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3 mai 1835 - Numéro 18
 
 

 



 
 
    
CAISSE D?ÉPARGNE
et de prévoyance

[1.1]Nous venons de recevoir, ainsi que tous les autres journaux, le compte-rendu le 26 février dernier, par M. Deroche de Lonchamp, vice-président à l?assemblée générale des fondateurs, sur la situation de la caisse d?épargne et de prévoyance du département du Rhône, à la fin de l?exercice de 1834. Ce compte-rendu se compose de plusieurs tableaux dont nous donnons plus bas le résumé, et est précédé d?un discours de M. Deroche, dans lequel l?on remarque les passages suivans :

« Les ouvriers paraissent enfin avoir compris les idées généreuses des fondateurs, et nous sommes heureux d?avoir à vous parler de l?empressement avec lequel cette classe laborieuse commence à nous apporter le fruit de ses économies? Il est cependant une réflexion que je ne saurais me dispenser d?exprimer ; c?est que tout en reconnaissant que l?existence d?une caisse d?épargne contribue puissamment à améliorer la position des individus, pour lesquels le travail est la principale ressource, je pense que leur bonheur ne peut découler uniquement de cette source ; il est d?autres institutions, d?autres moyens qui sont au moins aussi nécessaires, mais dont l?exposition serait ici déplacée? Tout permet de présager à notre établissement les succès les plus durables ; l?état des livrets distribués dans le courant de l?année 1834, justifie cette heureuse prévision. A la fin de 1833, le nombre de livrets restés en circulation, ne s?élevait qu?à 1 414 ; il a été à la fin de 1834, de 2 051, c?est-à-dire, de presque un tiers en sus sur 1833, dont la progression sur 1832, avait été presque aussi considérable. Nous ne devons pas cependant nous dissimuler qu?il arrivera une époque où cette augmentation deviendra moins sensible ; ce sera lorsque la majorité de la classe ouvrière aura versé à la caisse les sommes qu?elle avait en réserve, et qu?elle n?y apportera palus que ses économies journalièresi? Le nombre des dépôts effectués en 1834, a surpassé également celui de 1833 ; il s?est élevé à 8,764, donnant en totalité une somme de 404,605 fr., il y a donc eu sur 1833, une augmentation de 2,588 dépôts, et de 119,630 fr. pour la recette. Un seul don de 50 fr. a été fait (par M. de Pommerol, ancien conseiller)ii, dans le courant de 1834, néanmoins les profits sont arrivés à la somme de 2,708 fr. 99 c., [1.2]compris la subvention annuelle de 1,500 fr., accordée depuis quelques années par la chambre de commerce, et qui n?a été perçue pour 1833, qu?en mars 1834? Tel est le bilan que le conseil des directeurs avait à vous offrir pour l?année 184 ; il nous paraît d?autant plus satisfaisant, que les ouvriers en soie de nos fabriques ont plus que les ouvriers des autres industries de notre cité, contribué à cet accroissement. Leur nombre était à la fin de 1833, de 487, à la fin de 1834, de 705?

Puissent les nobles paroles de M. Deroche, être entendues! oui sans doute, et nous l?avons reconnu nous-même, les caisses d?épargne sont un bienfait pour la classe laborieuse, mais elles ne peuvent suffire seules à améliorer son sort. Il est, comme l?a dit le vice-président de la caisse d?épargne, qu?on n?accusera pas sans doute de démagogie, il est d?autres institutions, d?autres moyens qui sont au moins aussi nécessaires. Pourquoi n?a-t-il pas jugé convenable de les indiquer de suite ? Ah! jamais l?exposition de la vérité, jamais l?identification des moyens de soulager les souffrances du peuple, ne sauraient être déplacées. Nous regrettons sincèrement que M. Deroche cru devoir s?abstenir d?émettre ses vues d?amélioration sociale. Il faut espérer qu?il réparera cette lacune dans une autre occasion ; en attendant sachons lui gré de ses généreuses paroles, elles n?auront pas été proférées en vain.

Nous empruntons aux tableaux qui sont à la suite de ce rapport remarquableiii, les détails suivans :

Au 31 décembre 1834, la balance du débit et du crédit, de la caisse d?épargne était de 1,392,726 fr. 24 c. (voyez tableau n° 1), les pertes annuelles de l?établissement depuis sa mise en activité en 1823iv ont monté à 11,255 fr. 18 c., et les bénéfices à 21,808 fr. 02 c., en sorte que défalcation faite, l?excédent du bénéfice a été de 10,552 fr. 84 c. (voyez tableau n. 4).

La totalité des dons faits à la caisse d?épargne, est arrivée à la fin de 1834, à 34,405,30 c., en sorte que

le montant total de la dotation de cette caisse est, audit jour 31 décembre 1834, de 44,958 fr.14 c. (voyez idem).

