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ÉPHÉMÉRIDES LÉGISLATIVES. [1.1]Chambre des députés. – Il n’y a point eu de séance le samedi 11 janvier. 13 janvier. – MM. Benjamin Delessert et Devaux lisent leurs propositions adoptées par les bureaux, savoir : le 1er Sur les caisses d’épargne, et le 2e Sur la mort civile. M. Humann, ministre des finances, présente deux projets de loi, l’un sur les salines, et l’autre sur le traité conclu entre la France et les États-Unis, le 4 juillet 1831. M. Soult, ministre de la guerre, présente un projet de loi sur le réglement de l’état-major de l’armée, un second sur la gendarmerie, et d’autres tendant à accorder une pension de 3 000 fr. à chacune des veuves des généraux daumesnil, decaen et gérard, et une de 12 000 fr. à celle du maréchal jourdan. On discute le projet de loi sur l’organisation départementale de la Seine et la municipalité de Paris. Divers orateurs sont entendus. L’article 1 est adopté ; il porte que le conseil général sera composé de 44 membres. Les autres articles jusqu’au 8 sont aussi adoptés. Tous les amendemens rejetés. M. Thiers, ministre du commerce, reproduit avec une rédaction nouvelle le projet de loi sur les attributions municipales, présenté l’année dernière. 14 janvier. – Suite de la discussion de projet de loi sur l’organisation de Paris. Il est adopté par 228 voix contre 58. Chambre des pairs. 9 janvier.– On compte seulement 40 membres présens. M. Barthe, ministre de la justice, reproduit le projet de loi sur l’organisation du conseil d’état. – MM. Lobeau et Reinach prêtent serment. M. Cassaignoles envoie le sien par écrit. 14 janvier. – La chambre maintient la commission nommée l’année dernière pour l’examen du projet de loi, relatif au conseil d’état. Elle est composée de MM. Allent, Béranger, Girod de l’Ain, Mounier, Portalis, Sylvestre de Sacy, Siméon, Zangiacomi et Rœderer. – M. Boyer propose et développe une proposition ainsi conçue : « A l’avenir la séparation de corps prononcée pour cause d’adultère de la femme, fera cesser de plein droit la présomption légale de paternité. Les enfans nés 300 jours depuis ladite séparation seront réputés étrangers au mari, à moins qu’il ne les reconnaisse dans la forme voulue par l’art. 334 du code civil. » Elle est prise en considération.
consultations gratuites et amicales
sur toutes affaires, DE QUELQUE NATURE QU’ELLES SOIENT, Dans les bureaux de l’Echo des Travailleurs. Les actionnaires de l’écho des travailleurs, en fondant ce journal, ne voulurent pas seulement élever une tribune pour la défense de leurs confrères, mais arriver le plus tôt possible et par toutes les voies, à l’émancipation physique et morale de la classe prolétaire dont ils sont membres. Ils commencent aujourd’hui la série des travaux qu’ils se proposent d’exécuter, et dont nous avons entretenu les lecteurs dans notre avant-dernier numéro. Raisonner de l’émancipation est chose facile ; il est plus difficile et sans doute il sera plus utile d’essayer l’application des principes proclamés. Il est vrai de dire que la marche actuelle nous a été tracée par une société dont [1.2]la France a accueilli les idées d’amélioration, avec un enthousiasme trop soutenu pour n’être pas raisonné. La Société des connaissances utiles a émis l’idée d’établir à Paris un bureau de consultations gratuites pour tous ses correspondans. C’est cette idée que nous reproduisons en la circonscrivant dans les bornes de notre spécialité. Il est encore vrai de dire que des conseils charitables existent dans l’ordre des avocats et dans la corporation des agens d’affaires litigieuses, connus sous le nom d’avoués. Mais ce sont des conseils charitables ouverts à l’indigent seul, et dont l’indigent lui-même s’éloigne ; ce sont des conseils charitables, et nos mœurs les repoussent. Les consultations