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29 avril 1832 - Numéro 27
 
 

 



 
 
    

projet d’association de m. benjamin rolland.   

(troisième article.)

Il faudrait voir avec indifférence tout ce qui tend à améliorer le sort des travailleurs, pour rejeter le mode d’association de M. B. Rolland, d’autant plus que ce n’est qu’un projet et que son auteur, dont on ne peut révoquer en doute la pureté des intentions, ne prétend point l’imposer tel qu’il est et sans restrictions aux ouvriers. M. Rolland, de qui nous connaissons toute la pensée, n’a pas cette prétention ; il présente son projet aux ouvriers, convaincu qu’il peut être un remède contre cet état de détresse qui les accable trop souvent par les cessations de commerce ; mais il leur laisse le soin de le mettre plus tard en harmonie avec leurs intérêts, et personne ne lui disputera au moins d’allier la modestie à une ame généreuse.

Le projet de M. B. Rolland offre plus d’avantages que n’ont offert jusqu’à ce jour les sociétés dites de bienfaisance. Dans ces dernières en général tout est mesquin et précaire ; il faut être malade, et malade dangereusement pour obtenir des secours. Selon nous, le but de toute association tendant à préserver les travailleurs de [4.1]la misère, ne doit point attendre l’état de maladie pour venir au secours de l’industriel ; au contraire, c’est lorsque, jouissant de la santé, il est sans travail qu’il faut le secourir, et vous le préserverez souvent des maladies qui l’affligent. Voilà ce que le projet d’association de M. B. Rolland a prévu. Ce n’est pas seulement un sociétaire malade qu’il veut soulager, il veut que l’industriel manquant momentanément du travail trouve des secours qui le mettent à même d’attendre un temps meilleur ou d’entreprendre de nouveaux ouvrages. Il veut aussi que l’homme travailleur, économe et probe trouve une récompense à sa bonne conduite, c’est ce que M. Rolland a pensé en créant dans son projet des prix d’encouragement pour les ouvriers. Tous ces avantages, quoique nombreux, peuvent se réaliser par le mode d’association proposé ; la création des sociétaires honoraires payant et ne recevant pas, sera d’un grand secours pour la caisse, et deviendra la pierre angulaire de la société.

Tout en rendant justice à M. B. Rolland, nous avions dû avec conscience signaler dans deux articles quelques vices que semblait nous présenter son projet, et nous lui rendions justice sur le fond. Mais aujourd’hui que nous savons que M. B. Rolland veut le soumettre à la révision des sociétaires, nous ne saurions trop le recommander aux ouvriers de Lyon. Ce mode d’association peut produire un grand effet dans notre ville manufacturière, et en l’adoptant, les industriels ne craindront plus à l’avenir d’être sans travail, et par conséquent sans ressources. Notre voix est désintéressée ; mais c’est parce que nous sommes persuadés que ce mode d’association fera un grand bien à la classe ouvrière, que nous le recommandons à ceux de qui nous sommes les organes.

Déjà M. B. Rolland a obtenu un bon nombre de signatures, et nous annonçons avec plaisir que celle de M. Gasparin, préfet du département, est celle qui figure en tête.

Nous invitons MM. les chefs d’ateliers à se transporter chez M. Rollandi. Nous connaissons assez ses vues philantropiques, pour penser qu’il se fera un plaisir de donner tous les renseignemens possibles sur son projet d’association.

A. V.

 

 

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