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11 mars 1832 - Numéro 20
 
 

 



 
 
    
AU MÊME.

Monsieur,

La lecture de votre dernier Numéro m?a fait faire quelques réflexions que je vais vous soumettre, vous priant de les insérer dans votre estimable journal.

Le nombre des métiers que vous dites être sans ouvrage, ainsi que celui que vous donnez sans ouvriers, me paraissent exagérés. En supposant que ce dernier nombre soit exact, je crois qu?on ne doit attribuer ce manque d?ouvriers qu?au prix, plus que minime, des façons. Le même nombre d?ouvriers existe toujours, mais ils se livrent à d?autres travaux qui leur donnent le moyen de subsister ; aussi beaucoup sont-ils retirés à la campagne, d?autres travaillent aux fortifications, attendant une augmentation de salaire qui les mette à même de pouvoir vivre du fruit de leur travail. Ainsi, Monsieur, c?est le prix qui manque et non l?ouvrage.

Vous avez parlé d?une légère augmentation ; je voudrais bien connaître les honorables négocians qui augmentent le prix des façons, pour faire rougir ceux qui, malgré les commissions qu?ils reçoivent et les métiers qu?ils voient couverts, osent encore les diminuer.

Je voudrais aussi, Monsieur le Rédacteur, vous demander, calembourg et plaisanterie à part, si vous pourriez vous enquérir des causes qui ont empêché le conseil des prud?hommes d?établir la mercuriale promise par l?autorité locale et gouvernementale en remplacement du tarif.

Vous obligeriez celui qui a l?honneur d?être, etc.

A. P. L.

Note du Rédacteur. Nous avons annoncé dans notre dernier Numéro une légère augmentation ; mais nous sommes persuadés que ce n?est pas cinq centimes par aune qui peuvent rendre l?aisance à la classe ouvrière, et nous sommes de l?avis de notre correspondant, quand il dit que, si les bras manquent, la cause en est dans le vil prix des façons. Un ouvrier, sans doute, préfère gagner 2 fr. aux fortifications, que de ne gagner, en travaillant 18 heures par jour, que de 75 cent. à 1 fr.

Quant à la mercuriale, nous renvoyons notre correspondant au compte rendu de la séance du conseil des prud?hommes inséré dans notre numéro de ce jour.

 

 

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