gratuites que l’Echo des Travailleurs offre aujourd’hui aux lyonnais, ne peuvent offenser aucun amour propre ; elles ne sont que l’accomplissement d’un des devoirs de la société envers ses membres, et dont nous nous chargeons en attendant que la société mieux organisée nous en dispense. Les consultations données à l’Echo des Travailleurs, seront essentiellement gratuites ; sous aucun prétexte des honoraires ne pourront être offerts ni reçus ; elles ne seront pas un obstacle à ce que ceux qui en profiteront s’adressent, avant ou après, aux hommes d’affaires investis de leur confiance : il ne sera rien fait pour détourner cette confiance. Par une conséquence nécessaire de l’abnégation d’intérêt privé, qui est le caractère fondamental et la base de cette nouvelle institution, il est bien entendu qu’on ne se chargera ni de démarches, ni de défense à la barre d’aucun tribunal, ni d’actes quelconques de procédures. On ne pourra condescendre à aucune sollicitation à cet égard ; on ne se rendra également dépositaire d’aucun papiers. Nos concitoyens apprécieront, nous n’en doutons pas, un pareil établissement, unique aujourd’hui ; peut être, et nous le désirons ardemment, peut-être des hommes plus éclairés que nous imiteront notre exemple. Tant mieux ! nous aurons l’honneur d’avoir donné le signal : cette récompense nous suffira. Les consultations gratuites de l’Echo des Travailleurs commenceront au bureau de ce journal, jeudi prochain à midi, jusqu’à deux heures, et continueront ainsi tous les lundi et jeudi de chaque semaine, aux mêmes heures.
Le conseil général des manufactures a ajourné la demande de M. Kœchlin pour l’introduction des cotons d’Egypte par terre. Il a approuvé les deux propositions de M. Goujon, de Lyon, tendant, la lre, à lever la prohibition des foulards indiens, et à ce qu’ils ne payent que les mêmes taxes que les foulards anglais ; et la 2me que les foulards écrus soient admis sans droits, mais à la charge de réexportation après l’impression.
Les Dragons et les Ferrandiniers. [2.1]Dimanche dernier une scène scandaleuse et que nous devons porter à la connaissance de l’autorité et de nos concitoyens, a eu lieu à la Croix-Rousse chez la mère des compagnons ferrandiniers. Deux dragons, qui n’étaient nullement ivres, à ce qu’on assure, s’y sont présentés, et ayant trouvé quelques ferrandiniers qui jouaient aux cartes dans la salle du bas, ils les ont molestés en se prétendant envoyés par un commissaire de police, et demandant insolemment s’il n’y avait pas un tas de compagnons canuts assemblés. Les ferrandiniers leur répondirent qu’il y en avait beaucoup, mais non pas un tas, et que le mot de canut avait été remplacé par celui de ferrandinier. Une querelle s’est engagée, les dragons ont tiré leurs lattes, et de fâcheux accidens, des meurtres ! peut-être auraient eu lieu, si les autres compagnons qui étaient à un étage, supérieur n’étaient descendus et n’eussent imposé, par leur nombre, à l’audace de ces deux perturbateurs. Après les avoir désarmés, les ferrandiniers ont été chercher le commissaire de police de la Croix-Rousse qui a verbalisé et a fait conduire les deux militaires au poste, d’où ils ont été menés à Lyon. Nous ignorons ce qu’ils sont devenus, et le but de cette note est de le savoir, parce que justice doit être faite. Quelle était la mission secrète de ces deux dragons non ivres ? Qui les avait instruits de l’existence et de la demeure de la mère des compagnons ferrandiniers ? Nous sommes loin d’accuser qui que ce soit, mais si nous n’émettons aucune réflexion, c’est à condition que l’autorité, qui doit avoir intérêt à ce que la bonne harmonie subsiste entre les soldats et les citoyens, nous donnera des explications que nous nous empresserons d’accueillir et de transmettre. (Communiqué).
conseil des prud’hommes.
