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15 avril 1832 - Numéro 25 |
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[1.1]Ceux de MM. nos Abonnés, dont l’abonnement est expiré au 7 avril, sont priés de vouloir bien venir le renouveler, s’ils ne veulent point éprouver de retard dans l’envoi de notre Feuille, ne pouvant continuer d’envoyer recevoir à domicile.
Lorsqu’après les déplorables événemens de novembre nous fûmes amenés par les circonstances à faire notre profession de foi, nous la fîmes avec franchise et loyauté, parce que nous ne voulions pas laisser planer sur nous les soupçons odieux d’être les ennemis du trône de juillet et des institutions qui nous régissent ; nous ne voulions pas non plus qu’on nous prît pour des fauteurs d’émeutes, nos intentions étant pures, et nous montrâmes alors la route que nous nous proposions de suivre. Notre Feuille, consacrée à la défense de la classe industrielle, a dû s’élever avec force contre tous les abus tendant à écraser les travailleurs ; nous avons dû mépriser les petites haines de l’amour-prope blessé, et frapper de notre fouet tout ce qui ne se montre pas digne du grand siècle où nous vivons et de cette patrie qui est la première nation du monde. Nous avons enfin dû vouer au mépris des gens de bien, ce petit nombre d’hommes avides et sans pitié pour qui l’artisan n’est qu’un instrument dont ils se servent pour arriver à la fortune, ne se rappelant plus qu’eux-mêmes sont sortis de cette classe prolétaire qu’ils tyrannisent aujourd’hui. Cependant, si dans notre profession de foi, nous avons dit que notre Feuille serait le journal du peuple ; et, certes, l’Echo de la Fabrique peut se flatter de n’avoir point dérogé de ses principes ; nous avons dit aussi que nos louanges ne seraient point exclusives, et que tout vertueux citoyen qui ferait quelqu’acte en faveur des [1.2]artisans, trouverait en nous des organes dévoués toujours prêts à publier une bonne action. C’est ainsi que des honorables fabricans nous ayant fait parvenir leurs dons pour les ouvriers malheureux, nous nous sommes empressés de l’annoncer, n’ayant qu’un seul regret, celui de ne pouvoir publier leurs noms pour les offrir aux bénédictions d’une classe malheureuse sans doute, mais douée d’une profonde sensibilité. Aujourd’hui notre tâche est bien facile, nous disons bien facile parce que nos cœurs sont mus par un sentiment de vénération, quand nous voyons des écrivains s’associer à nous pour le bien des prolétaires, dont nous sommes les organes fidèles. Nous allons prouver à ceux qui ne voient dans notre Feuille qu’un journal hostile, qu’ils n’ont jamais connu toute notre impartialité. Le Courrier de Lyon qui, lui-même, nous a assez maltraités sous les rapports d’ordre et de paix, s’est trompé aussi sur notre caractère, et ses attaques contre nous n’ont été que le fruit de l’erreur ; nous lui avons répondu avec fermeté, parce que, dans ses articles, le pauvre était toujours le pauvre, c’est-à-dire un homme incapable, qui ne devait que travailler et manger un morceau de pain !… Aujourd’hui, le Courrier revient à des sentimens mieux en harmonie avec notre siècle, et nous l’en félicitons. Son article intitulé : de l’importance de la nomination des prud’hommes, doit avoir été lu avec plaisir par tous les hommes généreux qui pensent que les ouvriers et les fabricans sont égaux, qu’ils se doivent de mutuels égards, et que de leur union dépendent le bonheur et la prospérité de notre ville manufacturière. Nous en allons extraire quelques passages, car nous croyons que les électeurs chefs d’ateliers peuvent prendre pour eux ce que le Courrier de Lyon adresse aux fabricans. Voici comment s’exprime cette feuille : « Nous convenons que la nomination des membres qui représentaient les ouvriers au sein du conseil était [2.1]tout-à-fait ridicule et fautive. Le mode actuel est plus rationnel, et nous nous félicitons de son adoption. La classe ouvrière, dans la personne de ses élus, se trouvera, pour la première fois, en communication directe et officielle avec le corps des fabricans. Bien des préventions s’évanouiront par suite de ce contact ; l’on reconnaîtra enfin que l’intérêt des ouvriers est parfaitement identique avec celui des fabricans, et qu’un mal quelconque ne saurait frapper les uns sans atteindre les autres. Ainsi disparaîtra cette erreur populaire, malheureusement trop accréditée, qui faisait considérer ces deux classes d’industriels comme naturellement ennemies l’une de l’autre. « Nous ne saurions trop recommander à MM. les fabricans de s’occuper de l’importante nomination qu’ils ont à faire le 11 avril, et de fixer leur choix sur des hommes fermes et éclairés. Le conseil des prud’hommes aura plus d’une fois à stipuler avec l’administration locale et le gouvernement de l’état ; il faut le constituer de manière qu’il