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24 mai 1835 - Numéro 36
 

 




 
 
     

Nécessité pour les chefs d?atelier de passer par écrit les engagemens de leurs élèves.

[1.1]La mauvaise habitude où sont souvent bon nombre de chefs d?atelier de ne point passer de conventions écrites et de s?en rapporter même sans témoins au pourparler qu?ils ont avec les parens, les met à même de se trouver parfois grandement lésés en perdant tous les avantages qu?ils s?étaient promis d?un élève comme nous allons le démontrer.

La franchise est l?expression naïve de nos pensées, l?aveu de nos sentimens et le miroir fidèle de notre conduite ; tandis que la fausseté n?est que le déguisement de ce que notre c?ur éprouve, un masque qui couvre l?astuce, une faible couche de douceur qui recouvre souvent le poison de la calomnie. L?une préside toujours aux premières entrevues qu?on est dans l?habitude d?avoir entre parens et chefs d?atelier, lorsqu?il s?agit de décider de l?avenir d?un enfant en lui mettant un état en main ; mais la seconde ne vient que trop souvent lorsqu?elle peut s?infiltrer par quelques jours qui lui paraissent favorables pour paralyser les meilleures intentions . Elle oublie les bons procédés, elle exagère des faits qui ne sont qu?illusoires et souvent même elle assaisonne de tout le fiel dont elle est susceptible, ce qui mériterait à peine d?être envisagé ; ce qui fait que d?ami qu?on était en sorte devenu au commencement des conventions, l?on finit par se répandre en invectives qu?on ne rougit pas même de réitérer en présence du conseil, au mépris de sa dignité.

Or pour obvier à tous ces inconvéniens qui ne peuvent qu?être très préjudiciables à celui qui est lésé, et faire cesser un scandale tendant toujours à jeter une suspicion sur la bonne foi des parties ; il est de la plus haute importance que les chefs d?atelier sitôt après le temps fixé pour l?essai de leurs élèves, tiennent la main à ce que les conventions soient passées en règle, et avec toutes les stimulations et réserves réciproques dont il aura été fait mention, afin d?éviter toute contestation à l?avenir.

Nous ferons remarquer, à cet égard, que souvent dans les engagemens l?on ne s?attache pas assez à indiquer d?une manière précise le but de l?apprentissage, s?il a été contracté pour la démonstration des unis, des velours, des armures ou des façonnés, ce qui est souvent un sujet de réclamations par la suite et qui expose le chef d?atelier à supporter une perte réelle. Car supposons (et cela se voit tous les jours), supposons qu?un élève, soit par caprice soit par sollicitation, se mette en tête de vous réclamer la confection d?une étoffe précisément parce qu?on ne s?en occupe pas dans l?atelier ou il a été [1.2]placé ; qu?arrivera-t-il alors si vos conventions ne sont que verbales, passées de bonne foi et souvent même sans témoins ; ou si étant écrites, elles ne stipulent pas la partie que vous vous êtes engagés d?enseigner ? L?on viendra vous dire que vous avez promis de montrer la fabrication de l?étoffe que l?on est désireux d?apprendre, surtout si l?on prévoit que cela soit capable de vous faire faire des frais et qu?on ne demande pas mieux de rompre avec vous, parce que l?on a changé d?avis. L?on insistera avec la plus grande chaleur ; de là protestation de votre part, appel au conseil des prud?hommes pour vous faire rendre justice. Mais qu?arrivera-t-il, l?allégation sera soutenue, et la religion des juges ne pouvant être suffisamment éclairée, puisque ou vous n?avez aucune pièce qui démontrent la véracité de votre opposition ou si vous en avez, n?étant pas précisée de manière à ne laisser aucune équivoque, ils ne peuvent établir de quel côté réside la bonne foi, vous courez le risque ou de démontrer la confection de l?article qu?on vous réclame, ou au moyen d?un défrayement toujours en dissidence avec le bénéfice que vous auriez pu faire sur votre élève, vous perdrez le temps qu?il lui reste à faire, puisqu?il sera autorisé à se placer ailleurs pour apprendre la confection de l?étoffe qu?il sollicite et que vous vous croyez en droit de ne pas lui montrer. Que les chefs d?atelier n?oublient pas qu?en affaire, les paroles ressemblent à ces caractères que l?on trace sur le sable et que le moindre vent peut dénaturer, tandis que les écrits faits en règle sont toujours la ligne de démarcation qu?on ne saurait franchir. Pour éviter toute amphibologie, que le maître ne s?engage à démontrer à son élève que les articles qui se feront dans son atelier pendant la durée du temps de l?acte d?apprentissage, à compter du moment où il prendra son métier, et alors il ne peut y avoir de discussions.