présidence de m. riboud. Séance du jeudi 16 janvier 1834. Gauchon, fabricant, demande la résiliation avec indemnité des engagemens de l’acte d’apprentissage de la demoiselle Didier : 1° attendu le mauvais caractère qu’elle montre, lorsqu’on lui fait des observations ; 2° attendu qu’elle gâte beaucoup de soie. Le conseil, ayant pris des renseignemens à cet égard, résilie les engagemens, et alloue 100 fr. d’indemnité. L’apprentie ne pourra se replacer que comme telle. Botaux, fabricant, demande à Regny et Degautier, négocians, une indemnité pour avoir monté un métier de mouchoirs, qui n’a fait que pour 150 fr. de façon, et auquel il a fait pour autant de dépenses, et n’avoir fabriqué qu’une pièce noire très mauvaise, de laquelle (ce qui a été constaté par la visite faite par deux membres du conseil) on ne pouvait faire que demi-journée. Le conseil alloue au dit Botaux 25 fr. pour toute indemnitéi. Cancalon, fabricant, demande au conseil que, vu son jugement du 9 du courant, qui a autorisé Damiron négociant, à lever la pièce et dessin de chez lui, sans qu’il ait même commencé le tissage, qu’il lui soit alloué, conformément à l’article 1794 du code civil, les dépenses qu’il a faites pour monter le métier et tout ce qu’il aurait pu gagner dans cette entreprise. Damiron prétend, au contraire, que c’est lui qui aurait dû être défrayé, vu le temps que l’on a mis à monter son métier, mais qu’il ne demande rien et ne doit rien donner Le conseil décide qu’attendu que les parties avaient été renvoyées par devant MM. Reverchon et Verrat, et que ceux-ci ont jugé l’indemnité du montage à 36 fr. 60 c, il ne sera alloué aucune autre indemnitéii.
i. Le sieur Botaux présentait au conseil sa note de frais qu’il avait faits pour monter son métier ; le conseil s’est refusé à la voir : les 25 fr. alloués peuvent à peine le dédommager de sa mauvaise pièce ; il lui reste par conséquent tous ses frais de montage. ii. Cancalon demande pourquoi on ne le fait pas jouir du bénéfice de la loi. Le conseil répond qu’il y a eu une enquête de laquelle il est résulté la preuve de provocation par injures de sa part. Cancalon demande qu’on lise ce rapport ; le conseil répond que ses rapports sont le secret du conseil.
Misères Prolétaires. (Suite.) un vigneron vieux et mendiant. [2.2]La Gazette des Tribunaux s’est amendée ; elle raconte simplement les malheurs du prolétaire, elle ne se fait plus un jeu cruel de plaisanter sur les vicissitudes de la fortune qui l’amènent innocent à rendre compte à la justice des torts de la société envers lui. Une ironie odieuse ne vient plus tristement embellir un récit affreux pour quiconque a des entrailles d’hommes, un cœur de citoyen. Les réclamations unanimes et énergiques de la presse ont sans doute contribué à ce résultat. La Gazette des Tribunaux ne rit plus de ce qui est digne de pitié, et les fastes judiciaires ne sont plus pour elle une scène de vaudeville. Ces réflexions nous sont suggérées par le récit suivant que nous lui empruntons, et comme nous nous étions élevés dans le temps contre elle, il était juste que nous lui donnions aujourd’hui la réparation qui lui est due. forget, octogénaire, est introduit dans la salle de l’audience de police correctionnelle de Paris, et là s’établit entre le président et lui le dialogue suivant : Le président. – Niez-vous avoir mendié ? Forget.