[7.1]M. Berthaud vient de publier sa 5me satire d’Asmodée ; sous l’emblème de deux enfans, dont l’un serait légitime et l’autre bâtard, il a peint la classe propriétaire et celle prolétaire. Les riches et les pauvres.
O ! voyez-les passer ! tous deux à la même heure
Surgirent du néant dans la même demeure ;
Tous deux, liés encore à l’invisible main
Qui les remit ensemble aux lois du genre humain,
Apparurent un jour, et leurs lèvres jumelles
Au nom des mêmes droits pressèrent deux mamelles.
Rien sur leurs membres nus n’indiquait au regard
Que l’un fût légitime et l’autre né bâtard.
Tous deux, en ce moment où nul homme ne pense
A disputer un don que le hasard dispense,
Avaient droit d’espérer une part du butin
Qu’au sol universel a légué le destin.
Et si, lancés tous deux sur une aride plage.
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Une louve eût nourri ces enfans au berceau.
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L’un n’eût pas dit à l’autre en le marquant au front :
Travaille, prolétaire, et ronge ton affront !
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Mais, partageant entr’eux et travaux et plaisirs,
L’abondance commune eût comblé leurs désirs.
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…
Le peuple humilié pourrait voir à la fin
Que le bâtard c’est lui qui souffre et meurt de faim.
Cette satire, je ne crains pas de le dire, est supérieure, par la profondeur des pensées et le style, à ses quatre aînées. Vires acquirit eundo.
Marius Ch........