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29 avril 1832 - Numéro 27
 
 

 



 
 
    

des associations en général.   

Le peuple anglais est le plus avancé de tous les peuples dans le système des associations. Naturellement sombres et pensifs, ces insulaires semblent ne trouver de plus grand plaisir que celui de faire partie des associations philantropiques. Pour se trouver à une assemblée, ils oublient leurs affections, et même leurs intérêts particuliers ; leur seul désir est celui de contribuer de tous leurs moyens au bien-être de leur nation, et partant de leurs compatriotes.

De cet esprit d’association, sont nées ces grandes entreprises industrielles et commerciales qui mettent les Anglais à même d’exporter leurs produits dans tout l’univers. De même, et à l’exemple des commerçans, les industriels ont formé des associations sous divers titres. La ville de Londres compte plusieurs de ces sociétés ; chacune d’elles a son journal qui est son organe particulier, et traite de ses intérêts ; l’une d’elles, enfin, compte plus de cent mille sociétaires. Depuis son existence, elle a pourvu aux besoins de tous ses membres, et en même temps, elle a réalisé un fond de réserve de plusieurs millions. Le journal de cette société, compte 25 mille abonnés environ. Des sociétés semblables sont établies dans toutes les villes industrielles, et pour chaque industrie. A Manchester, ville manufacturière qui, par sa population et son commerce, peut être comparée à Lyon, on compte plusieurs associations de ce genre ; la plus nombreuse est celle des ouvriers tisseurs, qui est aussi parvenue à amasser un fonds de réserve considérable. Elle a aussi son journal spécial qui compte près de 4,000 souscripteurs. Les moyens de correspondance et de communication de ces sociétés, sont si bien réglés que, dans quelques heures, tous ceux qui en font partie, sont instruits des nouvelles qui peuvent les intéresser.

Le gouvernement a toujours favorisé ces associations, il les regarde comme un besoin naturel et une source indispensable de prospérité pour le paysi. On se ferait difficilement une idée des améliorations qu’ont introduites les associations, soit pour le perfectionnement [2.2]de l’industrie, soit sur le moral et le bien-être des individus.

Lors de l’apparition du choléra-morbus, à Londres, des membres des sociétés s’assemblèrent, et résolurent unanimement de faire tous leurs efforts, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour arrêter ce fléau destructeur. Chaque assemblée nomma de suite plusieurs membres, et de différens quartiers, pour aviser à tous les moyens de propreté et de salubrité, que pouvait exiger l’intérieur des bâtimens. On rapporte même, que plusieurs de ces membres poussèrent leurs soins jusqu’à faire des visites dans les tavernes, où ils engageaient amicalement les habitués de ces lieux, à ne pas faire des excès, mais à prendre toutes les précautions possibles pour se garantir de l’épidémie, et leur en indiquaient les moyens. C’est à ces soins tous paternels, si bien distribués et si bien entendus que, sans nul doute, la ville de Londres qui est un tiers plus peuplée que Paris, doit le peu de ravages qu’a fait le choléra ; puisque dans cette ville, l’épidémie a enlevé moins de monde en trois mois, que dans une semaine à Paris ii.

Ainsi, les associations sont le soutien de la nation anglaise, et peut-être que sans ce principe, ce pays serait livré à l’anarchie. Aussi les lords, les commerçans et enfin tous les philantropes encouragent-ils les associations de tout leur crédit, et les regardent comme le seul moyen d’assurer la prospérité de leur pays.

 

 

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