dépenses mensonger, et de déclarer, en même temps, le sieur André, complice du faux, pour avoir signé ce compte. Bien certainement, le Conseil n’a pas envisagé les conséquences logiques de sa décision ; car il n’aurait pas fait à deux citoyens respectables, cette injure gratuite.

Nous ne cesserons donc pas de le dire. La question du montage des métiers est l’une des plus graves que la fabrique ait en instance ; mais on n’obtiendra aucune solution avantageuse, tant qu’on s’obstinera à ne voir dans le chef d’atelier qu’un manœuvrier sujet à livret et aux exigences légales qui en résultent. Il faut que le chef d’atelier soit libre d’établir ses frais de mise en œuvre avec la même indépendance, le même bénéfice que le maçon, le charpentier, etc. : il faut que le négociant traite avec lui d’égal à égal, et non plus de maître à clerc. C’est une révolution morale qui doit s’opérer à cet égard ; nous l’appelons de tous nos vœux, [2.1]et nous y contribuerons autant qu’il sera dans notre sphère.

AU RÉDACTEUR.

Monsieur, je vous remercie de la manière exacte dont vous avez rendu compte de mon affaire avec M. Bernard, et des notes que vous avez ajoutées, qui font ressortir davantage l’injustice du jugement rendu contre moi. Je ne saurais adresser les mêmes remerciemens à l’indicateur ; on dirait qu’il se plaît à présenter les affaires d’une manière défavorable aux chefs d’ateliers, et qu’il les embrouille à dessein. En vérité il devrait, dans l’intérêt de la fabrique, cesser son compte rendu du conseil des prud’hommes.

Comme vous le dites, je suis du nombre de ceux qui croient trouver réunies, la délicatesse et la fortune ; lorsqu’à cette dernière se joint la considération publique. Puisse la leçon que je viens de recevoir, désabuser mes confrères.

Mme Ve messin, propriétaire à Vaux, me proposa elle-même, en présence de son frère, M. bernard, maire de Vaux, de MM. mauteville, marchand ferratier, rue du Plat ; thevenin, rentier, aux Brotteaux ; chevalier, menuisier, rue des Deux Maisons, de mesdames chevalier, thevenin et delisle, concierge du cercle du commerce, et enfin de son neveu, M. bernard, que vous avez, mal à propos, appelé négociant, attendu qu’il n’est que commis chez M. Morier et Ce, fabricant d’unis, de prendre en apprentissage son autre neveu, Louis bernard. Je demandais 400 fr. et trois ans de temps. Après des pourparlers, cédant aux sollicitations des personnes présentes, dont j’invoque le témoignage, qui me dirent que je n’y perdrais pas, je consentis à rabattre 50 fr., et j’eus la faiblesse de ne pas exiger immédiatement une convention écrite. Un autre motif me porta à retarder cette convention : Mme Ve Messin me témoigna qu’elle était gênée, dans le moment, et qu’elle ne pourrait me donner qu’au bout d’un an ; son amour-propre paraissait souffrir de consigner, par écrit, cette demande d’un délai, et j’eus la délicatesse de ne pas oser insister. Voilà ma récompense.

J’ai donné tous mes soins à cet élève, et attendu son intelligence, il a été bientôt à même de travailler ; c’est ce moment qu’on a choisi pour le retirer de chez moi. Je dois rendre justice à Mme Ve Messin ; elle a eu la pudeur de ne pas oser faire elle-même cette demande ; elle en a chargé son neveu, M. Bernard, frère de mon apprenti, qui a sans doute oublié, en recevant procuration de sa tante, qu’il avait été témoin au contrat. Il y a des gens dont la mémoire est si courte.

L’indemnité que le conseil m’a allouée est dérisoire : je suis à même de prouver que je perds au moins 300 fr. En effet, l’apprenti avait encore 21 mois de travail, et comme il est bon ouvrier, il pouvait me rendre 3 f. 60 c. par jour, l’excédent de sa tâche déduit. Cette somme me compensait bien ses frais de nourriture et les leçons de décomposition de dessin que j’avais à lui donner, à temps perdu, pendant la dernière année de son apprentissage ; ainsi que j’étais convenu, et maintenant le métier est couvert, en attendant que j’aie trouvé un compagnon.