porte sa voix haut et loin. Les représentans d’une classe d’industriels qui produisent annuellement pour 90 millions de francs, doivent être, dans l’organisation actuelle de la société, une véritable puissance. La force qu’ils tirent de leur mandat doit leur donner une autorité sans rivale, et leur activité doit suppléer à l’inertie des membres de certains autres corps dont l’origine est différente. L’industrie lyonnaise attend plusieurs améliorations notables du nouveau conseil. Par exemple, depuis six ans au moins des vices nombreux sont reconnus dans le mode de dessication, pratiqué dans l’établissement de la Condition publique des soies. Il y a plus d’un an qu’une commission nommée par la chambre de commerce a dû examiner trois nouveaux modes proposés, l’un par M. Talabot, l’autre par M. Félissen, directeur de la Condition ; le troisième par M. Andrieux. Si nous sommes bien informés, le premier seul a subi un examen approfondi, et cependant depuis que les divers appareils d’essais ont été préparés par leurs auteurs, ce n’est pas la bonne volonté de ces derniers qui a manqué, encore moins pourrait-on dire que c’est le temps. D’autre part, la loi qui a institué le conseil des prud’hommes, lui a confié le soin de faire faire tous les ans un recensement général du nombre des métiers occupés à la fabrication des étoffes de soie ; ce qui n’empêche pas que dans ce moment l’administration et les fabricans eux-mêmes ne soient, à cet égard, dans une ignorance profonde. Il serait cependant fort important d’avoir sur un semblable sujet des données certaines. Qui pourrait croire que les évaluations varient de 20 à 40 mille ? Le nouveau conseil comprendra, nous n’en doutons pas, toute l’importance de sa mission, et il l’accomplira convenablement. Dire que par ses attributions judiciaires et consultatives, il aura la plus grande influence sur les destinées de notre fabrique, c’est dire qu’il aura une influence pareille sur celles de notre ville. Voilà pourquoi nous faisons, dans l’intérêt de sa composition, un appel à tous les fabricans appelés à participer à l’élection du 11 avril. Il faut espérer que, grâce au concours du plus grand nombre possible d entre eux, l’industrie lyonnaise de la fabrication des soieries aura tout à la fois des juges éclairés et des représentans dignes d’elle. » Nous n’ajouterons rien à ce raisonnement plein de [2.2]sens. Nous souhaitons que le Courrier de Lyon parle toujours ainsi, et nous lui en saurons gré ; car ce ne sont pas des discussions violentes que nous voulons, mais seulement le bonheur de la classe qui nous intéresse et à laquelle nous serons toujours dévoués.
Dans l’intérêt des électeurs chefs d’ateliers, nous croyons devoir publier de nouveau le titre 2 de l’arrêté de M. le préfet, concernant les lieux où doivent s’assembler les sections électorales, ainsi que le mode d’élection. Art. 5. Les électeurs chefs d’ateliers ou ouvriers des huit sections, sont convoqués pour le dimanche 15 avril prochain, à sept heures du matin. Art. 6 Les électeurs de chaque section se réuniront dans les locaux qui leur sont assignés ci-après, savoir : La 1re section, dans la salle de la Bourse, au palais St-Pierre. La 2me, dans la salle de la Bibliothèque, ou Collège royal. La 3me, dans la salle de la Loterie. La 4me, dans la salle d’audience des assises, au palais de Justice, place de Roanne. La 5me, dans l’une des salles du Tribunal civil, place St-Jean. La 6me, dans la salle de M. Orsière, grande place de la Croix-Rousse. La 7me, dans la salle de la mairie de la Croix-Rousse. La 8me, à la mairie de la Guillotière. Art. 7. L’assemblée du premier arrondissement sera présidée par nous, ou par le conseiller de préfecture que nous déléguerons. Art. 8. Les assemblées des 2e, 3e, 4e et 5e sections seront présidées, l’une par le maire de Lyon, ou celui des adjoints qui en remplira les fonctions, et les trois autres, chacun par l’un des adjoints ou des conseillers municipaux désignés par le maire. La 6me section sera présidée par l’adjoint remplissant les fonctions de maire de la Croix-Rousse ; la 7me sera présidée par l’un des autres adjoints ou par l’un des conseillers municipaux délégué à cet effet par l’adjoint exerçant les fonctions de maire de cette commune ; la 8me section sera présidée par le maire de la Guillotière. Art. 9. Conformément à l’art. 17 du décret précité du 11 juin 1809, le président de chaque section nommera un secrétaire et deux scrutateurs. Art. 10. L’assemblée de chaque section élira au scrutin secret, à la majorité absolue des suffrages, au premier tour de scrutin, ou, s’il y a lieu, à la pluralité des voix dans un second tour de scrutin, un prud’homme parmi les électeurs de la section, âgé de trente ans accomplis. Les bulletins seront écrits, dans la salle de l’assemblée, sur une table disposée à cet effet.
