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14 juin 1835 - Numéro 24
 
 

 



 
 
    

Ce que nous venons de dire à l’égard de la polémique fourriériste soulevée par M. Clément, à plus forte raison le dirons-nous de celle que M. Daverède nous suscite et dont nous invitons les lecteurs à prendre connaissance dans le dernier n° de l’Indicateur ; car il ne lui a pas fallu moins de quinze jours pour élaborer sa brillante épître en style de corps de garde. A défaut de bonnes raisons M. Daverède a recours à d’ignobles injures. Ce style de halles nous est étranger, et puisqu’il faut traverser un champ de boue pour aller aux hommes de l’Indicateur, nous y renonçons. Il y a trop loin de ces gens-là à nous, et nous leur rendons bien tout le mépris qu’ils disent avoir pour nous. Partant quittes. Nous ne pouvons cependant laisser sans réponse une allégation de M. Daverède parce qu’elle est grave. Il nous est facile d’en démontrer la fausseté, M. Daverède prétend que nous avons oublié notre mission [2.2]de journaliste en intervenant dans un débat particulier, dans le seul but d’irriter les contestans. Ce reproche est mensonger. Nous avions entre mains la lettre écrite par M. Daverède à M. Charnier, et, comme nous l’avons dit dans notre article, nous ne la publiâmes pas pour éviter un nouveau brandon de discorde. C’est M. Daverède qui l’a fait insérer lui-même dans l’Indicateur du 17 mai dernier ; et dès-lors sa lettre est tombée dans le domaine public, elle n’a plus été confidentielle ; nous avons dû y répondre et prendre la défense d’un citoyen honorable, absent, odieusement attaqué au moment où il est appelé à rendre service à ses frères. Tout le blâme de cette publication imprudente retombe sur M. Daverède et sur le gérant de l’Indicateur qui l’a accueillie sans motif. – Nous ne pousserons pas plus loin ce débat, par la raison que nous avons donnée plus haut, mais nous ferons remarquer en terminant que la question première et qui y a donné lieu est restée sans solution, bien vite et pour cause mise à l’écart par MM. Daverède et consorts. Les lecteurs s’en souviennent. M. Charnier a revendiqué l’honneur d’avoir conçu la pensée du mutuellisme et d’en être ainsi le fondateur. On lui a répliqué par des injures et ensuite par des provocations de duel auxquelles il répondra sans doute, lorsqu’il en aura connaissance de la manière seule convenable, par le silence du mépris ; et il aura raison. Comme ancien soldat de l’empire, M. Daverède peut très bien savoir se battre. bugeaud1 était aussi un ancien soldat de l’empire !… Il a prouvé au malheureux Dulong qu’il savait ajuster une balle à trente pas. Est-ce que cette gloire ferait envie à M. Daverède ? L’état actuel de la civilisation réclame autre chose.

Notes (Ce que nous venons de dire à l’égard de la...)
1 Rappelons qu’en janvier 1834, François-C harles Dulong avait été tué par Thomas-Robert Bugeaud, dans un duel qui apparut à l’opinion démocrate comme étant de fait une exécution.

 

 

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