Que les chefs d?atelier méditent attentivement le peu de mots que nous leur avons tracés ; qu?ils s?attachent à passer avec leurs élèves des écrits exempts d?équivoque et de toute ambiguïté, que le genre d?article qu?ils s?engagent à démontrer y soit spécifié, à moins qu?on ne s?en tienne à généraliser ce qui se fera dans l?atelier pendant la durée des conventions. Que toutes les réserves dont il pourra être fait mention y soient détaillées même minutieusement, et l?on verra ensuite disparaître du conseil ces altercations parfois vives et scandaleuses qui ne peuvent faire qu?un très mauvais effet.

DES SALLES D?ASILE.

(2e article.)

[2.1]L?éducation est le soin qu?on prend de l?instruction de la jeunesse, tant pour ce qui regarde les m?urs que par rapport à l?esprit et au corps. La bonne éducation fait les bonnes m?urs, et les bonnes m?urs font le bonheur et la sûreté de la société. Dans notre dernier numéro nous avons développé les avantages des salles d?asile, sous le rapport de la santé des élèves, en repoussant les prétextes futiles sur lesquels s?étayent les parens pour priver leurs enfans des bienfaits de ces institutions ; il nous reste à analyser leur utilité pour donner aux élèves les connaissances premières.

Il est incontestable que toute institution qui s?appliquera à faire, en quelque sorte, disparaître la monotonie attachée aux premières notions de l?enseignement, soit en distrayant les facultés naissantes qui ne sauraient être utilement tendues pendant un long espace de temps, soit en tournant en forme de récréation ces connaissances si abstraites pour le jeune âge : ces institutions, disons-nous seront toujours celles dont on peut espérer plus de fruits. Or, les fondateurs des salles d?asile dans leur système d?éducation ont admis ce principe, et font tous leurs efforts pour inculquer dans l?esprit des enfans qui leur sont confiés, sans qu?ils s?en aperçoivent et comme par distraction, ces principes de lecture pour lesquels l?enfance éprouve toujours une souveraine répugnance ; ce qui est sans contre dit une chance certaine de succès.

Ici, point de livres sur lesquels il faut s?appesantir et que les yeux parcourent par contrainte, tandis que l?esprit voltige dans une région toute opposée. Des ardoises placées çà et là dans la salle, servent à faire passer les enfans successivement d?une lettre tracée par le maître antérieurement, à une autre qu?il vient de former sous leurs yeux. L?esprit n?étant point à la gêne, se développe avec facilité ; une espèce d?émulation s?engage, c?est à celui qui le premier pourra répondre à la question ; plus loin, d?autres s?étudient à imiter les caractères qui ont été posés : celui-ci rend compte de l?étymologie d?un mot, celui-là en décompose les syllabes ; et par ces divers rapports, 1e dégoût qu?entraîne les premiers élémens de la lecture disparaissent devant cette espèce de dissipation instructive qui devient un véritable enchantement.

Mais là seulement ne se bornent pas les avantages que ces maisons peuvent offrir aux enfans quant à l?instruction. Il en est un qu?elles seules peuvent procurer ; c?est de commencer le développement de l?esprit en même temps que la nature donne de l?accroissement à la force physique. Par-là, cette jeunesse qui ne peut souvent que donner un temps très limité pour son éducation, est à même de jouir de ces bienfaits. Tandis que, prise à un âge plus avancé, l?instruction est toujours très imparfaite lorsqu?elle n?est pas nulle. En effet, laissez croître un enfant sans avoir ébauché de bonne heure son instruction, sans lui avoir donné la moindre notion d?étude ; non-seulement le temps qui lui restera à y employer sera trop court, attendu qu?il faut souvent qu?il s?occupe d?ouvrages manuels pour aider ses parens à suffir à son existence ; mais encore ayant vieilli dans ce défaut d?études, ses facultés loin d?être développées se trouvent paralysées et le rendent peu apte à acquérir ces connaissances premières, si nécessaires à tous les hommes.

De là naissent pour l?ordinaire ces difficultés, ces écarts qu?une bonne éducation sait éviter ; de là découlent naturellement ces haines mal fondées, ces discussions parfois brutales, ces manquemens réciproques, ces mauvais exemples qu?une instruction première, prise à temps, aurait fait disparaître.