Les électeurs marchands-fabricans se sont assemblés mercredi, à la salle de la Bourse, pour élire 9 membres composant la section de la soierie, du conseil des prud’hommes. Le nombre des marchands-fabricans est de 500, celui des votans a été de 177. MM. Clément Reyre a obtenu : 162 voix. Riboud : 148 Gamot : 142 Reverchon : 130 Brisson : 125 Bonnet : 121 [3.1]Goujon: 119 Estienne, ancien membre : 107 Vuldy : 97 Les sus-nommés ayant obtenu un nombre de voix qui dépasse la majorité absolue, ont été proclamés membres du conseil.
NOUVEAU CONSEIL DES PRUD’HOMMES 1
Le nouveau conseil des prud’hommes, tel qu’il va être organisé, sera mieux en harmonie avec les besoins de l’industrie manufacturière, et nous avouons que c’est un grand pas fait dans la carrière des améliorations. Bien des gens, et nous ne sommes pas de leur opinion, disent qu’on n’a rien gagné, et que le peuple à beau réclamer, les gouvernans sont toujours sourds à sa voix. Pourtant voici venir une amélioration qui, selon nous, fera époque dans la fabrique d’étoffes de soie, et ceux qui voient avec indifférence la nouvelle composition du conseil des prud’hommes, ne comprennent pas leurs intérêts. Nous dirons à ceux pour qui cette amélioration ne semble qu’un palliatif : De quoi vous plaignez-vous ? pourquoi réclamez-vous sans cesse contre les abus ? vous n’allez, dites-vous, jamais pardevant les prud’hommes ; ainsi, peu vous importe que le conseil soit bien ou mal composé ? Mais si par faiblesse ou par insouciance vous adhérez à tout ce que veut votre fabricant ; si vous préférez perdre et votre travail et vos frais de harnais, plutôt que de le traduire à la barre du conseil, croyez-vous que le conseil ne vous soit pas encore utile ? n’est-il pas là comme une digue puissante ou viennent se briser les efforts de l’égoïsme ? croyez-vous que sans lui, tel qui n’ose point vous accabler, parce qu’il craint ce tribunal, aurait tant de ménagement ? Le conseil des prud’hommes est comme la loi écrite ; il effraie et retient celui qui aurait la pensée de forfaire. Pour nous qui sentons toute l’importance de cette amélioration, nous nous reposons sur le nouveau conseil pour détruire tous les abus qui entravent la marche de l’industrie. C’est de sa nouvelle jurisprudence que doit jaillir une source de prospérité pour nos manufactures, et partant pour notre cité. Les hommes qui sont appelés à en faire partie, doivent être pénétrés de la haute mission qu’ils auront à remplir et de la grandeur de leurs devoirs. Ouvriers et fabricans, c’est à eux de s’entendre afin d’établir une jurisprudence sur des bases larges et solides ; que les petites haines, l’amour-propre et l’intérêt n’aient point d’accès auprès d’eux ; c’est de leur bonne harmonie que peut résulter et la vraie justice et la répression des abus. Les prud’hommes, bien unis et faisant tous une abnégation sincère du passé, réuniront à leurs voix deux classes séparées trop long-temps en deux camps ; deux classes enfin qui ne peuvent exister l’une sans l’autre. Leurs paroles de paix et de concorde porteront l’union et la prospérité dans notre ville manufacturière, et feront oublier ces déplorables collisions dont le souvenir déchire l’ame de tout vertueux citoyen. Telle est la haute mission que les nouveaux prud’hommes auront à remplir. Elle sera grande, sublime ! et ceux qui seront appelés par les suffrages de leurs concitoyens à ce poste, que nous croyons pouvoir appeler poste d’honneur, doivent y apporter tout le zèle et tout le désintéressement dont est susceptible l’homme de bien. Pénétrés à notre tour de notre mission, nous rendrons toujours compte des séances du conseil, et notre tâche sera facile à remplir ; car nous croyons n’avoir dorénavant que des louanges à lui adresser sur son impartialité [3.2]et sur ses lumières. S’il n’en était pas ainsi, et si nous étions trompés dans nos prévisions, notre Feuille, consacrée aux intérêts industriels, aurait assez de courage pour rappeler des juges à leur devoir, et livrer au public les noms de ceux dont la conduite serait peu généreuse. Mais nous pensons que le choix que feront les électeurs, nous épargnera les réflexions pénibles et les tristes effets d’une censure méritée.
