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22 avril 1832 - Numéro 26
 
 

 



 
 
    
NOUVELLES DIVERSES.

Paris. - La chambre des députés a voté, dans la séance du 12 avril, la loi qui autorise l?ouverture du canal Doin, latéral à la Garonne. Cette entreprise, une des plus utiles au commerce français et étranger, réalisera la pensée de Vauban, et complétera l??uvre de Riquet, en opérant définitivement la jonction des deux mers par la ligne la plus courte, la plus sûre et la plus économique.

Nous félicitons le gouvernement et le ministère de concourir à doter la France d?un monument qui sera pour nos jours ce qu?a été le canal du Languedoc pour le siècle de Louis XIV.
(Moniteur du Commerce.)

- Dans la même séance, la chambre a voté sur la suppression de la loterie.

Art. 47. La loterie sera supprimée au 1er janvier 1836.

M. Laguette-Mornay1 propose l?amendement suivant :

« A partir du 1er juillet 1832, la loterie est abolie. »

M. Comte propose la rédaction suivante :

« Le ministre des finances procédera à l?abolition de la loterie, graduellement et de manière qu?elle ait complètement cessé d?exister au 1er janvier 1836. A cet effet, il est autorisé à diminuer le nombre des tirages, à réduire le nombre des bureaux, à élever le minimum des taux de mises, et à rembourser les cautionnemens des buralistes supprimés. »

Cet amendement, consenti par la commission, est adopté.

Le projet relatif à un crédit de 2 millions pour mesures sanitaires, est mis aux voix et adopté à la presque unanimité.

- Le ministre du commerce, de concert avec le préfet de la Seine, vient de prendre des mesures pour placer dans les hospices les enfans en bas âge que le choléra a rendus orphelins.

- S. M., sur la proposition du garde-des-sceaux, vient de faire grâce à 129 condamnés.

- La société philantropique, voulant concourir au soulagement des classes souffrantes, a décidé, dans la séance du 13 de ce mois, que 150 mille rations de potage seraient mises à la disposition des bureaux de bienfaisance.

- Le Roi a fait remettre à la préfecture, pour les cholériques, 1,230 matelas.

- La Reine vient d?adresser, pour la troisième fois, au directeur honoraire de la caisse de prévoyance, pour le renouvellement des effets mis au Mont-de-Pié, un nouveau secours qui sera employé en dégagement de linge et de couvertures, au profit des plus nécessiteux.

- La loge des commandeurs du Mont-Thabor a versé à la caisse municipale 100 fr. pour les indigens.

Rouen. - Malgré l?inquiétude causée par la maladie qui désole la capitale, notre place fait encore quelques affaires, qui cependant sont loin d?être aussi actives qu?elles l?étaient il y a quinze jours.

Grenoble. - Les gardes nationaux, auxquels l?autorité a intenté un procès pour avoir refusé de livrer leurs armes, ont été condamnés en première instance. Ils ont l?intention d?en rappeler.

[7.1]- Un journal de Glascow a rapporté que le choléra régnait depuis 40 jours environ dans la petite ville de Mosselburg, lorsque les citoyens et les autorités locales se sont entendus pour faire des arrosemens d?eau chlorurée dans toutes les rues. Au bout de trois jours de ces arrosemens, la maladie a disparu, et l?on n?a plus eu aucun cas nouveau a déplorer.

- Quelqu?un qui arrive de Groisbois (Seine-et-Oise), nous communique le fait suivant, que l?administration devrait faire vérifier dans l?intérêt de la science.

Les hirondelles ont reparu dans la commune de Grois-bois et lieux environnans. On les avait vues, il y a huit jours, dans la même contrée ; mais les habitans assurent en avoir trouvé un grand nombre mortes sur les routes et dans les champs.

On n?en a pas encore aperçu entre Paris et Poissy.
(Précurseur.)

- Un journal annonce qu?on a arrêté deux personnes accusées d?avoir jeté à l?eau, près de la Grève, l?homme accusé d?empoisonnement. Voici, au sujet de cet événement, des détails qui nous viennent d?assez bonnes sources, pour que nous les croyons exacts.

Un groupe s?était formé sur la place de Grève, il accusait surtout les médecins de faire courir les bruits de choléra et de poison. Un jeune homme bien mis prit la défense des médecins : pendant qu?il parlait, il sentit une main qui se glissait dans sa poche et lui enlevait une pièce de 5 fr. ; il l?arrête tout-à-coup ; on saisit le voleur ; celui-ci pris sur le fait, et dans l?espoir de se soustraire à la vindicte publique, se jette sur le jeune homme et crie à l?empoisonneur. Ce jeune homme allait être victime de l?atrocité de ce misérable, et déjà on l?entourait ; mais il ne perdit pas contenance, retint son voleur par le collet, parvint à se faire comprendre et à expliquer aux assistans l?infamie dont il allait peut-être devenir la victime. Le peuple indigné tourna sa vengeance sur le misérable malfaiteur. Cet homme, voleur de profession, était un nommé Benoît.
(Idem.)

Notes (NOUVELLES DIVERSES.)
1 Jules Frédéric Laguette-Mornay (Baron de), (1780-1845), officier de Napoléon, fut député de l?Ain de 1827 à 1834. Votant aux côtés d?Odilon Barrot et de Dupont de l?Eure, il signa l?adresse des 221.

 

 

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