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1 septembre 1835 - Numéro 2
 
 

 



 
 
    

[4.2]Quatre ans de règne.

Dans l’air encor grondait la foudre
Sous laquelle tombent les rois ;
Près d’un trône réduit en poudre
S’élevait un nouveau pavois.
Un homme y monte, on le couronne,
Car il promet des jours plus doux.
Toujours le peuple s’abandonne
Aux rois qui se ressemblent tous.

Il suivra la pente commune ;
Me dis tristement un vieillard.
Non, car il connaît l’infortune ;
Dans nos malheurs il eût sa part.
Il fut proscrit !... et près du trône
Jamais n’ont fléchi ses genoux !...
Toujours, etc.

Le vieillard sourit en silence,
Et s’éloigna. Partout alors
Belle et radieuse la France
C’était à de joyeux transports :
Partout un nom de roi résonne ;
On eût dit la fête des fous.
Toujours, etc.

Après quatre ans, grave et sévère
Le vieillard m’apparut un jour :
Eh bien ! qu’a-t-il fait de sa mère ?
Qu’avez-vous fait de votre amour ?
Toute nation qui se donne
Trouve un maître au lieu d’un époux.
Toujours, etc.

Le vieux drapeau se décolore ;
La liberté finit l’œil en pleurs,
Et le trône ne veut encore
D’autres appuis que ses flatteurs.
La main de plomb qui nous rançonne
Agite encor glaive et verroux.
Toujours, etc.

Il suit vite les destinées
De tout ce qui fut, et s’en va.
Il n’a plus rien des trois journées ;
Rien du peuple qui l’éleva.
C’est le coursier qu’on éperonne
L’écuyer meurt et lui dessous.
Toujours, etc.

Bérenger.

 

 

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