DU DÉCHET ET DES TIRELLES. 1
De tous les temps, et dans tous les pays manufacturiers, il a été reconnu que les matières propres à fabriquer les étoffes font du déchet en les travaillant. Ce fait a toujours été reconnu dans notre ville ; les premiers réglemens de notre fabrique en font foi. Autrefois les maîtres-gardes et de nos jours les prud’hommes, ont suivi ces usages comme la base de toute règle juste et équitable. Depuis la publicité des séances des prud’hommes, aucun de ses arrêts n’a démenti ce principe de sa jurisprudence ; au contraire, le conseil a confirmé, par plusieurs jugemens, qu’une tirelle était due toutes les pièces, et que les déchets devaient rester fixés comme précédemment : 1° Pour les soies teintes crues, cuites et souples, à 3 pour 100 ou 12 deniers par livre ; 2° que pour les matières laines et bourres de soie, il restait fixé à 4 1/2 p. 100 ou 18 deniers par livre ; 3° sur les soies teintes en gros noir et sur les cotons divers, à 3 3/4 p. 100 ou 15 deniers par livre ; 4° que seulement une diminution serait faite sur les matières crues non teintes, que l’on est forcé de coller pour tisser le crêpe de Chine, et que ces déchets seraient fixés à 1 1/2 p. 100 ou 6 deniers par livre. Pour les chaînes laines ou coton, il n’a encore rien été décidé. Par la publicité que nous donnons des séances des prud’hommes, ses jugemens sont également connus des négocians et des chefs d’ateliers ; ces derniers n’ont jamais cessé de réclamer leurs droits, qui, comme nous venons de le prouver, furent toujours reconnus par le conseil. Comment expliquer aujourd’hui la ténacité de quelques fabricans, à refuser à leurs ouvriers, soit les 15 gr. pour tirelles, soit les déchets, en leur en contestant la valeur fixée, supposant qu’ils ne doivent point donner de déchet sur les chaînes, et que le déchet fixé sur le gros noir, laine et bourre de soie, ne doit pas être plus élevé que sur les soies cuitesi. Ces raisonnemens sont faux et captieux, et quelques négocians ne s’en servent que pour enlever à l’ouvrier timide ce qui lui est dû, et que ce dernier n’ose réclamer devant le conseil dans la crainte de manquer d’ouvrage ; ces manœuvres sont regardées, même par les honnêtes négocians, comme une tyrannie qui empêche une réconciliation sincère entre deux classes obligées, par leur industrie, d’être continuellement en rapport, et qui se devraient également confiance l’une et l’autre. Que ceux qui osent prendre le titre de chefs naturels des ouvriers, et qui au fait ne sont pas plus qu’eux dans l’ordre social, puisque tous sont égaux devant la loi, montrent l’exemple de la justice et de l’équité envers leurs ouvriers ; qu’ils respectent les décisions du conseil des prud’hommes ; qu’ils se conforment aux usages et aux règles générales que l’égoïsme de quelques-uns d’entre [4.1]eux a essayé de détruire en substituant leurs coutumes arbitraires qu’ils faisaient avec ostentation afficher dans la cage de leurs magasins. Eh bien ! nous le répétons, que toutes ces manœuvres tyranniques et vexatoires, introduites depuis peu d’années, et que l’on eût rougi d’employer il y a 50 ans, cessent ! Que les négocians se fassent gloire d’être justes et prêts à secourir les ouvriers, dont le plus grand nombre est à la misère ! En un mot, que tous les usages qui sont une loi acquise pour les ouvriers, les déchets, les tirelles, les laçages de cartons et les défrayemens pour les montages de métiers, leur soient religieusement payés ; alors les fabricans seront assurés de l’estime et de la bienveillance de tous.
i MM. Coutance et Marie ne veulent point consentir à payer le déchet du gros noir à 15 deniers par livre. Ils refusent même de porter un déchet sur le poids de la chaîne, et viennent de refuser de l’ouvrage à un ouvrier qui, se trouvant en solde, réclamait contre cette injustice.