Quelle que soit la détermination que je prenne au sujet du jugement de MM. les prud’hommes, et quel qu’en soit le résultat, j’ai cru convenable d’appeler l’attention sur cette affaire, qui doit amener de sérieuses réflexions et distraire les chefs d’atelier de leur facilité à compter sur la bonne foi des personnes avec qui ils traitent.

J’ai l’honneur etc.

biolay, fabricant, cour des Archers.

CONSEIL DES PRUD’HOMMES.

Séance du février 1835.

Président M. Riboud, Membres : MM. Arragon, Berthaud, Bourdon, Chantre, Dufour, Gaillard, Joly, [2.2]Labory, Micoud, Milleron, Pellin, Teissier, Troubat, Wuarin.

18 causes sont appelées, dont 3 sur citation. – 3 sont retirées, 5 jugées par défaut, 1 renvoyée à huitaine, 1 autre entre Bonnet, Delon, Guillon et Poncet a été aussi renvoyée à huitaine pour la prononciation du jugement ; les autres jugées contradictoirement ou renvoyées en conciliation.

Les causes suivantes ont présenté de l’intérêt :

bernard c. luquin frères. FAITS : – Cette cause avait été renvoyée en conciliation à la dernière audience, devant MM. Perret et Roux ; Luquin frères ne s’étaient pas présentés, en cette audience ils ont été condamnés à payer Bernard, à raison de 45 centimes le mille et aux frais.

millet (demoiselle) contre perrier (dame). – Les questions à juger étaient celles-ci :

Le gage promis par une maîtresse ourdisseuse à son apprentie doit-il être divisé pour chaque année en une somme égale ? Oui.

Le gage annuel est-il acquis à l’apprentie lors même qu’elle ne finit pas son temps ? Oui.

La dame Perrier, ourdisseuse, mécontente de la dlle Millet, qu’elle avait prise en apprentissage pour 3 ans, avec promesse de lui payer un gage de 60 fr. au bout des 3 années, selon elle, et de 20 fr. par an, selon l’apprentie renvoyait sa dite apprentie au bout de 2 ans et refusait de lui payer aucun gage. Le conseil l’a condamné à payer 40 fr. pour les deux années.

SOUSCRIPTION

POUR L’AMENDE DE LA TRIBUNE PROLÉTAIRE.

5e liste ouverte au Bureau.

J. Berger, ex-gérant de l’Echo de la Fabrique, 1 fr. ; C. Berger, 1 fr. ; Dailly, 8 fr. ; Lacombe, 1 fr. ; G......, 1 fr. ; Vissier, 50 c. ; Firug...., 50 c. ; Omel, 75 c. ; Abri, 25 c. ; Ruffet, 25 c. ; Damb, 2 fr. ; un prolétaire, 50 c. ; un anonyme, 50 c.

Total : 14 fr. 05 c.

La faculté des sciences1, récemment créée à Lyon, a été installée le 29 janvier dernier, au Palais des Arts, place des Terreaux. MM. Vachon-Imbert et Boussingault Boussingault ont prononcé des discours que l’exiguïté de notre cadre ne nous permet pas de transcrire.

Voici le tableau des cours qui sont professés en ce moment par MM. Cournot, Clerc, Tabareau, Boussingault, Jourdan, Seringe et Fournet.

Mathémathiques. Mardi, jeudi et samedi, à 10 heures et demie.
Astronomie. Mardi et samedi, à l heure.
Physique. Mercredi et samedi, à 6 heures du soir.
Chimie. Lundi et vendredi, à 11 heures.
Zoologie. Mardi et samedi, à 3 heures.
Botanique. Lundi et jeudi à 4 heures et demie.
Minéralogie et Géologie. Mercredi et vendredi, à 3 heures.

Tous ces cours sont publics et gratuits.

Plusieurs pièces fausses de 5 fr. sont en circulation ; elles portent l’effigie de Charles X, le millésime de 1829 et une ancre, pour marque de fabrique. Elles sont légèrement bleuâtres ; le nom du graveur Michaud n’est pas bien net et le cordon, au lieu de la légende de l’époque, gravée en creux Domine Salvum fac regem porte celle-ci d’une manière assez peu distincte : Dieu protège la France.

Quoique nous soyons loin d’admettre que le nombre des ballots déposés à la condition des soiesi 1 puisse servir de base pour apprécier l’état de la fabrique lyonnaise, nous croyons faire plaisir aux lecteurs en leur donnant cet état pendant le cours des années 1832 et 1833, nous le ferons suivre incessamment d’un autre pour l’année 1834.