De la semence des notions primitives, au contraire naît cette condescendance mutuelle qui fait l?harmonie de la société, et qui prépare l?enfance au banquet de la fraternité universelle. Ces plantes entées de bonne heure sur le tronc de l?expérience, produiront des fruits qui feront les délices, non-seulement de ceux qui les auront cultivées, mais encore la joie de ceux qui, après leur avoir donné l?existence, auront consenti à leur culture, et deviendront la [2.2]gloire de la génération future dont elle prépareront l?avenir.

Travailleurs, ne nous abusons pas, l?éducation seule est appelée à tempérer cette âcreté de caractère qui nous porte parfois à recourir à des moyens illicites lorsque nos intérêts paraissent froissés. Elle seule peut nous aider à parcourir cette voie de pacification qu?elle nous ouvre et qui doit nous conduire à l?amélioration morale. C?est par son secours que nous surnagerons dans cet océan de vicissitudes dont la vie humaine est entourée, elle est la planche après le naufrage, comme elle est l?ancre qui nous préserve des fureurs de la tempête. Si le ciel ne nous a pas procuré la faveur de participer aux bienfaits de l?instruction, n?en privons pas volontairement ceux dont l?avenir dépend de nous : profitons des avantages qui nous sont offerts ; ne rendons point stérile cette terre qu?il nous est si facile de laisser cultiver, puisqu?il ne nous est pas donné de l?ensemencer nous-même, que fertilisée par la rosée de l?instruction, il nous soit permis de savourer les fruits précoces qu?elle aura fait naître.

Pères de famille, n?oublions pas que la science s?attache, s?imprime, s?identifie à notre existence et nous fait jouir, dans les momens les plus critiques de la vie, de l?espoir d?un avenir qu?elle seule peut nous montrer.

Cessons donc d?opposer des craintes exagérées qui nous portent à négliger les moyens que nous offrent ces philanthropes généreux fondateurs des salles d?asile ; profitons des heureuses dispositions qu?ils s?attachent à faire naître dans l?esprit de nos enfans ; que l?égoïsme ne nous fasse pas sacrifier leur avenir. Au contraire, aidons autant qu?il est en notre pouvoir au développement de leurs intelligences, en les laissant participer aux bienfaits de ces maisons érigées dans l?unique but de faire leur félicité. Que nos enfans soient formés dès le bas âge, afin que lorsque le besoin impérieux leur fera une obligation de suspendre leurs études pour contribuer à leur existence, que le besoin, disons-nous, les trouve capables d?être perfectionnés, et non à peine ébauchés ; afin que, par l?éducation et l?instruction qu?ils auront puisées dans les institutions philanthropiques des maîtres attachés aux salles d?asiles, ils soient appelés à jouir des heureux résultats qu?ils procurent.

CONSEIL DES PRUD?HOMMES.

Audience du 21 mai.

présidence de m. riboud.

Sur 21 causes appelées, 7 ont fait défaut, 3 renvoyées à mercredi, 2 retirées, et sur 4 qui devaient paraître sur citation, une a été jugée par défaut et une renvoyée pour enquête. Les autres ont été jugées contradictoirement.

Une apprentie, lorsque sa complexion délicate et son défaut de taille ne lui permettent pas de faire des ouvrages larges, est-elle passible des arriérées de tâche sur ces dits articles ? ? Non. Le conseil considérant, après enquête faite, que l?apprentie est incapable de faire sa tâche sur ces articles, a débouté de sa demande le chef d?atelier sur ce sujet ; mais comme elle redevait la somme de 20 fr. sur des étoffes plus étroites dont elle n?avait pas fait sa tâche, le conseil a décidé que ladite somme serait comptée de suite par le sieur Bastian, caution de l?apprentie.

Ainsi jugé entre Clerc, chef d?atelier, et Touquet, apprentie.

Le conseil qui avait, jeudi dernier, ordonné une enquête au sujet de l?affaire des sieurs Thermoz oncle et neveu, par rapport à un billet que le sieur Thermoz neveu avait souscrit à son oncle et que ce dernier prétendait faire valoir en payement de la somme de 50 fr. 65 c. qu?il devait à son neveu, le conseil s?est déclaré incompétent pour ce qui regarde le billet de 700 fr., attendu qu?il n?a pas été souscrit pour avance d?ouvrage ou pour prix de conventions d?apprentissage, mais pour une cause en dehors de ses attributions ; il a donc condamné le sieur Thermoz oncle, à payer à son neveu la somme de 38 fr. 65 c, déduite de 50 fr. 65 c. qu?il réclamait ; attendu que ce dernier n?ayant pas donné la huitaine, il a été passible de 12 fr, d?indemnité.

