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5 avril 1835 - Numéro 14
 
 

 



 
 
    

LE VIEUX CHÊNE.

Air de la bonne vieille.

« Près du foyer où je vis la lumière,
Un chêne antique étendait ses rameaux ;
Il était cher aux fils de la chaumière,
Sous son ombrage ils oubliaient leurs maux ;
Las du travail d’une longue semaine,
Un jour heureux leur devenait permis :
Ah ! quand pourrai-je à l’ombre du vieux chêne,
M’asseoir encore auprès de mes amis !

« Sous ses hameaux la jeunesse folâtre
Venait chercher des plaisirs sans regrets :
Le vieux guerrier devenu simple pâtre,
Parlait de gloire en buvant un vin frais ;
Rêvant encor notre splendeur trop vaine,
Il croyait voir tous les peuples soumis :
Ah ! etc.

« Plus d’une fois, sous son ombre propice,
La volupté vint chercher un abri ;
Son tronc poudreux vit plus d’un sacrifice
Où la pudeur jeta son dernier cri.
Du voyageur, égaré dans la plaine,
Sous ses rameaux le couvert était mis :
Ah ! etc.

« Quand je partis, il m’en souvient, mon père
Sous ses rameaux me fit un long discours ;
Sous ses rameaux la belle qui m’est chère
Me fît serment d’être à moi pour toujours ;
Un long baiser confondit notre haleine ;

Plaisir plus vif au retour fut promis…
Ah ! etc. »

Ainsi chantait un enfant du village ;
Il touche enfin à l’instant du retour ;
Il songe alors aux amis du jeune âge,
A son vieux père, au chêne, à son amour.
Mais son amante avait brisé sa chaîne,
Ses vieux parens s’étaient tous endormis,
l’orage avait renversé le vieux chêne,
La mort avait moissonné ses amis !

 

 

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