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15 mars 1835 - Numéro 26
 
 

 



 
 
    

aux électeurs des prud?hommes de la 7me section.

(2me de la Croix-Rousse.)

Dimanche dernier, n?étant pas présent au dépouillement du scrutin, je n?ai pu répondre à la demande qui a été faite par un électeur, au nom de l?assemblée ; je prends la voie du journal pour m?acquitter d?un devoir que je considère comme sacré ; car il s?agit, dans cette circonstance, de répondre à la confiance qui m?ont value les suffrages de mes confrères.

Je dois donc dire, que pendant le peu d?instans que j?ai pu rester dans la salle où avaient lieu les opérations, un seul électeur me demanda si j?accepterais un mandat impératif, en un mot, si je me retirerais, si l?on n?obtenait pas au conseil la libre défense. Je répondis d?abord, que je ne croyais pas que toutes les sections soient unanimes pour imposer ce mandat, et qu?au surplus, ce moyen n?aurait peut-être pas toute l?efficacité que l?on paraissait en attendre. J?ajoutai encore, que mes intentions étaient connues ainsi que mon dévouement à la cause des travailleurs, que si je me refusais d?accepter une telle condition, ce n?était pas pour me soustraire à un devoir, mais que c?était pour rester livré à la libre impulsion de ma conscience, voulant avoir par moi-même le mérite d?être un digne mandataire ou la honte d?en avoir méconnu toutes les obligations.

L?électeur qui m?avait interpellé ne parut pas insister davantage, et là, se termina à peu près notre entretien.

Je fus forcé de quitter la salle avant le dépouillement du scrutin, ce que je regrette beaucoup ; car si j?eusse pu rester, j?aurais évité des doutes sur mon compte, que je m?empresse de dissiper sur la demande que fit à haute voix le même électeur dont j?ai parlé, qu?il me fut prescrit de faire tous mes efforts pour obtenir la libre défense, un autre ayant mal interprété mes paroles, répondit que je n?en étais pas partisan. Je déclare que la libre défense est un droit naturel, [3.1]que si elle était admise au conseil, il en résulterait un avantage immense pour ceux qui n?ont pas la faculté de pouvoir énoncer facilement leur cause et que la religion des juges serait toujours mieux éclairée.

Ainsi, j?adhère aux v?ux qu?ont exprimés les électeurs qui m?ont honoré de leurs suffrages. Ces v?ux concordent avec ma volonté de travailler à pouvoir les satisfaire. Ce peu de paroles suffisent pour démontrer mes intentions ; d?ailleurs, c?est par des actions qu?un homme franc et généreux doit faire sa profession de foi. Ce sont des actions qui m?ont acquis l?estime de mes commettans ; c?est par elles que je veux toujours continuer de la mériter. L?estime publique est un encouragement aux efforts généreux et en est la récompense. L?encouragement m?est donné ; la récompense, j?espère l?obtenir.

Ant. dufour.

 

 

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