– Oh ! pour ça non, mon président. Dam ! comment voulez-vous qu’on fasse autrement quand on a quatre-vingts ans, pas de rentes, et qu’on a besoin de manger ? Toute ma vie j’ai rempli honorablement l’état de vigneron ; mais à mon âge, quand bien même je voudrais travailler, on me refuserait de l’ouvrage. Qu’avait à répondre le tribunal à une déclaration aussi franche, aussi juste ? Rien. Aussi, il a, pour toute réponse, condamné Forget à vingt-quatre heures de prison. Sans doute la peine est légère, mieux encore elle est légale. Mais depuis quand la justice peut-elle condamner légalement à une peine légère qui n’a pas failli à la société ? Forget et tous ceux qui sont dans le même cas que lui sont-ils coupables. Oserait-on le dire ? et cependant la privation de sa liberté, seul bien qui lui reste, viendra lui prouver le contraire. Forget a rempli honorablement l’emploi de vigneron pendant quatre-vingts ans, c’est-à-dire que pendant ce long laps de temps, il a subi le devoir imposé à l’humanité. Son travail a fécondé la terre. Homme utile, exerçant le plus noble des arts, il ne peut plus aujourd’hui demander au travail son pain quotidien ; la société le repousse et l’abandonne ; la misère en fait sa proie, en attendant qu’elle le livre à la mort. O société barbare ! c’est ainsi que tu traites tes enfans. Tu viens processionnellement demander pour quelques-uns autant de mille francs que l’année compte de mois, et pour les autres, tu n’as pas une obole pour leur donner du pain ! Tu as des palais pour tes gouvernans, tu n’as pas une chaumière pour donner asile à tes vieillards ! Et vous voudriez, hommes puissans ! hommes riches ! que le peuple justement irrité de votre incurie, de votre partialité, n’adopte pas pour symbole une loi où il trouve écrit que la société régénérée promet assistance à chacun de ses membres !
Le Journal de Montbrison contient, dans son n° 54, un tableau curieux, duquel il résulte qu’un individu ayant 5 500 fr. de revenu net, vivant avec sa femme et trois enfans dans une ville de troisième ordre où les octrois sont peu de chose, dépensait cependant, sans aucune prodigalité, 5 212 fr. 60 c., dont 1 601 fr. 75 c. pour les taxes perçues par les lois fiscales ; il ne lui reste que 287 fr, 40 c, pour les dépenses imprévues. Ainsi, par exemple ; 25 livres de viande par semaine, soit 1 300 livres par an, ne valent que 390 fr., et paient à l’octroi 260 fr. Douze minots de sel valent 60 fr., et paient 180 fr. L’abonnement à un journal est de 80 fr, par an ; la valeur intrinsèque est de 30 fr. Le timbre et la poste y ajoutent 50 fr., etc.
AVIS sur la démonétisation prochaine DES MONNAIES NON DÉCIMALES. Beaucoup de personnes croyent que les pièces de 75 [3.1]cent., de 1 fr. 50 c. vont être retirées de la circulation ; c’est une erreur : nous croyons devoir mettre sous les yeux des lecteurs le texte même de la loi du 14 juin 1829. Article unique : « Les écus de six livres, trois livres, les pièces de vingt-quatre sous, douze sous et six sous tournois, ainsi que les pièces d’or de quarante-huit livres, de vingt-quatre livres et douze livres, cesseront d’avoir cours forcé pour leur valeur nominale actuelle, au ler avril 1834. Néanmoins, les percepteurs, receveurs particuliers et généraux les recevront au compte du gouvernement, pour leur valeur nominale actuelle ; jusqu’au ler juillet suivant. A compter de cette époque, ils ne seront plus reçus aux hôtels de monnaies que pour le poids qu’ils auront conservé, savoir : les pièces d’argent comme lingots, et payées comme lingots au titre de neuf cent sept millièmes, sur le pied de 198 fr. 53 c. le kil., et les espèces d’or, au titre de neuf cent millièmes sur le pied de 3,094 fr. le kil., conformément au tarif du 18 prairial an 11.
