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7 juin 1835 - Numéro 38
 
 

 



 
 
    
NOUVELLES.

? On lit dans le Breton de Nantes1, du 2 juin :

Cholet, le 30 mai.
Un attentat horrible, digne des peuples les plus barbares, vient d?être commis à Saint-Lezin, près Chemillé, sur la personne de M. Pelé, instituteur, âgé de 62 ans, ancien militaire.
Trois misérables se présentent chez lui, jeudi 28 ; ils étaient armés ; mais il eût été trop humain de le tuer d?un coup de fusil ; ils le frappent avec un bâton de houx sur la tête, lui cassent un bras et une jambe, en réitérant les coups : il est sans connaissance. Ces hommes féroces prennent un de leurs souliers ferrés de gros clous, ils le dépouillent et le rabotent sur les reins et sur la figure. Le c?ur se soulève à de pareilles horreurs.
M. Deslondes, médecin et maire de Chemillé, a fait enlever ce malheureux, et il a été conduit à Chemillé.

Cholet, 31 mai.
Aujourd?hui 31 mai, 3 heures du matin, les deux frères Alard ont été pris aux Cerqueux de Maulevriers.
Le maréchal des logis de la brigade de Maulevriers nommé Pierre Hourteillan, qui, depuis plusieurs mois, était à la piste des deux frères, informé que souvent ils se rendaient aux Cerqueux, et qu?ils y passaient la nuit dans des maisons qui lui avaient été désignées, est parti à une heure avec un brigadier et sept gendarmes ; ils se rendent aux Cerqueux, et s?arrêtent à l?extrémité du bourg, sur la route d?Argenton. Il fait cerner et ouvrir une maison ; il passe à la seconde, en fait autant ; arrivé à la troisième, il frappe à la porte.
Cette maison est occupée depuis plus de 40 ans par un Italien. Qui est là ? ? Ouvrez. ? Qui êtes-vous ? ? Gendarmes. Ouvrez et allumez une chandelle. La porte s?ouvre le maréchal des logis avait placé ses gendarmes aux croisées il entre seul. Une des fenêtres s?ouvre ; un homme paraît : c?est l?un des Alard. Un gendarme le met en joue ; la fenêtre se referme. Cependant M. Hourteillan ouvre une porte, et trouve les deux Alard en chemise avec un pantalon ; il ne les connaissait pas ; mais eux-mêmes lui disent : Nous sommes les frères Alard.
Enchanté de cette découverte, il saisit l?un d?eux au collet. Ne me maltraitez pas, ou je vous ouvre le ventre Malheureux ! tu n?as pas d?armes. Alard lui montre un couteau ; le maréchal des logis fait un pas en arrière, croise la baïonnette, et lui dit : Si tu fais un mouvement, tu es mort.
Les gendarmes arrivent, ils sont liés ; ils ont été amenés ce matin à Cholet et conduits en prison, au milieu d?une grande partie de la population.
On sait combien ces deux hommes étaient redoutables : ils s?étaient cent fois vantés qu?on ne les pendrait jamais vivans, [4.2]qu?ils avaient chacun six coups à tirer, et qu?ils se défendraient jusqu?à la mort.
Cette prise est de la plus haute importance pour la tranquillité du pays.
M. le maire de Cholet vient de visiter à la prison les frères Alard ; ils n?ont rien perdu de leur audace.

Notes (NOUVELLES.)
1 Le Breton. Sciences, agriculture, industrie, commerce, publié à Nantes depuis 1826.

 

 

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