Le nombre des livrets distribués et retirés était avoir : au commencement des années :

Années. Distribué. Retirés.
1824, 369, 31.
1825, 873, 181.
1826, 1,400, 372.
1827, 1,849, 666.
1828, 2,407, 1,005.
1829, 2,924, 1,464.
1830, 3,443, 2,002.
1831, 3,797, 2,984.
1832, 3,993, 3,286.
1833, 4,297, 3,460
1834, 5,094, 3,680.
1835, 6,208, 4,157.

En sorte que déduisant les livrets retirés ou renouvelés de ceux distribués, le nombre de ces derniers se trouve réduit au 31 décembre 1834, à 2,051 (voyez le tableau [2.1]n. 2), lesquels sont répartis ainsi qu?il suit (voyez idem).

Hommes. Femmes. Total.
Ouvriers fabricans : 406, 299, 705.
? en vêtemens : 68, 212, 280.
? en bâtimens : 53, 0, 53.
? divers : 230, 38, 268.
domestiques : 108, 257, 365.
employés : 54, 0, 54.
rentiers : 26, 106, 132.
mineurs (enfans) : 98, 96, 194.
Total : 1,043, 1,008, 2,051.

Il résulte du tableau ci-dessus que les déposans à la caisse au 31 décembre 1834, étaient ainsi classés à raison de leur profession : 1,306 ouvriers, savoir : 757 hommes et 549 femmes ; 365 domestiques, dont 108 mâles et 257 filles ou femmes ; 54 employés ; 132 rentiers, dont 26 hommes seulement et 194 enfans mineurs, divisés d?une manière égale en 98 garçons et 96 jeunes filles.

Comme on l?a vu ci-dessus, le nombre des livrets a été réduit au 31 décembre 1834, à 2,051 par le retrait de 4,157, opéré sur le nombre total des livrets distribués qui est de 6,208. On sera sans doute bien aise de connaître le mouvement de ces 4,157 livrets retirés, et qui l?ont été principalement en 1830 et 1834. Nous puisons ces renseignemens dans le même tableau n. 2.

Livrets retirés par : Hommes, Femmes, Total.
Ouvriers fabricans : 553, 502, 1,055.
? en vêtemens : 179, 364, 543.
? en bâtimens : 91, 0, 91.
? divers : 429, 148, 577.
employés : 214, 0, 214.
domestiques : 322, 976, 1,298.
rentiers : 57, 147, 204.
mineurs (enfans) : 89, 86, 175.
Total : 1,934, 2,223, 4,157.

Ainsi 1,934 hommes et 2,223 femmes ont été obligés de renoncer aux bienfaits de la caisse d?épargne. Ce tableau est de nature à faire naître plus d?une réflexion, nous les abandonnons à la sagacité de nos lecteurs.

Une observation générale doit être faite ici ; parmi les ouvriers fabricans le nombre des déposans est plus considérable du côté des hommes que de celui des femmes ; c?est le contraire qui a lieu parmi les ouvriers en vêtemens : quant aux domestiques, le nombre de ceux mâles étant bien moindre que celui des domestiques de l?autre sexe, on ne peut établir aucun point de comparaison faute d?un recensement exact.

A la suite du compte-rendu se trouve une note des personnes qui ont fait des dons à la caisse d?épargne au commencement de cette année ; ce sont MM. Berger-Dumazeau et Vouillemont, 100 fr. ; Lebrun et Pauly, 100 fr. ; Périsse frères, 150 fr. ; Rast-Longin et comp., 100 fr. ; Sandier-Dugas, 50 fr, ; Paul Tranchand, 30 fr. ; Joseph T., 25 fr,. ; total, 555 fr. On doit en conclure que cette année sera plus fructueuse que la dernièrev, on ne saurait trop, selon nous, encourager par la publicité, les hommes à se montrer bienfaisans.

L?économie dans un établissement public étant aussi désirable que dans une entreprise particulière et bien plus difficile à établir, nous avons cru utile de nous enquérir des frais de la caisse d?épargne, le tableau n. 4 en offre le détail année par année. Ces frais pour l?année 1834 ont monté à 4,639 fr. 90 c., savoir : 4,100 fr. pour traitemens aux employés, et le surplus pour frais divers ; et depuis 1823, date de la création de la de la caisse, ils n?arrivent qu?à 50,579 fr. 45 c., dont 43,261 fr. de traitemens, et 7,318 fr. 45 c. de frais divers.

Nous terminerons par le tableau des directeurs pour l?année 1835, lesquels sont de suivre à tour de rôle chaque dimanche à la caisse (voici leurs noms :)

MM. Anginieur fils, François Aynard, Etienne Berger, César Bied-Charreton, Gustave Boissonnet, Frédéric Brolemann, de Lahante, Deroche de Lonchamp, Faure-Peclet, Jean-Pierre Flachat, Fleur de Lix-Vincent, Louis Fourtoul, Gavinet fils, Guerin-Philippon, Hector Jacquet, Maurice Orsel, Charles MeaudreCharles, Jean-Louis Monnier, Pommerol (de), Prunelle, Quisard-Tresca, [2.2]Antoine Riboud, François Roë, André Roux, Emilien Teissier.

 

 

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