[3.1]1832. 1833.
Janvier : 50,278 kil. 74,732 kil.
Février : 60,557 kil. 51,558 kil.
Mars : 77,402 kil. 63,712 kil.
Avril : 29,263 kil. 64,989 kil.
Mai : 56,020 kil. 80,580 kil.
Juin : 54,980 kil. 40,568 kil.
Juillet : 47,537 kil. 46,895 kil.
Août : 48,192 kil. 76,794 kil.
Septembre : 52,597 kil. 63,023 kil.
Octobre : 60,055 kil. 44,480 kil.
Novembre : 58,037 kil. 57,549 kil.
Décembre : 65,952 kil. 53,823 kil.
Total : 660,900 kil. 718,703 kil.

L’excédent de 1833 sur 1832 a été de 57,803 kil.


i. La condition des soies a été fondée en [1779] par M. Rast-Maupas (Jean-Louis), célèbre agronome, mort le 27 mars 1821.

La Tribune contient1 dans un de ses derniers numéros une lettre de la célèbre Marion Delorme à M. Cinq-Mars, datée de février 1641. Cette lettre prouve que la découverte de la puissance motrice de la vapeur appartient à un français. Elle porte en substance que : Edward Sommerset, marquis de Vorcester, qui se l’est attribuée dans son ouvrage imprimé en 1663, sous le titre Century of inventions, n’a fait que copier un livre publié en 1615, par Salomon de caus, normand, intitulé : « Les raisons des forces mouvantes, avec diverses machines, tant utiles que puissantes» Le marquis de Vorcester eut connaissance de cet ouvrage en visitant Bicêtre, où il trouva Salomon de caus ; après avoir conféré avec lui, il s’écria : « Oui, cet homme est bien fou maintenant, mais il ne l’était pas lorsqu’il a été enfermé. » C’était pour se débarrasser de ses importunités que Richelieu, regardant une telle découverte comme une chimère, avait ordonné son incarcération. Il a fallu les investigations de notre siècle progressif pour rendre, après deux cents ans, justice à la mémoire d’un grand homme de génie méconnu, indignement persécuté, et restituer à la France un fleuron de sa couronne.

GRRRRANDE DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE1.

Lorsque Pythagore trouva le carré de l’hypoténuse, dans l’excès de sa joie, il sacrifia une hécatombe aux dieux protecteurs. Nous n’avons pas offert de sacrifice ; mais notre joie n’en est pas moins indicible ; car il nous est arrivée une bonne fortune telle que le grrrrrrrrrand Philipon la payerait au poids de l’or. Aussi nous comptons bien en faire part à notre éminentissime confrère.

Nous avons trouvé du VIENNET : Que ce soit un jour de liesse pour la Caricature ! Hosanna, dans les bureaux du Charivari !

Vous êtes impatiens, lecteurs, nous le concevons, et nous ne voulons pas retarder davantage le rire fou qui va dérider votre front. Voici le précieux morceau ; il est extrait d’une lettre adressée par l’illustre martyr d’Estagel, à M. H. Leguern qui s’est hâté d’en enrichir, sous forme d’épigraphe, sa brochure de Rosoline ou les mystères de la tombe, dont nous entretiendrons, un jour, les lecteurs. Lisez et pâmez-vous d’aise.

« Nous n’avons pas le droit d’enterrer les vivans, et personne ne se soucie d’être victime de notre promptitude en fait de d’inhumations. – Ceux-là même qui font le moins de cas de la vie ne veulent pas être exposés à souffrir les tortures d’un pareil supplice. Il y aurait de quoi les dégoûter de mourir etc. »

Ah ! bourreau ! de Leguern ; pourquoi vous arrêter ? Pourquoi être ainsi avare des plaisirs du public ? Pourquoi n’avoir pas donné le reste de cette épître ?

Voyez, comme ce peu de mots est sublime ; comme tout est frappé au type du génie. Ah ! M. Viennet, vous êtes aussi éloquent en prose qu’en vers ! Il faudrait un nouveau Mathanasius, pour faire ressortir les beautés de ce simple extrait. Quelle profonde vérité dans ces mots : « Nous n’avons pas le droit d’enterrer les vivans. » Quelle naïveté sublime dans ceux-ci : « Il y aurait de quoi les dégoûter de mourir. » Nous renonçons à faire, sur ce morceau d’éloquence, le commentaire [3.2]qu’il mérite ; que d’autres plus savans s’en occupent ; ils obtiendront à coup sur l’immortalité pour prix d’un pareil travail.