Nous recevons communication de la lettre suivante. M. Luard, docteur en médecine, Honfleur, le 21 septembre 1829, à M. Williams, ancien oculiste du feu roi Louis XVIII et de Charles X, oculiste honoraire de LL. MM. Louis-Philippe 1erLouis-Philippe Ier, roi des Français, et Léopold 1er, roi des Belges ; Actuellement à Lyon, hôtel des Colonies, rue Neuve de la Préfecture, n° 8. Monsieur, je me fais un devoir de rendre hommage aux excelles remèdes inventés par les hommes qui se livrent à l’exercice d’une des branches de l’art de guérir, et je ne puis sous ce rapport, monsieur, vous le refuser, ayant éprouvé un succès complet de vos topiques dans diverses maladies des yeux, et particulièrement chez une femme qui fut frappée devant moi de goutte sereine à l’œil droit, sans avoir, éprouvé antérieurement à cet accident aucune indisposition qui pût faire soupçonner cet affreux événement. Ayant examiné attentivement les deux yeux, la dilatation de la pupille, et son peu de contractibilité, il me fut aisé de prédire que sous vingt-quatre heures, peut-être elle serait privée de la lumière. En effet, ma prédiction ne fut que trop vraie, et cette personne fut plongée dans l’obscurité la plus complète ; on employa les vomitifs, les vésicatoires, sétons, sans aucun succès, et après cinq à six semaines de cet état affreux, je conseillai l’usage de vos remèdes, dont je m’étais servi avec quelque avantage dans des circonstances moins graves. Aussitôt arrivés, on s’empressa d’en faire usage, et, au bout d’un mois environ, la vue se rétablit peu à peu, et dans la suite elle devint aussi bonne qu’elle eut jamais été. Voila, monsieur, l’exacte vérité que je me plais à vous transmettre par écrit. Je dois aussi vous féliciter pour les heureux résultats que vous avez obtenus sur plusieurs personnes d’Honfleur qui sont allées vous voir au Hâvre, pendant votre dernier séjour en cette ville, soit entièrement aveugles, soit privées d’un œil, et ont par vos soins recouvré la vue, et continuent d’être dans un état très satisfaisant. J’ai également à vous remercier du traité sur les maladies des yeux et des oreilles, que vous avez eu l’obligeance de m’adresser ; et si j’ai tant tardé à vous en exprimer ma reconnaissance, c’est que j’espérais toujours passer au Hâvre avec mon épouse, dont je me proposais de vous prier d’examiner les yeux qui sont souvent affectés de petits dépôts qui forment dans le bord des paupières, ce qui les affaiblit au point, qu’elle ne peut plus s’occuper de son aiguille, travail qui charmait ses ennuis et faisait le bonheur de sa vie. Mais le mauvais temps sera cause que nous serons privés de l’avantage de vous voir. Recevez, je vous prie, l’assurance de la considération distinguée avec laquelle j’ai l’honneur d’être, monsieur, voire très obéissant serviteur. luard, d. m. Honfleur, le 21 septembre 1829.
Mont-de-Piété. VENDREDI prochain, 24 janvier, à quatre heures du soir, dans la salle ordinaire, rue de l’Archevêché, aura lieu la vente des effets mobiliers, engagés pendant le mois de DÉCEMBRE 1832 ; c’est-à-dire, du n° 77145 au n° 84457. Voyez, pour l’ordre des ventes, l’avis inséré dans le n° 6 du journal. Nota. Les dégagemens se font tous les jours jusqu’à midi.
