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22 mars 1835 - Numéro 27
 
 

 



 
 
    

A M. le Rédacteur de l’Indicateur,

Lyon, le 18 mars 1835.

Monsieur,

Permettez-moi d’emprunter la voie de votre journal pour faire connaître à mes confrères la conduite de M. Chavent (Tony), commis dans la maison Tholozan et Chavent.

Je fus hier au magasin pour rendre un échantillon et demander la trame dont j’avais besoin. M. Tony reçut mon échantillon, puis le remit dans la balance pour le peser avec la trame que je devais recevoir, alors je lui observai que le poids de cet échantillon ne devait pas être écrit à mon crédit. Son refus d’obtempérer à ma juste réclamation me transporta d’indignation, et je lui déclarai formellement qu’il ne m’exploiterait pas. Aussitôt M. Tony entre en fureur et m’administre un soufflet ; moi surpris d’un tel procédé, je lui dis : sortez, monsieur, et dehors je vous rendrai raison ! Mais M. Tony, au lieu de sortir, saisit une cheville de pièce. Comme je n’étais pas chez moi et que la résistance de ma part aurait pu me devenir funeste, je pris ma soie et me retirai.

Je vous laisse M. le rédacteur, faire vos réflexions sur la conduite si déplacée de ce commis de fabrique.

J’ai l’honneur d’être, etc.

J....

Une semblable conduite n’a pas besoin de commentaire ; mais nous profiterons de cette occasion pour dire [4.1]à nos lecteurs qu’il y a quelques mois un autre acte, non moins blamable que celui-ci, arriva dans la même maison, acte que nous crûmes qu’il n’était pas urgent de publier en pensant que ces messieurs n’en feraient pas une habitude. Il est donc de notre devoir d’après ce, de le mettre au grand jour : voici le fait. M. Pichon exigeait de ces messieurs l’argent qu’il avait gagné ; et après plusieurs voyage sans succès, on échangea quelques gros mots. M. Chavent lança quelques coups de poing comme un maître vogueur. Mais M. Pichon, moins patient que M. J., riposta et étouffait M. Chavent, lorsqu’il appela M. Tholozan à son secours. Celui-ci en fut quitte pour laver sa figure et requérir 5 ou 6 chefs d’atelier présens pour lui aider à chercher l’épingle de son jabot, perdue dans le fort de la lutte. Cependant M. Pichon fut payé quand même. Et en comptant ses écus, il disait : Quatre contre un, messieurs, et vous avez perdu en raison et en force.

Voilà, lecteurs, la manière dont quelques négocians traitent avec leurs ouvriers. Ne pourrait-on pas faire de cette maison le pendant de celle d’une autre qui jadis présenta un pistolet à un chef d’atelier qui demandait aux chefs un dessin.

 

 

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