Ainsi jugé entre Thermoz oncle, chef d?atelier, et Thermoz neveu, ouvrier,

[3.1]Un chef d?atelier qui, pour cause d?une maladie contagieuse, renvoie un élève jusqu?à ce qu?il soit guéri, ce dernier peut-il ensuite se placer ailleurs sans être passible d?indemnité ? ? Non. Le conseil considérant que le chef d?atelier était parfaitement dans son droit de renvoyer provisoirement son apprenti, attendu sa maladie, a jugé la contravention bonne et valable, exercée contre les mariés Chazellet, attendu qu?ils occupaient l?élève sans qu?il eut été libéré et à titre de compagnonnage, et les a condamné à solder de suite au sieur Joanin la somme de 200 fr. à titre d?indemnité. Mais les mariés Chazellet pourront exercer leur recours envers la veuve Mercier caution de son fils, lequel est libéré de son apprentissage, son maître ayant déclaré qu?il est capable de travailler compagnoni.

Ainsi jugé entre Joanin, chef d?atelier, et Mercier, apprenti.


i. Le conseil en cette circonstance, vu qu?il n?y avait pas de conventions écrites et que l?élève a été jugé capable de travailler compagnon, l?a libéré de son temps en le rendant passible de toute indemnité voulue.

Depuis près de cinq mois, deux causes relatives aux tirelles étaient en instance par-devant le conseil des prud?hommes. Il s?agissait de savoir si les pièces en écharpes étoffes, que fait fabriquer la maison Pelin et Bertrand, et si les pièces en mouchoirs gazes, mais à coins brochés, que font également fabriquer MM. Reignier et Dégoltière, doivent avoir la tirelle.

Pour résoudre cette question le conseil s?est réuni trois fois : la première fois une enquête fut décidée sur les mouchoirs et écharpes seulement. La deuxième fois, une enquête sur tous les articles en général qui ne se fabriquent pas à aunes ; c?est-à-dire sur les mouchoirs, écharpes, colliers, cravates, quelque soit leur genre d?étoffes. Et la troisième fois, la commission chargée de faire différentes enquêtes, a fait son rapport dont les conclusions tendaient au retrait de la tirelle sur tous les articles sus-dénommés.

C?est mercredi dernier que le conseil a décidé contrairement aux conclusions de la commission d?enquête, que toutes les pièces en mouchoirs, écharpes, colliers et cravates, dont le dévidage serait à la charge du chef d?atelier, devront avoir la tirelle.

AVIS.

M. Favre, orfèvre, rue du Pont-de-Pierre, n° 3, a retenu, le 10 du courant, une chaîne. S?y adresser.

C?est hier, samedi 23 courant, que l?installation du conseil des prud?hommes a eu lieu sous la présidence de M. Rivet, préfet du Rhône.

VARIÉTÉS.

Dangers courus par M. Moodie dans une chasse à l?éléphant. Détails tiré de son ouvrage intitulé : dix ans dans l?afrique méridionale1.

« On sait que les éléphans ont peur du feu ; lors donc que les habitans découvrent une troupe de ces animaux, dans les plaines ouvertes, ils allument en différens endroits les longues herbes qui y croissent, de manière à les renfermer dans un cercle de flammes et de fumée ; et puis les attaquant à coups de fusils, chaque fois que l?éléphant court sur eux, ils se retranchent derrière le cercle enflammé.

« Un de nos domestiques étant venu nous informer qu?une grande troupe d?éléphans avait été aperçue dans le voisinage de la ferme, et que plusieurs de nos gens s?avançaient déjà pour les attaquer, je partis immédiatement pour rejoindre les chasseurs.

[3.2]« La belle rivière, appelée par les Caffres la Gualana, après avoir parcouru le village, dirige son cours à travers un jangle très étendu, puis vient reparaître dans une prairie ouverte, pour de là serpenter le long de hautes montagnes, sur un côté de la vallée, l?espace de plusieurs centaines de pas, et enfin va se perdre de nouveau dans un spacieux jangle. Comme je m?étais égaré dans le jangle, je ne pus rejoindre les chasseurs qu?après qu?ils eurent chassé les éléphans de leur première station.