La cinquième livraison du Cours complet de paysage, par Thénot vient d’être mise en vente. Ce cours est expliqué par la perspective.

On souscrit chez l’auteur, place des Victoires, n. 6, et au Bureau de ce journal, où sont déposées les livraisons qui ont déjà paru ; il y en aura quinze paraissant de mois en mois. Prix de chacune, 1 fr. 70 cent.

DEUX TRAITS DE PROBITÉ1.

Le journal de la Haute-Saône raconte que le trois janvier dernier, sur la route de Lure à Vesoul, un pauvre charpentier de Mollans, nommé couvers, trouva un sac contenant 5,000 fr. en espèces que deux voituriers avaient perdus ; ce dont ils ne s’étaient aperçus que long-temps après, à leur arrivée à Calmoutiers. Ces voituriers étant revenus sur leurs pas, rencontrèrent, à quelque distance de Château-Grenouide, le brave artisan qui allait remettre cette somme au Maire de Calmoutiers et s’empressa de la leur rendre sans vouloir rien accepter.

Nous avons à rappeler un fait analogue qui s’est passé à Lyon, en 1832, et qui nous a été attesté par des personnes dignes de foi. Le sieur aldinger, fabricant d’étoffes de soie, passant sur le quai Humbert, trouva quatre billets à ordre endossés en blanc par M. Letellier fils, montant ensemble à 1,632 fr. 60 c. ; leur échéance allait au lendemain. Aldinger qui connaissait parfaitement l’importance de sa trouvaille, quoique dans un état d’indigence complet (il recevait les secours de la paroisse), n’eût pas même l’idée d’utiliser sa bonne fortune ; il fit les recherches les plus actives pour trouver le propriétaire de ces billets ; l’ayant découvert, il ne consentit qu’à grand-peine à recevoir une faible indemnité.

Nous aimons à consigner dans cette feuille, créée pour la défense et l’instruction des ouvriers, ces anecdotes dont il est à regretter que la majeure partie soit oubliée ; parce qu’elles établissent, d’une manière irrécusable, la moralité de la classe prolétaire, et nos lecteurs de toutes les classes, les lisent sans doute avec autant de plaisir que nous éprouvons à les recueillir.

Jurisprudence.

Notices utiles. (suite, V. N° 3)

26. Cour de cassation, 15 janvier 1835. Le notaire est responsable de la nullité d’un testament, prononcée pour cause de l’incapacité d’un des témoins instrumentaires, soit que cette incapacité précède la rédaction du testament, soit qu’elle résulte des dispositions du testateur. Dame Berthelot contre Hrs de Mme Renou.

27. Tribunal de commerce de paris. 29 décembre 1834. Les syndics nommés par le contrat d’union, dans une faillite, sont solidairement responsables de leur gestion. Syndics, faillite Nouailher, contre D. et Delousial, précédens syndics.

28. Idem. 14 janvier 1835. Le concordat est opposable à un créancier, lors même qu’il n’a été ni inscrit au bilan ni appelé aux opérations de la faillite ; lorsqu’il est constant, en fait, qu’il a eu connaissance de la faillite. Couture, contre Valentin i.

29. Cour de paris. 25 novembre 1834 (2e Ch.). Le tribunal de commerce est compétent pour prononcer la condamnation d’un biIlet à ordre causé valeur reçue en marchandises et endossé par des négocians, lors même que les endosseurs ne sont pas assignés et que le souscripteur nie avoir fait acte de commerce. Seulement la contrainte par corps ne doit pas être prononcée attendu que l’énonciation valeur reçue en marchandises, n’est pas suffisante pour établir une opération commerciale. Sambuci et Carriol, contre Bergeret.

