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17 mai 1835 - Numéro 35
 
 

 



 
 
    

Nos lecteurs, qui connaissent nos intentions et notre franchise, ont dû être surpris s?ils ont lu les lettres de M. Charnier, insérées dans le n° 34 de la Tribune prolétaire ; aussi ils se rappellent que nous avions fait mention d?une de ces lettres, qui nous était adressée pour répondre à celle du Solitaire de la montagne qui donnait un démenti formel à M. Charnier, qui se disait fondateur du mutuellisme. Certes, tous les mutuellistes n?avaient pas besoin de cette lettre pour connaître le fondateur de leur société, ils savaient bien que M. Charnier en était plutôt le démolisseur que le fondateur ; mais ils ont été surpris de voir un homme qui ose mentir à plus de trois mille chefs d?atelier qui faisaient dans le temps partie du mutuellisme.

Pour en revenir à la lettre susdite de M. Charnier qui nous était adressée, si nous ne l?avons pas insérée dans notre feuille, ce ne fut que d?après ses v?ux, puisqu?il nous disait dans son poscriptum :

Dans le cas où, sans le vouloir, j?aurais écrit une ligne ou même un seul mot qui vous fasse juger utile d?insérer une note à titre d?observation, veuillez le rayer plutôt que de provoquer de ma part la moindre réponse. Je ne veux pas de réplique, je ne veux pas m?en occuper ; mieux encore, je crois m?en abstenir. Je veux que me connaissant un caractère caustique, malgré mes intentions, je pourrais mordre à l?hameçon de la polémique ravineuse, etc.

Après une telle demande, était-il convenable d?insérer cette lettre toute cousue de mensonges sans faire des réflexions, sans dire à M. Charnier qu?il était un tartuffe, puisqu?il l?avait avoué lui-même en présence d?une dizaine d?hommes présens lorsque nous lui reprochions son orgueil et son peu de travail au conseil ; car chacun sait qu?on ne l?a aperçu pour la défense des ouvriers qu?en exigeant de la caisse municipale un traitement qu?il n?avait pas gagné, attendu qu?il n?a pas siégé, et qu?il en est résulté de ce plat orgueil une perte pour les chefs d?atelier appelés au conseil, vu qu?ils avaient deux négocians contre un ouvrier.

Mais bref, revenons à sa lettre, c?est-à-dire à son paragraphe confidentiel, qui est encore un mensonge à sa mode ; car lorsqu?il remit sa lettre dans nos bureaux je ne m?y trouvai pas, et le mot confidentiel ne fut point prononcé : or, on voit facilement que M. Charnier, quoiqu?il en dise, ne demanderait pas mieux que d?avoir des polémiques pour ennuyer nos abonnés, et pour faire un plaisir si désireux aux rédacteurs de la Tribune prolétaire. Hé bon dieu ! quel intérêt ont-ils donc, ces gens-là ? Voudraient-ils montrer au public qu?ils ont un plus beau style que nous ? Oh ! nous n?y tenons pas à ce beau langage ; nous aimons mieux notre simplicité, et qu?on ne nous reproche pas que nous avons trompé le public : c?est un peu fort, n?est-ce pas, monsieur Charnier ? Hé bien ! vous l?avez trompé, vous, par la Tribune prolétaire, dans une lettre que vous y fîtes insérer au n° 32, en vous disant d?abord fondateur du mutuellisme, et en voulant en vain prouver que la Tribune prolétaire est la suite de l?Echo de la Fabrique, quoique vous ayez avoué vous-même que cette phrase avait été tronquée, ainsi que celle qui disait que la Tribune prolétaire était le seul organe des ouvriers. Vous avez d?autant mieux trompé le public dans cette circonstance et avec connaissance de cause, que vous-même fûtes un de ceux qui contribuèrent le plus à chasser M. Marius Chastaing, attaché audit journal comme rédacteur en chef. C?est alors, que M. Chastaing créa l?Echo des Travailleurs, qui pérît trois mois avant l?Echo de la Fabrique ; et aujourd?hui ces faiseurs de belles phrases se disent défenseurs des travailleurs, tandis qu?au contraire l?Echo des Travailleurs comme la Tribune prolétaire, n?ont cherché qu?à jeter la division parmi nous et à nuire à nos entreprises de réforme commerciale, à faire croire que la neige est noire et leur journal de bonne foi.

 

 

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