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22 février 1835 - Numéro 23
 
 

 



 
 
    

PRUSSE RHÉNANE.

Les fabriques de Prusse qui pendant les guerres de l’Empire fournissaient les velours et les rubans de velours, avaient pris un grand développement ; mais depuis que la paix a renversé tant d’entraves et ouvert de si vastes débouchés, le nombre des métiers et des fabricans a presque doublé.

L’existence et la main-d’œuvre sont plus chères qu’en Suisse ; mais comme les capitaux y sont abondans et accumulés [4.2]dans l’industrie, que la population y est active, intelligente, instruite et éclairée, leur esprit d’entreprise les porte à explorer tous les marchés du monde. En général, les fabricans y sont en même temps négocians, ce qui fait que, n’existant pas d’intermédiaire, cela les met à même de nous faire concurrence sur nos propres marchés, malgré les droits protecteurs de 15 à 20 pour cent.

ANCIENNE PRUSSE.

La révocation de l’édit de Nantes en 1685, ayant fait émigrer une grande quantité de Français protestans, les riches gagnèrent l’Angleterre ou la Hollande, mais les pauvres, au nombre de vingt mille, se réfugièrent dans le Brandebourg, et jetèrent les fondemens des manufactures qui enrichissent le pays.

En 1755, on comptait à Berlin 1,185 métiers, tant en étoffes de soie qu’en rubans étoffes de soie mêlées de laine et bas de soie. En 1773, on comptait 1,332 métiers. En 1797, il y en avait 2,313. On compte maintenant à Berlin près de 3,000 métiers.

Les façons y sont plus élevées qu’à Lyon et même qu’en Angleterre ; et cependant l’ouvrier de Berlin se plaint, se trouve malheureux, et gagne difficilement sa vie. Il faut donc que l’ouvrier de ce pays soit inhabile ou que le chômage, de son fait ou de celui du fabricant, soit encore plus considérable que dans nos fabriques.

AUTRICHE. – VIENNE.

Les progrès des fabriques de ce pays sont fort douteux ; leurs produits mélangés laine et soie ne peuvent plus soutenir la concurrence des articles analogues de la Prusse et de l’ Angleterre. Leurs châles de laine sont presque le seul article qui se vende hors de l’empire. On porte à 12,000 environ le nombre des métiers, tant à Vienne que dans les environs, employés soit de soie, de soie et laine, soie et coton, châles, manteaux, rubans et galons.
Il paraît que depuis la paix le nombre des métiers a plutôt diminué qu’augmenté. Mais l’introduction des métiers à la Jacquard qui date seulement de dix à douze ans, a naturellement dû augmenter la quantité de travail exécuté dans les articles façonnés.

On peut porter le nombre total des métiers, tant de Vienne que des provinces, à 24,000 ; mais il est impossible qu’ils puissent suffire à la consommation de l’immense empire autrichien.

RUSSIE.

L’on fait en Russie des velours, des peluches, des petits droguets, des damas pour meuble, des taffetas et des mouchoirs ; mais toutes ses étoffes sont de la médiocrité la plus marquée, et ces fabriques se traînent, parce qu’elles ne vivent que d’une vie artificielle.

(Un Mot sur les Fabriques étrangères, de M. A.-D.)

 

 

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