« En sortant du bois, je me dirigeais à travers la plaine vers un ravin éloigné, lorsque j?entendis des coups de fusil très rapprochés, et je fus averti du danger où je me trouvais par des cris répétés de pas op? (prenez garde), mêlés à mon nom en hollandais et en anglais ; et au même moment, je pus entendre distinctement le craquement des branches brisées, foulées, par les éléphans qui se précipitaient à travers les bois, ainsi que leurs cris furieux qui retentissaient le long du rivage.

« Aussitôt une grande femelle, accompagnée de trois autres d?une plus petite taille, s?élança du jangle qui bordait la rivière. Comme ils ne se trouvaient pas à plus de deux cents pas et qu?ils s?avançaient directement vers moi, je n?avais pas grand temps pour réfléchir. Seul au milieu d?une plaine ouverte, je vis que j?étais infailliblement perdu, si je faisais feu sans que le coup portât.

« Je me retirai donc promptement du chemin qu?ils suivaient, pensant qu?ils ne feraient pas attention à moi, jusqu?à ce que je pusse trouver une meilleure occasion pour les attaquer. Mais en cela je me trompais ; car en regardant derrière moi, je vis avec effroi qu?ils avaient changé de direction, et qu?ils me poursuivaient rapidement, et avaient déjà beaucoup gagné de terrain sur moi. Dans cette position, je résolus de réserver mon feu pour ma dernière ressource, et tournant brusquement à angle droit, je courus vers les bords de la petite rivière, espérant trouver un asile parmi les rochers qui bordaient le rivage opposé.

« Avant que je fusse parvenus à cinquante pas de la rivière, les éléphans étaient à vingt pas de moi ; l?immense femelle au milieu, les autres trois à ses côtés, et poussant tous des cris aigus qui m?assourdissaient. Alors je me retournai, j?armai mon fusil, et j?ajustai la tête de mon plus formidable ennemi, la femelle. Mais la poudre étant humide, le fusil fit long feu, et le coup ne partit que lorsque je retirais le fusil de mon épaule, en sorte que la balle ne fit que glisser sur le côté de la tête.

« Après une pause d?un instant, l?animal s?élança de nouveau en avant. Je tombai : je ne puis dire si ce fut renversé par sa trompe ou non. Elle me porta un coup de défense : heureusement qu?elle n?en avait qu?une, et qu?elle me manqua. Me saisissant alors avec sa trompe par le milieu du corps, elle me jeta sous ses pieds de devant et trépigna sur moi pendant quelque temps ; je n?étais guère en état de calculer exactement la durée de ces évolutions ; mais à en juger par ce que j?éprouvai, cela me parut intolérablement long.

« Un moment elle pressa son pied sur ma poitrine avec tant de  force, que je sentis mes os fléchir sous le poids ; ensuite, elle me marcha sur le milieu du bras qui heureusement était étendu à plat sur une terre molle. Cependant, je ne perdis pas entièrement connaissance, sans quoi c?en était fait de moi ; mais je conservai la présence d?esprit nécessaire pour me débattre avec assez d?adresse, et grâce à la rondeur des pieds de l?animal, je parvenais, [4.1]en pliant et tordant mon corps, à éviter ses atteintes directes.

« Pendant ce temps, le lieutenant Chisholm, et Diedrick, Hottentot, placés sur une montagne voisine, lui avaient tiré plusieurs coups de fusil, dont un vint le frapper à l?épaule, et en même temps les jeunes éléphans s?étant retirés, en l?appelant par leurs cris vers la lisière du bois, la femelle m?abandonna, mais non sans m?avoir porté encore de rudes atteintes avec ses jambes de derrière. »

Quoique assez fortement blessé, M. Moodie put encore se lever et se retirer en chancelant ; mais s?il n?avait eu la précaution de se coucher au milieu des longues herbes pour éviter les regards de son antagoniste, elle serait revenue à la charge pour achever sa besogne.

Pendant ce temps, le frère de l?auteur avait été informé, avec tout le sang-froid hollandais dont nous avons eu des exemples, qu?un des officiers avait été tué ; le narrateur ajoutant, pour confirmer la nouvelle, qu?il avait vu sa cervelle dispersée sur l?herbe. Mais pendant qu?on l?assurait du contraire, un soldat fut, devant leurs yeux, attaqué par un autre de ces animaux. Le malheureux fut traversé par une de ses défenses, et ainsi emporté à quelques distances, jusqu?à ce que l?éléphant l?achevât en le rejetant par terre et le foulant à ses pieds.

INDICATIONS.