RÉFLEXIONS
sur le résultat positif de l’étude des sciences. Parmi les travaux qui font l’honneur de notre siècle, il en est qui doivent occuper le premier rang ; ce sont ceux qui contribuent directement à la prospérité des nations. Les découvertes des Leblanc et Dizé, des Lebon, [3.2]des Bertholet, des Adam, des Achard, des Kirckoff, etc., ont droit à la reconnaissance de l’humanité ; ce ne sont pas seulement des conquêtes étonnantes dans la science merveilleuse, dans la chimie, mais des révolutions dans les habitudes des peuples. Leur action s’étendra sur tous les habitans du globe1 ! La découverte de Leblanc et Dizé a détruit l’immense commerce des soudes d’Espagne et a modifié celui des potasses. Aujourd’hui la presque totalité de l’alcali consommé est le produit de la décomposition du sel marin. Lebon porta une atteinte fort grave à la culture des plantes oléagineuses en ouvrant d’autres sources à l’éclairage. L’application du chlore au blanchiment due à Bertholet, a créé une foule d’industries qui ont accru dans une proportion considérable le bien-être du peuple. Quelle influence immense n’exerca pas journellement l’abaissement du prix et l’augmentation de la qualité des liqueurs spiritueuses, due aux procédés de distillation inventés par Adam ? Achard a plus fait contre la traite des nègres que les flottes réunies de la France et de l’Angleterre, en dépouillant les colonies du privilége de la culture du sucre. Kirckoff a tiré de la fécule de pomme de terre un produit nouveau. L’invention de cette nouvelle denrée déplace déjà bien des positions sociales, et en quelques années cette découverte amènera une révolution agricole qui sera toute dans l’intérêt des masses. La Hollande faisait avec l’Inde un commerce considérable ; les Hollandais y portaient les productions européennes et en rapportaient du borax qu’ils avaient seuls le secret de raffiner et qu’ils nous faisaient payer fort cher. Depuis 1817, ce produit fait à Paris avec des matières indigènes. La Hollande fournissait à l’ Europe le vermillon, le sublimé, le mercure doux, le camphre raffiné, etc. etc., etc., tous objets, qui se fabriquent à GrenelleGrenelle, à Vaugirard, etc. Elle était presque exclusivement chargée de la fabrication de la colle forte qui se consommait en France ; aujourd’hui nous la faisons plus belle, meilleure et à moins de frais. La Hollande fournissait encore à l’Europe le blanc de céruse, que l’on fait aujourd’hui partout. Ces nombreux résultats, avantageux pour nous, ont porté un coup mortel au commerce de la nation batave, et c’est la véritable cause du malaise qu’elle ressent. L’extrême facilité avec laquelle on convertit toutes les fécules en sucre, permettra de faire abondamment du vin, de l’eau-de-vie, non seulement avec ce tubercule, mais aussi avec le riz, le millet, le maïs, le manioc et toutes les autres substances végétales contenant de l’amidon. Cette conversion peu coûteuse des fécules en sucre, permettra de l’employer avantageusement à la confection de la bière : donc la culture de l’orge perdra aussi de son importance. Mais la simplicité de ce travail, la possibilité de le faire en petit et si facilement, permettra aisément de frauder les droits, et dès-lors nuira d’autant plus à la culture de la vigne, qu’aujourd’hui la conversion de l’alcool en vinaigre donne un produit supérieur qui ne coûte pas 15 c. le litre, tandis qu’on retire actuellement trois fois plus d’alcool de la pomme de terre qu’on en obtient par l’ancienne méthode. Ces observations, d’une haute importance, doivent fixer l’attention des législateurs. Enfin, la panification de toutes les fécules par des procédés que j’ai rendu publics, nous mettra, en augmentant la masse alimentaire, à l’abri des famines ou au moins de ce trafic scandaleux des blés du nord. Puisqu’il est prouvé que toutes les fécules sont chimiquement identiques, on peut les employer pour la confection du pain, et cette application sera un immense bienfait que la science rendra aux malheureux. Il est important que tous les peuples sachent que la fécule est la base alimentaire contenue dans toutes les substances végétales employées pour la nourriture de l’homme ; qu’elles ne diffèrent entr’elles que par un léger goût dépendant d’une petite quantité d’huile essentielle qui n’a pas d’action sur l’organisation ; qu’ils sachent que le pain n’est nourrissant qu’en proportion de la quantité de fécule qu’il contient. En sorte que [4.1]le pain blanc de Paris ne nourrit que comme 50 p. 0/0 parce qu’il contient environ un tiers d’eau comme principe constituant, 17 p. 0/0 de matière indigestible et 50 de fécule. L’étude des sciences fera cesser l’empire despotique des préjugés, et les inventeurs trouveront peut-être par la suite, dans la munificence nationale, les moyens de vivre honorablement au lieu de terminer leur carrière dans les hôpitaux comme cela ne s’est que trop vu jusqu’ici. Serait-ce un pressentiment qui rendrait les aristocrates, c’est-à-dire les riches de tous les pays, si peu généreux en faveur des hommes créateurs ? Si une aussi cruelle prévoyance est de nature à soulever d’indignation contre leur égoïsme, il faut avouer qu’elle fait honneur à leur jugement et à leurs lumières, car rien n’est plus révolutionnaire que la science : elle tend à affranchir le pauvre en lui procurant une existence indépendante du bon plaisir. gannal2.
