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26 avril 1835 - Numéro 17
 
 

 



 
 
    

Commerce des soieries en Angleterre.

(Suite et fin . V. n° 16.)

[1.1]Depuis le commencement du 18e siècle jusqu’en 1824, l’histoire de la fabrication de la soie n’offre qu’une série de plaintes, relativement à l’importation des soieries étrangères, d’efforts inutiles de la part du parlement pour les exclure du marché, et de révoltes des ouvriers. En 1773, ces ouvriers obtinrent le bill appelé acte de Spitalfields, qui donne aux ouvriers de Middlessex le droit d’exiger un salaire déterminé, fixé par les magistrats. L’acte de Spitalfields fut rappelé en 1824.

Les manufacturiers cependant s’éclairaient en même temps que le reste de la nation. Tandis que le monopole arrêtait toutes les améliorations en Angleterre, la fabrication faisait de grands progrès sur le continent . L’exemple de l’extension immense que les perfectionnements dans les machines avaient donné au commerce des étoffes de coton ne fut pas perdu. En 1826, M. Huskisson fit admettre par le parlement des modifications importantes, et les soieries étrangères furent admises à l’importation moyennant un droit de 30 pour cent. Les droits sur les soies crues et les matières tinctoriales furent de nouveau diminués et les fabricants de l’Angleterre purent obtenir les soies dévidées en payant une entrée de 5 schil. par livre, au lieu de 14 schil. 7 d. ½, et les soies crues moyennant 3 pences, au lieu de 5 schil. 7 d. ½. Quoique certains intérêts aient souffert de ces changements dans les réglemens du commerce des soieries, on ne peut nier que cette industrie n’ait en définitive beaucoup gagné depuis cette époque. En 1824, l’année du rappel du bill de Spitalfields, on avait importé 3,382,357 livres de soie destinée à être filée et fabriquée en Angleterre. De cette quantité, l’Italie en avait fourni un million 716,734 liv. ; la Chine et les Indes, 1,307,300 liv. ; le reste venait du midi de la France. Cette importation diminua d’abord pendant les trois ou quatre premières années qui suivirent le rappel des lois de prohibition complète des soieries fabriquées à l’étranger, car la consommation, qui dut nécessairement s’accroître, porta en partie sur les soieries de France, de Suisse et d’Italie, mieux fabriquées alors que celles de Spitalfields ; mais les perfectionnements ne tardèrent plus long-temps à s’introduire ; des ouvriers étrangers furent employés, et aujourd’hui les fabricants sont capables de donner des produits aussi beaux, aussi durables que ceux de Lyon, et à meilleur marché, à cause des droits de 30 pour 0/0 qui les arrêtent à l’entrée. L’importation des soies brutes a donc bientôt repris, son niveau, et l’année dernière elle s’était élevée à 4,693,517 livres.

Les exportations de soieries fabriquées qui, en 1822, ne s’élevaient qu’à la valeur de 140,320 liv. sterl., se sont montées en 1830 à 437,880 liv. sterl. ; et les Anglais se flattent d’être bientôt en état de supplanter les Français sur tous les marchés. On ne saurait nier que leurs unis ne puissent rivaliser avec les nôtres, et l’introduction de dessinateurs dans leurs fabriques et de chimistes dans leurs ateliers de teinture les mettra bientôt à même [1.2]de rivaliser aussi avec nous pour les rubans et les étoffes à dessins.

D’après le rapport de M. Wilson, l’un des plus riches manufacturiers de la Grande-Bretagne, les fabriques y emploient 40,000 fileurs. Le prix de leur travail s’élève à 350,000 liv. sterl. Le savon et la teinture coûtent 300,000 liv. sterl. par an, le salaire des dévideuses s’élève à 265,000 liv. sterl. On estime à 40,000 le nombre des métiers. 80,000 personnes les mettent en mouvement et reçoivent 3,000,000 de liv. sterl. Les fabriques de soieries enfin donnent la subsistance à 400,000 individus, en comprenant dans ce nombre les familles des ouvriers.

Il a été reconnu qu’il faut 36,000 vers pour produire une livre de soie. Ainsi, en prenant 2 millions de livres pour terme moyen de l’importation annuelle de la soie dans la Grande-Bretagne, on verra qu’il faut chaque année onze milliards deux cent cinquante millions d’insectes pour suffire à cette quantité.

 

 

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