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13 mai 1832 - Numéro 29
 
 

 



 
 
    

Le Courrier de Lyon, dans un long article intitulé1 : du Conseil des Prud’hommes, déraisonne tout à son aise sur l’avenir du nouveau conseil. Et là visionnaire comme il l’est toujours, il voit sortir l’étincelle qui doit tout embraser de ces réunions, dont, les espérances seront, dit-il, déçues, car il ne croit pas que le nouveau conseil puisse se faire un règlement. Et traitant cavalièrement l’autorité [2.1]gouvernementale et administrative, il pense qu’on n’a pas le droit d’établir des prix courans, c’est-à-dire, cette mercuriale tant promise.

Sans le suivre dans ses périodes un peu pâles, nous lui dirons qu’un fabricant peut ne pas aimer les réglemens qui nuiraient à ses intérêts ; il peut dans les élucubrations d’un cerveau occupé de tirelles et de mercuriale, jeter ses pensées sur du papier, mais nous ne concevons pas qu’une feuille publique les accueille ; surtout une feuille qui selon elle ne prêche que l’amour de l’ordre et la paix. Eh bien ! cet article serait dans le cas de reveiller toutes les haines, si les chefs d’ateliers n’étaient assez raisonnable pour n’y voir que la pensée d’un intéressé. En effet, pourquoi aurait-on nommé un nouveau conseil, s’il n’avait pas le droit d’établir une jurisprudence et des règlemens en harmonie avec les besoins de nos manufactures ? s’il restait environné du même chaos, que l’ancien conseil (nous ne voulons parler que de l’organisation et non des individus), pourquoi l’aurait-on montré comme la manne promise dans le désert, s’il n’avait pas le droit de réformer les abus que même le plus grand nombre des fabricans désapprouve ?

Le Courrier de Lyon compare le conseil des prud’hommes à une justice de paix : eh bien ! de même que le juge de paix sait que les intérêts se payent 5 pour cent, le conseil doit savoir combien on doit accorder de déchet sur telle et telle matière. De même que le juge de paix sait que le pain et la viande doivent se payer le même prix dans chaque boutique, le conseil doit savoir les prix que doivent se payer tels et tels articles, quitte de les varier selon les chances commerciales.

Que veut dire enfin la feuille de ces Messieurs, en parlant des réunions de maîtres-ouvriers, pour formuler des demandes au nouveau conseil quand il sera installé ? Jugez quel cas ! avoir l’audace de formuler une demande, comme le dit le Courrier, pour la fixation des prix courans et pour la remise et la réception des matières. Pauvre feuille ! vos donneurs d’articles voient des taches dans le soleil ! le nouveau conseil leur trouble le cerveau : Dieu y porte remède !

Pour nous qui ne sommes pas si effrayés des demandes des chefs d’ateliers que Le Courrier de Lyon, nous pensons qu’elles seront bien accueillies par tous les membres du conseil, parce qu’elles ne blesseront aucun intérêt juste des fabricans, et rétabliront cette harmonie qui doit exister entr’eux et les chefs d’ateliers, en écartant la prévention et la défiance.

A. Vidal.

Notes (Le Courrier de Lyon Courrier de Lyon , dans un...)
1 L’auteur de ce texte est Antoine Vidal d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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