Dans plusieurs articles, nous avons démontré l’avantage des écoles lancastriennes sur les vieilles méthodes. Nous avons prouvé, par des exemples, aux pères de famille, que le sacrifice de deux années dans ces écoles mettrait leurs enfans à même de prendre part à tous les avantages qu’offre à l’homme la civilisation. Si l’on peut appeler sacrifice ce devoir que l’on contracte en donnant le jour aux enfans, devoir sacré qui doit être inné dans le cœur d’un bon père. Nous avons fait un appel aux classes industrielles ; nous avons eu assez de franchise pour leur dire que la négligence était la seule cause par laquelle les enfans manquaient aux écoles ; car nous en avons eu la triste preuve, et nous nous sommes élevés contre cette insouciance, qui prive tant d’êtres du bienfait de l’instruction et la société de talens qui restent enfouis dans l’ignorance. Aujourd’hui c’est à MM. les professeurs que nous allons nous adresser : eux aussi accusent la classe industrielle de négligence, et ils ont raison ; car beaucoup d’entr’eux se vouent à l’instruction avec une persévérance digne des plus grands éloges ; mais malheureusement il n’en faut qu’un seul pour faire décrier une méthode par le peu de soins qu’il donne à ses élèves ; et voilà ce qui a fourni souvent des armes aux ennemis de l’enseignement mutuel. Nous avons souvent par goût visité les écoles lancastriennes de Lyon, et nous avons trouvé qu’en général les élèves ne travaillaient pas assez long-temps. Le travail devrait être de dix heures par jour, cinq heures le matin et cinq heures le soir, du moins en été. Nous voudrions que jamais les professeurs ne laissassent à des moniteurs généraux la direction de plusieurs heures de travail, et c’est pourtant ce qui arrive souvent. Un professeur ne doit jamais s’absenter de sa classe ; car c’est de sa surveillance que dépendent les progrès que doivent faire les élèves. C’est par de telles négligences que dans quelques quartiers on a discrédité l’enseignement mutuel, parce que trop négligés les élèves n’avaient pas profité des bienfaits de la méthode. Les professeurs doivent savoir que pour qu’une nouvelle méthode soit adoptée, quand bien même elle est reconnue supérieure aux anciennes, il faut qu’elle fasse des prodiges, tant sont difficiles à déraciner les préjugés et les vieilles routines. Nous voudrions aussi qu’on exerçât davantage la mémoire des élèves : il nous semble qu’on pourrait leur faire apprendre une leçon tous les jours et la leur faire réciter le soir ; selon nous, cultiver la mémoire d’un élève, c’est le rendre apte à toutes les sciences ; nous en avons vu d’heureux résultats dans plusieurs classes, [4.2]notamment dans celles de MM. Germain et Laugier. Chez M. Germain, nous avons vu des élèves de 12 à 13 ans faire des prodiges ; il est vrai que le professeur sacrifie jusqu’à sa santé pour les progrès de l’instruction ; mais aussi les parens des élèves lui rendent une éclatante justice. Dernièrement, nous visitâmes l’école lancastrienne de M. Arnaud, clos Dumont, à la Croix-Rousse, nous fûmes frappés de la mémoire de ses élèves ; plusieurs d’entr’eux, interrogés par nous à livre ouvert, récitaient toutes les phrases d’un Télémaque prises au hasard. Nous passâmes à l’orthographe des mots, et toutes les réponses furent on ne peut plus satisfaisantes ; ces élèves avaient tout au plus 8 à 10 ans. M. Arnaud travaille beaucoup et doit devenir l’un des professeurs en réputation de notre ville. Si tous les professeurs agissaient comme ceux que nous venons de citer, les détracteurs des écoles lancastriennes seraient depuis long-temps réduits au silence. Mais, malgré la surveillance active de la commission élémentaire, il en est qui négligent leur école et discrédite par cela le mode d’enseignement. Nous disons toute notre pensée avec franchise, parce que, partisans des idées nouvelles, nous sommes assurés que les écoles mutuelles bien régies rempliront le but que se proposent les honorables citoyens qui se vouent à l’instruction populaire, et porteront dans cette partie intéressante de la population qu’on appelle prolétaire, cette instruction dont elle a été privée jusqu’à ce jour, et qui fait la grandeur et la prospérité des états. A. V.
