DES COLONIES AGRICOLES ET DE LEURS AVANTAGES.
Par M. Huerne de Pommeuse, ancien député1.
Nous extrayons de cet ouvrage important les faits statistiques suivants :
D’après les recherches auxquelles s’est livré M. de Pommeuse, il y avait en 1829 : 1,852,984 indigens et 75,120 mendians.
Le nombre d’indigens et de mendians est indiqué pour chaque département, dans un tableau fort intéressant, annexé à l’ouvrage de M. de Pommeuse. Nous remarquons que les départemens qui renferment le plus d’indigens et de mendians, sont :
Département. |
Population. |
Indigens. |
Mendians. |
Aisne , |
489,560 |
60,000 |
2,400 |
Côtes-du-Nord , |
581,684 |
29,085 |
1,455 |
Garonne (Haute) , |
407,016 |
27,134 |
904 |
Gironde , |
538,151 |
41,845 |
1,661 |
Manche , |
611,206 |
30,560 |
1,222 |
Nord , |
962,648 |
160,441 |
8,022 |
Pas-de-Calais , |
642,969 |
80,371 |
4,018 |
Rhône , |
416,575 |
41,657 |
838 |
Seine , |
1,012,373 |
101,337 |
1,500 |
Seine Inférieure , |
688,295 |
76,477 |
1,528 |
Somme , |
526,282 |
58,475 |
1,168 |
Un autre tableau donne le nombre d’hectares de terres incultes par département.
[4.1]Il y a en France 7,185,475 hectares de terres incultes.
Qui croirait que le département de la Seine contient 1,885 hectares de terres incultes ? Aux portes mêmes de Paris, il y a des centaines d’arpens qui pourraient devenir féconds sous le bras du pauvre.
Les détails statistiques sur le nombre des enfants trouvés n’offrent pas moins d’intérêt que les précédans. Ce nombre s’est toujours accru depuis 1784. En 1784, il était de 40,000, il s’est élevé à 125,000, en 1830. Paris contribue à ce chiffre pour une proportion d’environ 15,000.
Après les enfants trouvés viennent les forçats, cette autre plaie sociale. En 1831, il y avait en France 13,152 forçats, 9,601 réclusionnaires, 8,658 condamnés en surveillance temporaire, 7,454 vagabonds à la disposition du gouvernement ; ces divers nombres donnent un total de 38,805.
En additionnant le nombre des indigens, des mendians, des enfants trouvés, des forçats, etc., on trouve un effrayant total de 1,956,969, c’est-à-dire, près du quinzième de la population.
Ce simple relevé de chiffres ne suffit-il point pour donner, dès ce moment, une idée exacte des maux de la société, et de la nécessité d’y apporter de prompts remèdes ? Et dire que les remèdes sont là, que 7 millions d’hectares incultes s’offrent aux regards comme une source féconde de travail, de richesse, de moralité, et pour ainsi dire, de régénération.
A. St E.