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22 mars 1835 - Numéro 12
 
 

 



 
 
    

Elles sont enfin terminées, ces élections générales du conseil des prud’hommes, sur lesquelles nous n’avons cessé d’appeler l’attention des électeursi. Aujourd’hui c’est du résultat qu’il faut nous occuper, c’est à leur faire produire tous les fruits que la classe ouvrière a le droit d’en attendre, qu’il faut consacrer nos efforts.

Les électeurs ont fait leur devoir, les prud’hommes doivent maintenant faire le leur.

[1.2]Un mandat a été donné aux prud’hommes. Que celui qui voudra le renier se lève et le dise ! aucun ne l’osera, nous en sommes convaincus, et déjà la clameur publique a forcé l’un d’eux, M. Dufourii, à se rétracter de paroles imprudentes, et à déclarer, quoiqu’un peu tard, qu’il acceptait le mandat de la libre défense.

Dieu nous garde d’infâmes palinodies !

Les prud’hommes sont, nous n’en doutons pas, des hommes d’honneur ; ils accompliront leur mandat. Ce mandat n’a rien qui doive effrayer la conscience de l’homme, même le plus timide. Il se recommande par sa justice. La libre défense est un droit naturel et social, un droit sacré. Quelques tribunaux l’ont modifiée dans l’intérêt du monopole ; aucun ne l’a proscrite. La libre défense a toujours été entourée de la sollicitude des magistrats supérieurs. Cette protection ne lui manquera pas aujourd’hui, et le conseil des prud’hommes verra disparaître, en 1835, cette triste analogie que l’Echo de la Fabrique avait été forcé d’établir entre lui et un autre tribunal, dont on nous saura gré d’écarter le souvenir.

Nous n’avons pas à entrer dans de plus grands développemens sur cette question vitale. Le Journalisme, depuis le Temps et le National jusqu’au Courrier de Lyon, a été unanime lorsqu’elle lui fut soumise. Le Barreau a montré la même unanimité depuis M. Odilon-Barrot jusqu’aux avocats signataires de la consultation insérée dans le Précurseur et l’Echo de la Fabrique. A ces autorités nous pouvons joindre celle de M. Gasparin, lui-même, qui nous avoua à cette époque que la thèse contraire à la libre défense n’était pas soutenable. Aussi les adversaires de la libre défense se sont tus à l’exception de deux, MM. Gamot et Doguin, qui n’ont trouvé des argumens qu’en dehors de la question, c’est-à-dire, en laissant de côté le droit pour s’occuper des abus possibles.

Nous attendrons l’installation des nouveaux prud’hommes pour revenir sur cette question. C’est à l’œuvre qu’il faut juger les hommes publics. Seulement nous pouvons leur dire dès à présent qu’ils obtiendront la libre défense s’ils en ont sérieusement la volonté ; mais pour y parvenir, abstraction doit être faite de tout esprit de coterie. Les prud’hommes ne seront forts qu’à la condition de marcher avec la presse, et ce n’est pas trop de cette réunion pour triompher,

La libre défense obtenue sera le palladium des droits acquis aux travailleurs ; obstacle invincible au rétablissement du huis clos, elle sera un acheminement à la jurisprudence fixe, autre nécessité de l’industrie.

 

 

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