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15 février 1835 - Numéro 22
 
 

 



 
 
    

SUISSE.

canton de zurich.

Il y a plusieurs siècles que le canton de Zurich est renommé pour son commerce et son industrie ; mais ce n?est que de la paix que datent les grands développemens de l?industrie de la soie. En 1814, on ne comptait que [ ?],000 métiers environ, dont la production se bornait à du florence et à quelques articles légers pour la consommation de la Suisse et de l?Allemagne. ? En 1833, le nombre de ces métiers s?est élevé à 10,000, et leurs produits variés ont été expédiés en Allemagne, en Russie, en Italie, en Amérique, en Angleterre et même en France, malgré les droits.

L?industrie de la soie n?est pas la seule qui se soit développée avec énergie dans ce canton : il faut citer encore celle du coton et de la filature. Lorsque Lyon, par son goût et son influence dans le monde fashionable, crée et fait prendre quelque article en soie et coton, Zurich s?en empare bientôt et recueille, pour ainsi dire, ce que Lyon a semé. A Zurich, l?ensemble de l?organisation industrielle est la même qu?à Lyon, mais elle diffère dans les détails. Comme à Lyon, le fabricant n?est qu?exceptionnellement propriétaire des ustensiles, et il distribue le travail aux ouvriers lorsque les demandes arrivent. L?absence de travail est moins funeste à l?ouvrier suisse qu?au nôtre, parce qu?il vit à la campagne. En général, il est propriétaire de la chaumière qu?il habite et du champ qu?il cultive ; et ce champ, au besoin, lui donne du pain. Cette espèce de double profession de cultivateur et de tisserand, [3.2]explique pourquoi les commandes s?exécutent plus lentement dans les fabriques suisses que dans les nôtres, et pourquoi aussi ces fabriques font moins d?ouvrage en été qu?en hiver, ce qui est l?inverse des faits observés dans les fabriques dont les ouvriers habitent les villes.

Le compagnonnage y est bien moins répandu qu?à Lyon, et généralement le travail s?exécute en famille, en sorte que le salaire se divise rarement.

La position de l?ouvrier suisse lui permet donc de travailler à très-bas prix, sans qu?il en résulte pour lui les privations qui sont ailleurs la conséquence de façons trop réduites.

Mais le bas prix de la main-d??uvre n?est pas l?unique cause des avantages qu?ont ces fabriques dans la production des étoffes légères.

Il faut compter encore au premier rang de ces causes : l?abondance et partant le bas prix des capitaux ; la régularité et la simplicité de la vie ; l?absence presqu?entière d?impôts ; l?absence de douanes et de tarifs protecteurs, qui enchérissent partout l?existence, la main-d??uvre et la production.

Pour diriger et employer les 10,000 métiers de Zurich, il y a tout au plus 25 fabricans ; pour un nombre égal de métiers, il y en aurait ici une centaine.

Est-ce un mal, est-ce un bien ? Je crois que, vu les développemens que prend partout l?industrie et la concurrence qui en résulte, la grande division est un mal ; car il est certain, qu?en général, plus la masse d?affaires est grande, et moins les frais généraux pèsent sur les marchandises.

bale.

Presque toutes les observations que je viens de faire s?appliquent à la fabrique de Bâle. J?en ajouterai une seule qui donnera l?explication du grand bon marché des produits de Bâle, bon marché qui fait le désespoir de Saint-Etienne et de toutes les fabriques de rubans de l?Europe.

Les capitaux sont encore plus abondans à Bâle qu?à Zurich ; et les fabricans y considèrent plutôt leur industrie comme placement d?argent, que comme spéculation : ils sont donc satisfaits lorsqu?à la fin de l?année leurs opérations ont pour tout bénéfice, porté l?intérêt du capital employé à 6 p. cent.

(Un Mot sur les Fabriques étrangères, de M. A.-D.)

 

 

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