30. Idem. 13 décembre 1834 (3e Ch.). 1° La notification faite aux créanciers inscrits, en vertu de l’art. 2183 du code civil, par un acquéreur à rémunérer, ne peut pas profiter à celui qui le rembourse et devient acquéreur réel. 2° L’acquéreur qui, dans la notification de son contrat a omis de spécifier des déductions authentiques qui réduisaient son prix, ne peut, quoique cette erreur soit évidente, la réparer, même à ses frais, et en offrant de faire courir de nouveau les délais de surenchère, par une notification subséquente. Il y a eu contrat judiciaire irrévocable. Buiron et Heudebert, contre Créanciers Baudierii.

31. Tribunal civil de paris. 3l septembre 1834 (1re Ch.). L’avoué, même fondé de pouvoir général, pour la liquidation d’une succession, et qui a omis de prendre, dans les soixante jours, en conformité de [4.1]l’art. 2109 du code civil, inscription sur les immeubles licités pour conserver le privilége de son mandant, n’est pas responsable. Hrs Benard, contre Mes Jausse et Glandaziii.

32. Idem. 14 janvier 1835 (5e Ch.). Le maître qui inscrit sur le livret de son ouvrier ou domestique, un certificat qui 1’empêche de se placer ailleurs, est passible de dommages intérêts, et doit remplacer ce certificat par un autre, conçu en des termes ordinaires. Piclès, contre Beuvardiv.


iNotes du rédacteur. Ce jugement modifie celui que nous avons inséré dans le numéro 18 de l’Echo des Travailleurs.
ii. Cet arrêt est passablement rigoureux.
iii. Voici l’un des meilleurs argumens contre la superfétation du corps des avoués.
iv. L’importance de ce jugement, pour la classe ouvrière, nous détermine à en donner le texte même.
Attendu que nul ne peut se faire justice à soi même.
Attendu que le certificat de Beuvard sur le livret de Piclès, cause à ce dernier un préjudice grave, et qu’il doit nécessairement l’empêcher de se placer dans d’autres ateliers.
Condamne Beuvard à payer à Piclès la somme de 75 fr., à titre d’indemnité, et à remplacer, dans les trois jours du jugement, par un certificat dans les formes ordinaires, celui qu’il a indûment inscrit sur le livret, lequel sera rayé ; sinon et faute de ce faire, le condamne à payer à Piclès 5 fr. par chaque jour de retard.

LECTURES PROLÉTAIRES.

L’homme paraît sur la terre comme un fantôme passager enfant du sommeil. Le torrent des siècles passe sur nos tombeaux les plus superbes et les submerge. (j. m. g. Les nuits Romaines au tombeau des Scipions. 1)

Il serait à souhaiter que chacun fit son épitaphe de bonne heure ; qu’il la fit la plus flatteuse possible, et qu’il s’appliquât toute sa vie à la mériter. (marmontel.2)

On se dit le serviteur de tout le monde parce qu’on n’est l’ami de personne ; on offre tout parce qu’on ne veut rien donner. (mirabeau. Lettres à Sophie.)

La corruption est dans l’homme, comme l’eau est dans la mer. (Idem. Idem.)

L’ennemi seul de la vertu doit frémir au bruit de la foudre et à l’aspect des nuages qui la renferment. (pechmeja. Télèphe.3)

Souvent un ennemi caché est plus féroce que le tigre dont la peau est douce et dont le cœur a soif de sang. (Parole de Tuagenem.)

Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui. (larochefoucault. Maximes.)

GRAND-THÉÂTRE . Jeudi dernier, les trois frères Foltz, Napolitains, célèbres flûtistes, ont donné un concert dont les amateurs ont été satisfaits. Ces trois frères s’appellent Michel, Florinde et Léopold, et sont âgés, le premier, de 18 ans, le second, de 12, et le 3me, de 8 ans seulement.

Aujourd’hui, à midi, au Foyer, aura lieu une matinée musicale donnée par le célèbre Georges hainl1.

Ce soir, cinquième grand bal paré et masqué. (Voir les annonces.)

GYMNASE. Barqui et le public ont été contens, ce qui n’arrive pas toujours aux représentations à bénéfice.

Vendredi prochain aura lieu le bénéfice de Mlle Henriette baudoin. Le spectacle annoncé se compose de : Le Facteur ou la Justice des Hommes, drame en 5 actes ; le Czar et la Vivandière, ou un trait de Paul 1er, vaudeville, et d’un autre vaudeville qui a réussi complètement à Paris : les Sept Péchés Capitanx ou la famille du Quaker. – Nous convions le public lyonnais au bénéfice de Mlle Baudoin, non-seulement pour faire acte de galanterie, mais encore pour faire acte de justice.