SouscriptionPour les ouvriers incendiés d’Annonay. Nous avons inséré dans le n° 11 du journal, les listes de souscriptions ouvertes en faveur de ces malheureux chez MM. Périsse frères, libraires et Desgrand, père et fils, commissionnaires, montant la 1re à 270 fr. 50, la 2me à 145. Total : 415 fr. 50 c. Une autre liste de souscription a été remplie par les soins de MM. Guitton-Lacombe, et monte à : 760 fr. Total : 1 175 fr. 50 c. Nous nous empressons de constater ce résultat honorable pour notre ville. Il ne faut jamais, on le voit, douter de la philantropie des Lyonnais, et nous devons le dire, parce que avant tout nous devons être justes, c’est dans le haut commerce et la classe aisée que cette souscription ainsi que celles en faveur de Coquelin et des ouvriers incendiés du Garillan, ont été remplies. L’Echo des Travailleurs adresse au nom des prolétaires, des remercîmens publics aux hommes riches qui amendent ainsi le vice de nos lois. Ces éloges ne sont pas suspects dans sa bouche.
Variétés.
Emigration européenne. – 103,140 individus ont quitté l’Europe en 1832, pour se rendre, savoir : 66 339 de la Grande-Bretagne dans les colonies anglaises d’Amérique ; 196 au cap de Bonne-Espérance, 3 755 dans les terres australes, et 32 872 aux Etats-Unis d’ Amérique. Géologie. – On a trouvé près de Salins des ossemens que M. Parant, naturaliste, attribue au mammouth, dont l’espèce est perdue. Longévité. – Le 4 août dernier, à Caluire près Lyon, est décédé Jean-Claude Chabert, à l’âge de 101 ans ; il était né à Charly (Rhône), le 23 juillet 1732. Ce vieillard s’occupait de la recherche de la pierre préphilosophale et d’opérations nécromanciennes. Idem.– Il y a peu de temps, le citoyen Dando est mort à Lupiac (Gers), à l’âge de 120 ans. Marine. – M. Conninck, capitaine de vaisseau Danois a inventé un instrument qu’il a appelé clinomètre, lequel indique de suite et avec précision la différence du tirant d’eau des navires. Mécanique. – Un ingénieur de Paris vient d’inventer un moteur physico-chimique, destiné à remplacer la vapeur ; il va, dit-on, construire des voitures publiques qui circuleront dans Paris, elles marcheront et s’arrêteront à volonté. Leur vitesse sera cependant de 5 lieues à l’heure. Ce moteur n’a rien de dangereux, est sans odeur et ne produit pas plus de fumée qu’une lanterne de voiture.
Lectures Prolétaires. Dédaigner certaines personnes que l’on connaît, me semble assez naturel ; mais dédaigner celles que l’on ne connaît pas, me paraît absurde. On devrait du moins en essayer. (Doutes sur quelques opinions) Dans un nombre d’années, il y aura dans les villes des hommes nouveaux ; dans les maisons, de nouveaux habitans ; dans ce monde, un monde nouveau. Ceux qui l’habiteront alors diront à leur tour : Nous mourrons tous, on viendra méditer sur notre tombe. (Anonyme)
Extérieur. [4.2]espagne. – On annonce une insurrection libérale dans la Catalogne. Les généraux Morillo, Quesada et Llander seraient à la tête. perse. – Le prince royal Abbas-Mirza est mort. Feth-Ali-Scha, son père, âgé de 80 ans, est malade. Sa mort sera le signal d’une guerre civile dont la Russie profitera1. portugal. – La lutte continue entre don Pedro et don Miguel2.
