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13 mai 1832 - Numéro 29
 
 

 



 
 
    
ENSEIGNEMENT MUTUEL.

[4.2]société d’instruction élémentaire du rhône

Avis aux pères de famille.

Chacun de vous sait que plusieurs citoyens lyonnais se sont associés dans le but de faire participer vos enfans à l’instruction élémentaire, qui aujourdhui est devenue un besoin pour tous les hommes.

La société a fondé huit écoles, situées chacune dans un des quartiers les plus populeux de la ville ; elle a choisi des emplacemens vastes et bien aéres, car la santé des enfans n’est pas moins importante que les progrès de leur intelligence. Pour cultiver celle-ci, elle a cherché les maîtres les plus capables, elle en forme de nouveaux. Enfin elle a introduit dans l’enseignement les méthodes perfectionnées à l’aide desquelles l’enfant apprend plus vite et mieux, et sent la raison se développer à mesure que le cercle de ses connaissances s’élargit.

Les jeunes élèves reçoivent dans les écoles, d’abord, l’enseignement religieux qui est la base de tous les autres.

Ils y apprennent la lecture, l’écriture, la grammaire, l’arithmétique élémentaire, le dessin linéaire, l’arpentage, les élémens de l’histoire de France et de la géographie.

Ainsi la société s’efforce d’en faire des hommes religieux, moraux et éclairés, et de leur faciliter la connaissance des diverses branches de l’industrie humaine.

Le jour où la société a ouvert des écoles, elle aurait voulu qu’elles fussent gratuites. Elle ne comprend pas que l’enseignement primaire ne soit pas à la portée de tous les citoyens : mais la modicité première de ses ressources et les obstacles sans nombre que des circonstances extérieures lui ont suscités, l’ont jusqu’ici empêchée de réaliser complètement ses intentions ; aujourd’hui elle a le bonheur de vous annoncer qu’elle espère arriver dans le courant de cette année, au but qu’elle s’est toujours proposé.

Le 1er mai prochain, les deux nouvelles écoles entièrement gratuites s’ouvriront rue Jarente, n° 4, et faubourg Serin : les parens n’auront rien à payer au maître ni pour l’enseignement, ni pour les fournitures d’ardoises, papiers, etc., qui sont toutes faites aux frais de la société ; les autres écoles s’ouvriront successivement à des époques qui ne sauraient manquer d’être rapprochées. Des affiches l’annonceront ; mais en outre la société fera distribuer ce bulletin aux habitans des quartiers de chaque école.

Mais quel que soit le zèle des professeurs, la société ne peut rien sans le concours des parens ; elle s’efforce de donner à tous ses jeunes citoyens l’instruction élémentaire et les principes moraux ; il faut que de leur côté, les pères et mères achèvent cet ouvrage en surveillant la conduite de leurs enfans, en exigeant impérieusement qu’ils fréquentent avec assiduité les écoles, car les leçons interrompues sont tout-à-fait infructueuses ; qu’ils s’y presentent fort propres, condition aussi indispensable à leur santé qu’à la tenue des classes ; enfin, en leur donnant eux-mêmes l’exemple du travail, de la raison et des bonnes mœurs. C’est ainsi que leurs enfans seront non-seulement instruits, mais laborieux et sages, et qu’ils deviendront le soutien et la joie de leur vieillesse.

Les enfans devront être rendus à l’école à huit heures et demie du matin, ils pourront y porter dans un panier le dîner, qu’ils prendront sous les yeux de leur maître, dans une pièce disposée exprès. Par ce moyen, ils éviteront ces allées et venues qui sont, outre la perte du temps et les dangers des rues, toujours nuisibles aux élèves, en les exposant à faire la connaissance d’enfans oisifs et vicieux, qui les détournent de leurs devoirs ; ils sortiront à cinq heures, et seront accompagnés par les moniteurs du quartier. Les parens auxquels cet arrangement serait agréable, payeront au maître la faible rétribution d’un franc, jugée nécessaire pour l’indemniser de l’aggravation des charges que cette surveillance nouvelle lui imposera. Mais cet avantage sera purement facultatif ; ceux qui préféreront rappeler leurs enfans chez eux pour diluer, en préviendront le maître, et seront ainsi dispensés de la rétribution.

Telles sont, pères et mères, les vues de la société pour l’éducation de vos enfans : elle espère que ces vues seront les vôtres, et que vous comprendrez tous que vous ne pourriez maintenant, sans être coupables, refuser pour les jeunes rejetons que Dieu vous a donnés, les avantages inappréciables d’une instruction désormais entièrement gratuite. Envoyez donc vos enfans à l’école, et bientôt vous jouirez comme nous de leurs progrès, vous les verrez grandir en prenant des habitudes d’ordre et de moralité, et votre affectation, vos conseils venant se joindre aux connaissances qu’ils recevront, nous en ferons ensemble de bons fils, et des citoyens éclairés et vertueux.

 

 

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