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15 février 1835 - Numéro 7
 
 

 



 
 
    

ODE RELIGIEUSE.

l?agonie.

Ton temple m?attendrit par sa majesté sainte,
Et mon âme, Seigneur, s?ouvre et s?élève à toi?
Mais quel est donc ce bruit ? C?est la cloche qui tinte !
Trois sons entrecoupés !? Je frémis malgré moi !

La mort va donc frapper un enfant de la terre !
Dieu le veut, c?en est fait, son dernier jour à lui ;
Le prêtre l?a marqué de l?huile salutaire :
C?est un chrétien qui meurt, chrétiens priez pour lui.

Mais au ver dévorant qui va livrer ses restes ?
Un être qui long-temps a souffert ici-bas,
Qui pour parer son front des guirlandes célestes,
De cette vie enfin voit finir les combats ?

Peut-être que l?espoir d?une riche famille,
Qui la voyait s?orner d?attraits et de pudeur,
L?idole d?un amant, meurt une jeune fille,
Dont l?église eût bientôt béni la chaste ardeur.

C?est peut-être un guerrier couvert de cicatrices,
Un guerrier qui guida nos drapeaux triomphans,
Dont un or viager a payé les services,
Qui lègue pour tout bien sa gloire à ses enfans.

Mais ne serait-ce point un jeune homme, un poète,
Qui s?essayait à prendre un essor glorieux ;
Qui sentant s?approcher le trépas qui l?arrête,
Touche son front glacé d?un doigt mystérieux ?

Mais je n?entends plus rien? de sa prison grossière
L?âme sort et s?envole au séjour éternel ;
Et le corps va bientôt retourner en poussière,
Pour attendre le jour du réveil solennel.

De la terre, habitant éphémère et fragile
Ainsi je subirai, l?atteinte du trépas ;
Mais lorsque je perdrai ma dépouille d?argile,
Un destin m?est promis, que je ne comprends pas !

[4.2]Ame, qui maintenant perce la nuit profonde
Où l?esprit des vivans s?égare épouvanté,
Toi qui jouis déjà des biens de l?autre monde,
Dis-moi ce qu?à mes sens cache l?éternité.

edouard d?anglemont1.

Notes (ODE RELIGIEUSE. l?agonie. Ton temple...)
1 L?auteur est ici le poète et écrivain français Edouard d?Anglemont (1798-1876).

 

 

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