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8 mars 1835 - Numéro 10
 
 

 



 
 
    
AU RÉDACTEUR.

l?arbresle, le 3 mars 1835.

Je crois devoir appeler l?attention de mes confrères sur le malheureux sort des ouvriers qui, ayant pensé trouver une amélioration en transportant leurs ateliers dans les campagnes, se trouvent au contraire dans une situation pire que ceux qui ont directement à faire avec les négocians. Ils sont obligés de recevoir l?ouvrage d?intermédiaires plus rapaces encore que leurs maîtres, et qui pressurent de toute façon le chef d?atelier qui traite avec eux ; ils reçoivent les commissions, les matières et l?argent des négocians de Lyon, et font ensuite fabriquer de manière à se réserver un honnête bénéfice. De ce nombre, se trouve M. godemart, établi à L?Arbresle.

Dans le mois de novembre dernier, après avoir rendu une pièce de taffetas audit Godemart, qui la reçut sans observation, et étant obligé de m?absenter, je laissais mon livre entre les mains d?un parent que je priais d?en recevoir le montant ; mais M. Godemart refusa net, et prétendit ne vouloir payer qu?à moi.

A mon retour, je me suis présenté chez M. Godemart : je passe sous silence l?incivilité de la réception (j?allais lui demander de l?argent), [2.2]mais il eut l?audace de me proposer de perdre la moitié de la façon, sous prétexte de mauvaise fabrication. J?ai résisté, et le conseil des prud?hommes, dans son audience d?hier, m?a rendu justice.

J?engage mes confrères à suivre mon exemple, et si je signale la conduite de M. Godemart c?est pour leur apprendre à ne pas se soumettre aux exigences de ces nouveaux intendans de la fabrique.

Veuillez insérer ma lettre dans votre prochain numéro.

chassin.

 

 

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