Lyon. Le cit. tiphaine, de l’innocence duquel nous n’avions jamais douté, a été acquitté, mercredi dernier, de l’accusation d’escroquerie qu’on avait témérairement lancée contre lui, lorsqu’il fut acquitté pour l’affaire du cimetière de Loyasse. – Le cit. reverchon, éditeur des feuilles populaires, Le Précurseur du Peuple, La Voix du Peuple, etc., que les saisies du parquet ont empêché de crier dans les rues, a comparu mercredi dernier devant le juge d’instruction. – La Propagande démocratique fera vendre demain, à 11 heures, des écrits patriotiques.
M. RAY a été appelé par M. le préfet pour conférer sur l’élection des prud’hommes chefs d’atelier. Il s’est rendu accompagné de M. Charnier auprès de ce magistrat. M. Gasparin a déclaré que ce n’était que pour faire concorder autant que possible l’exécution de la loi avec l’ordonnance du 18 juin dernier, qu’il avait retranché M. Labory du nombre des sortans, mais que, voyant l’impossibilité d’arriver à ce but, il allait écrire au ministre pour obtenir une nouvelle ordonnance, et que par suite, le conseil des prud’hommes serait probablement réorganisé en entier. Il a même ajouté qu’il ferait en sorte d’obtenir une modification en faveur de la classe ouvrière et de faire descendre l’électorat à la seule possession de deux métiers. (Communiqué).
cancans.
Un paysan, des environs de St-Nicolas, est réveillé dernièrement en sursaut… Eh ! l’ami, êtes-vous au lit ? – Que voulez-vous ? – Rien, c’est la patrouille. – C’est bon. Et le paysan se rendormit on ne peut mieux. Pendant ce temps, la patrouille, qui n’était autre qu’une bande de voleurs, le dévalisa complètement de sa récolte. On lit sur la porte du bureau d’un fonctionnaire public d’un des arrondissemens méridionaux du département des Ardennes : « Le bureau est ouvert depuis huit heures du matin jusqu’à midi, et réouvert depuis deux heures jusqu’à la nuit. Cependant il est fermé le matin de neuf à onze heures, et l’après midi de trois à quatre heures. Il est encore fermé pendant une demi-heure au moment de l’arrivée et du départ du courrier. »
Produit chimique, tablettes végéto-minérales, Pour faire couper les rasoirs, canifs, instrumens de chirurgie, etc. Manière de se servir des tablettes : Vous frottez votre tablette sur un cuir, très légèrement, vous donnez le mordant à la minute. Prix des tablettes : 10 sous, 1 franc et 2 francs. Chez M. GUIOT, rue Bourg-Chanin, n° 12, au premier. La voix du peuple. Chansonnier républicain ; un volume in douze de 100 pages d’impression, contenant quarante chansons ; prix : 50 c. On souscrit à Lyon, chez les citoyens Prot, rue Lanterne, n. 5, au 2me ; Beaune, place Sathonay, n. 4, au 1er ; A la Guillotière, chez Raoul, rue Louis-le-Grand, n. 2, au 2me ; aux Brotteaux, chez Chauvy, avenue de Saxe, n. 18, au 4me ; à la Croix-Rousse, chez Gauthier, marchand de vin, Grande-Rue.
Notes
(RÉFLEXIONS)
Il est ici question des chimistes Nicolas Leblanc (1742-1806), Jérôme Dizé (1764-1852), Claude Louis Berthollet (1748-1822), Claude François Achard (1753-1809) et Téophile Kirchhoff (1764-1833). Il s’agit sans doute du docteur Jean Nicolas Gannal (1791-1852), spécialiste réputé de l’embaumement.
Notes
(Extérieur. [4.2] espagne . – On annonce une...)
Considéré comme un pionnier réformateur de l'Iran moderne, Abbas Mirza (1789-1833) fut en effet le principal adversaire de la Russie tsariste dans la conquête du Caucase. Après avoir laissé le trône du Portugal à son frère Michel pour aller diriger le jeune Etat brésilien en 1822, Dom Pedro 1er (1798-1834) revint au Portugal suite à son abdication en 1831. La « Guerre des deux frères » qui s’ensuivit se solda, en 1834, par la mise sur le trône la fille de Dom Pedro, qui régna jusqu’en 1853.
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