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26 février 1832 - Numéro 18
 
 

 



 
 
    

Le Courrier de Lyon avait dit ces mots après quelques déclamations sur notre article en réponse à M. Fulchiron1 : en attendant que nous y fassions une réponse qui aujourd’hui se sentirait trop de notre indignation, etc. Et voilà que nous avions la bonhomie d’attendre que l’indignation de ces messieurs fût assoupie ; à chaque numéro nous pensions trouver ce terrible anathème, mais ce pauvre Courrier n’a pas répondu, et d’ailleurs, qu’aurait-il pu dire ? M. Fulchiron avait avancé à la tribune, en termes peu modérés, des faits tellement exagérés qu’ils en étaient ridicules, d’autres totalement faux. Il n’était donc pas trop possible de convaincre les Lyonnais que dans les événemens de novembre, il y avait eu pillage et conspiration contre la propriété. Aussi le Courrier de Lyon a-t-il cru devoir garder le silence, et certes il a eu raison.

Après nous avoir dénoncés au gouvernement dans son numéro du 13 février (et nous sommes trop honnêtes pour ajouter ici l’épithète qu’on donne à de tels actes), en insinuant qu’on devrait exiger de nous 32,000 fr. parce que notre feuille parle aux pauvres de leur indigence et à l’ouvrier de son salaire, le Courrier, dans son numéro du 23, revient à sa tactique qui, selon nous, n’est pas très-honorable ; il dit que sa mission est de signaler les écarts de la mauvaise presse lyonnaise ; ainsi c’est bien entendu, le Courrier dénoncera et fera la police en fait que de presse. Nous le félicitons du beau rôle qu’il se propose de remplir.

Nous devrions être pourtant moins sévères d’après l’espèce d’amende honorable que fait la feuille de la [2.2]presse par excellence pour son coryphée. Nous y lisons : Dans son improvisation rapide, se servant des termes génériques d’ouvriers, notre honorable mandataire n’a pas distingué les ouvriers en soie qui ont commencé l’émeute et plus tard l’ont contenue, des ouvriers maçons et terrassiers qui l’ont achevée et exploitée. Ainsi donc, M. Fulchiron a voulu surprendre la religion de la chambre, lorsqu’il a dit que les ouvriers avaient de mauvaises intentions, car il ne s’agissait ici que des ouvriers en soie, et surtout quand il a ajouté que c’était une conspiration des proletaires contre la propriété. Allons, messieurs, soyez plus justes ! avouez que l’improvisation rapide vous a entraînés hors de la vérité. Et quand nous répondrons avec franchise au nom d’une population entière qu’on a diffamée, ne parlez pas de votre indignation ; gardez-la pour ceux qui s’efforcent de faire deux camps sous les noms de prolétaires et d’hommes de la propriété, d’un peuple qui a besoin de ne former qu’un seul faisceau pour déjouer ses ennemis intérieurs et extérieurs.

Notes (Le Courrier de Lyon Courrier de Lyon avait dit...)
1 L’auteur de ce texte est Antoine Vidal d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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