LOGOGRIPHE.

Mes cinq pieds au cerveau causent une douleur,
Ma queue à bas je suis une forte liqueur.

[4.2]Tous les livres, brochures, gravures, cartes, etc., dont il sera déposé un exemplaire au bureau de la Tribune Prolétaire seront annoncés, gratis, une ou plusieurs fois, selon leur importance. – Il en sera rendu compte dans l’intérieur du Journal moyennant le dépôt d’un second exemplaire destiné au Rédacteur chargé du compte-rendu.

Annonces.

(29-3) Costumes de bal, dominos, etc., à des prix modérés, chez Mme Balleffin, marchande de nouveautés, cols, sacs, etc., rue St-Côme, n° 4, à l’entresol.

(30-1) Uranorama. Séances astronomiques, par M. J. B. Rouy, quai de Retz, n° 49.
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(22-3) Un basson par Simiot, à vendre, s’adresser rue Imbert-Colomès, n° 6, au 2e.

Notes (La faculté des sciences, récemment créée à...)
1 D’abord créée quelques courtes années dans le cadre de l’université impériale (1810), la faculté des sciences de Lyon allait renaître en 1835. Parmi les hommes mentionnés ici, on retrouve le Chimiste et agronome Jean-Baptiste Boussingault (1802-1887), le mathématicien, philosophe et économiste  Antoine-Auguste Cournot (1801-1877), l’astronome François Clerc, le chimiste et mathématicien Charles-Henry Tabareau (1790-1866), le zoologue Claude Jourdan (1803-1873), le botaniste Nicolas-Charles Seringe (1776-1858), et le minéralogiste Joseph Fournet (1801-1869).

Notes (Quoique nous soyons loin d’admettre que le...)
1 Jean-Louis Rast-Maupas (1731-1821), qui avait créé la première Condition des soies autour de 1800.

Notes (La Tribune contient dans un de ses derniers...)
1 Cette rubrique mentionne l’échange épistolaire entre Marion Delorme (1611-1650) et Cinq-Mars (Henri Coeffier de Ruzé, Marquis de Cinq-Mars (1620-1642), évoquant la controverse sur les premières avancées concernant la puissance de la vapeur faites par Salomon de Caus (1576-1626) puis Edward Sommerset (1601-1667).

Notes (GRRRRANDE DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE. Lorsque...)
1 Jean-Pons Guillaume Viennet (1777-1868), était un député conservateur, zélateur du Roi et de la politique du  juste-milieu, mais aussi un poète et auteur dramatique médiocre poursuivi par l’insuccès. Il était donc la cible régulière de la Caricature ou du Charivari, les journaux de Charles Philippon (1800-1862). L’article de la Tribune prolétaire mentionne un court épigraphe de Viennet ornant l’ouvrage d’Hyacinthe Le Guern, Rosoline, ou les Mystères de la tombe, recueil historique d'événements nécessitant qu'on prenne des précautions pour bien constater l'intervalle qui peut s'écouler entre la mort imparfaite et la mort absolue (1834) et moque Viennet, regrettant que la moindre de ses saillies ne puisse bénéficier du travail de bénédictin d’un Chrisotome Mathanasius qui avait publié, au 18e siècle, Le chef d’œuvre d’un inconnu.

Notes (DEUX TRAITS DE PROBITÉ. Le journal de la...)
1 Peut-être ici le Journal politique, littéraire et d'agriculture de la Haute-Saône publié à Vesoul depuis 1811, ou plus probablement, Le Patriote franc-comtois : journal politique, commercial, judiciaire... : petites affiches, feuille d'annonces judiciaires pour les départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône, publié à Besançon depuis 1832.

Notes (LECTURES PROLÉTAIRES. L’homme paraît sur la...)
1 Publié initialement en italien en 1792, Les Nuits romaines au Tombeau des Scipions du comte Alessandro Verri (1741-1816) avait été traduit et publié en français par F. Grasset en 1796.
2 Référence ici à Jean-François Marmontel (1723-1799).
3 Jean Pechmeja (1741-1785), dont le Télephe était paru en 1784.

Notes (GRAND-THÉÂTRE . Jeudi dernier, les trois...)
1 Il s’agit du chef d’orchestre et violoncelliste Georges Hainl (1807-1873).

 

 

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