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15 août 1835 - Numéro 1
 
 

 



 
 
    
UN NOUVEAU JOURNAL

[1.1]La presse populaire est devenue un besoin pour la classe ouvrière. Un seul journal ne saurait lui suffire. J?ai entendu les v?ux de mes confrères, et je m?empresse de les satisfaire, si c?est possible. Je ne parlerai ni de mes antécédens ni de mes doctrines, les uns et les autres sont connus ; je n?ai jamais changé. La même pensée qui m?anima lorsque de concert avec quelques chefs d?atelier je fondai L?Echo de la Fabrique, m?anime encore aujourd?hui. J?ai perdu, il est vrai, deux collaborateurs qui m?ont puissamment secondé : j?aime à le reconnaître. La mort du premier a été un deuil public ; l?éloignement du second n?est dû qu?à sa fidélité à remplir des engagemens antérieurement contractés. Ainsi je me présente seul, homme du peuple plutôt qu?écrivain. Je traduirai naïvement les douleurs de l?atelier, et si la cause prolétaire n?a pas en moi un défenseur bien éloquent, elle en aura du moins un énergique et sincère. Cependant je déclare que je m?appliquerai à être toujours juste, tenant une balance égale entre les droits et les devoirs. Je suis loin de juger les fonctions que je remplis, et que je tiens du suffrage libre de mes camarades, comme incompatible avec la profession de journaliste ; seulement mon titre de prud?homme doit servir de garantie au pouvoir comme mon titre d?ouvrier doit en servir ailleurs.

Je dois prémunir la fabrique contre la crainte d?une nouvelle scission. Les débats scandaleux de l?Echo de la Fabrique et de l?Echo des Travailleurs, de la Tribune Prolétaire et de l?Indicateur ne se renouvelleront pas, du moins je l?espère. Je marcherai de conserve avec l?autre journal l?Union des Travailleurs ; rien n?est changé à mes rapports d?amitié avec son gérant et son rédacteur en chef. Nous nous prêterons un mutuel appui. Réunis pour la défense des droits de la classe ouvrière, nous pourrons bien quelquefois être en désaccord sur les moyens, mais comme aucune passion haineuse ne viendra envenimer le débat, nous nous éclairerons mutuellement. D?ailleurs, nos principes fondamentaux sont les mêmes. J?aurais donc soin d?éloigner de la discussion toute espèce d?aigreur : cela me sera facile, car je n?ai pas oublié les services rendus à la classe ouvrière par M. Marius Chastaing, de même qu?il n?a pas oublié que c?est moi le premier qui l?ai mis à même de les rendre. Ainsi la bonne intelligence qui régnera entre les deux journaux sera pour tous deux un élément de succès, et pour la fabrique un avantage immense. Combien en effet a-t-on dépensé dans des discussions oiseuses et interminables de forces qu?il eut été plus convenable d?employer pour la défense des intérêts généraux.

J?appelle avec confiance à me seconder soit par leur concours comme abonnés, soit par leurs conseils, soit enfin par leurs renseignements et leurs articles, tous mes confrères, d?abord ; et ensuite tous ceux qui s?intéressent à l?amélioration physique et morale des travailleurs.

Falconnet, Rédacteur-Gérant.

 

 

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