A vendre, 1 600 maillons à 6 trous, les plombs de 12 deniers.

S?adresser au bureau.

NOUVELLES.

Un procès qui a duré 8 mois, à Lausanne, vient de se terminer d?une manière qui, si elle se propageait, ne ferait pas rire les avocats.

Un sieur M...., qui travaillait depuis deux ans à creuser une mine, dans l?espoir de trouver de la houille, ayant enfin atteint son but, se trouvait à une centaine de pieds sous le village de Pully. Alors 4 propriétaires voulurent l?arrêter, et lui intentèrent un procès qu?ils perdirent en instance et en appel. Le sieur M.... ayant réclamé une somme assez forte pour dommage intérêts, des amie sont intervenus, et le tout a été réglé par un goûter et un tir à la carabine ; dont encore le chercheur de houille a remporté le prix.

BANQUE DE PRÉVOYANCE

créée par ordonnance royale du 28 avril 1820.

Cette Banque, véritable complément des Caisses d?épargne, offre avec les mêmes garanties, des avantages précieux pour la conservation et l?augmentation des capitaux et des revenus, depuis les moindres économies, jusqu?aux sommes les plus élevées.

On peut y placer pour des termes fixes de 5, 10, 15 ou 20 ans, et préparer ainsi de bonnes dots à ses enfans ou des sommes nouvelles pour des époques plus ou moins éloignées.

Des compagnies d?actionnaires y sont ouvertes pour tous les âges et pour toutes valeurs, depuis 100 francs, 1 000, 4 000 et indéfiniment.

[4.2]Pour plus amples renseignemens, s?adresser à M. Willermoz, à Lyon, en l?étude de Me Casali, notaire, place des Carmes, n° 10.

Nota. Il y a aussi dans la même étude une Assurance définitive pour les jeunes gens appelés par la loi du recrutement. Les prix en sont modérés pour Lyon et les cantons ruraux.

AVIS.

françois ROZET est disparu, depuis environ 13 mois, de chez sa mère, tireuse d?or, domiciliée à Lyon, rue Grenette, n° 30.

Signalement.

Agé de 10 ans, cheveux et sourcils blonds, front bas et rond, yeux bleus, nez épaté, bouche grande et lèvres grosses, menton rond, teint clair ; visage rond.

En cas de renseignemens, les adresser à la préfecture du Rhône, division de la police.

a 2 sous la livraison

huit grandes pages d?impression, contenant 350 lignes, ou 3 500 lettres.

PROCÈS DES ACCUSÉS D?AVRIL

devant la cour des pairs.

On souscrit :

A LYON,
Chez Mlle Perret, imprimeur, rue St-Dominique, n° 13 ; Favier, rue Casati, n° 1, au 2e ; au bureau du journal l?Indicateur, rue Désirée, n° 5.

A SAINT-ETIENNE,
Chez M. Issartelle, cafetier, place de l?Hôtel-de-Ville.

A VILLEFRANCHE,
Chez M. Sigout, avocat, Grande Rue .

A LA TOUR-DU-PIN,
Chez M. Laney aîné, banquier.

ANNONCES.

A vendre un atelier de pliage bien achalandé.
S?adresser au bureau.

? A vendre, une mécanique longue de 32 guindres, faite par Chatillon.
S?adresser chez M. Favier, rue Casati, n° 1, au 2e.

? A vendre, un atelier, de 3 métiers unis, ainsi que divers accessoires, plus un mobilier ; avec la suite de la location.
S?adresser chez M. Platre, rue des Fossés, n° 19, au 2e.

A vendre, un atelier de 4 métiers travaillant en façonnés, mécaniques, une en 400, deux en 600 et une en 900, et divers accessoires.
S?adresser au bureau.

? A vendre, trois métiers de châles lancés.
S?adresser cours Morand, aux Brotteaux, n° 8, au portier.

? A vendre, pour cause de départ, un atelier de 4 métiers, dont 2 en châles au 1/4 en six et sept quarts de large ; mécaniques en 900, 1 500 et 200 ; le tout ensemble ou en partie.
S?adresser chez M. Martinon, place de la Croix-Rousse, n° 17.

? A vendre, un métier de châles 6/4 au 1/4, mécanique en 1 500, monté tout à neuf.
S?adresser chez M. Valernot, rue Flesselle, n° 4, au 1er.

Notes (VARIÉTÉS.)
1 Il s?agit très probablement de la traduction de l?une des histoires de l?aventurier et romancier britannique Frederick Marryat (1792-1848).

 

 

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