Des bruits d’empoisonnemens ont circulé à Paris pendant plusieurs jours, et ont eu d’affreux résultats ; il fallait bien s’attendre que la malveillance ne manquerait pas, dans notre ville, d’exploiter la crédulité du peuple, et c’est ce qui est arrivé. Pendant plusieurs jours, on n’a parlé que des puits qu’on avait empoisonnés à la Croix-Rousse ; nous avons voulu nous éclairer sur ces bruits absurdes ; voici ce que nous avons appris et que nous pouvons donner comme certain : Un jeune homme a été appelé pardevant le commissaire central pour avoir dit chez un fabricant qu’on empoisonnait les puits à la Croix-Rousse ; interrogé par M. Prat, le jeune homme a répondu qu’il tenait cela d’une femme à qui une autre femme l’avait dit ; voilà certes une assez forte preuve de commérage ; aussi le jeune homme a-t-il été relâché muni d’un certificat de M. le commissaire central. C’est delà bouche même du jeune homme que nous tenons tous ces détails. Ce qui a donné de la consistance à ces bruits, c’est que la ville, par une mesure de salubrité, a ordonné le curage des puits, et de là la malveillance de crier aux empoisonnemens. Nous invitons le peuple à ne pas croire à de pareilles absurdités. C’est déjà bien assez d’avoir à se prémunir contre le terrible fléau qui nous menace, sans se créer de nouvelles craintes, surtout lorsqu’elles sont dénuées de tout fondement, et qu’elles ne peuvent servir qu’à nos ennemis.
AU RÉDACTEUR.
Suite de la lettre de M. B. Rolland. (Voir notre dernier N°). C’est nous qui, entre un nombre égal de fabricans et d’ouvriers, viendrons peser avec l’impartialité la plus désintéressée de tout le poids de le justice, pour faire [5.1]pencher la coupe dans laquelle nous trouverons la raison. C’est ainsi que se feront les lois de l’association ; c’est ce conseil législatif dans lequel vous, nous, les fabricans siégeront, qui interprétera les articles réglementaires qui laisseraient accès à la discussion, qui révisera les comptes-rendus ; voilà toute sa tâche. A la direction active appartient l’application de la loi de l’association. Si à présent vous remarquez le renvoi relatif à l’art. 21 du projet de réglement, vous conviendrez qu’il distingue de la manière la plus positive les attributions de la commission centrale et celles de la direction active. Si vous considérez aussi que cette direction active est confiée aux comités d’arrondissement, de section, de quartier, qu’elle s’étend même aux assesseurs de quartiers, et comment sont composés ces comités, je doute que vous persistiez dans l’opinion que l’industriel y soit primé par l’aristocratie. Du reste, permettez-moi de relever cette expression ; je la crois très-mal appliquée à propos d’une œuvre de bienfaisance, dans laquelle tous les citoyens qui y participent sont égaux par le sentiment qui les réunit et qui doit leur inspirer une confiance réciproque ; en grâce, un peu d’abandon ! Ne voyez pas dans chaque chose, dans chaque intention, autre chose que ce qu’il y a réellement. J’établis quatre classes de sociétaires honoraires ; je l’ai fait pour que tout citoyen qui aime son pays, qui aime son semblable, puisse, quelle que soit sa fortune, participer à cet œuvre, l’expérience ne confirmera que trop ma prévision, les plus faibles contributions, celles qui viendront de ceux qui possèdent le moins, seront celles qui arriveront en plus grand nombre. Pouvez-vous alors redouter l’influence de gens qui, pour la plupart, sont dans une position semblable à la vôtre, qui tiennent à vous par vocation, par intérêt, par rapports d’habitude, de goût, de fréquentation, c’est impossible ! Ce que vous redoutez, et je le répète ? c’est une crainte mal fondée, c’est l’influence que pourraient exercer les fabricans sur l’administration. Eh bien ! je ne crains pas d’avancer que ceux qui s’associeront à cette institution, seront justement ceux en qui vous avez le plus de confiance, ceux qui méritent votre estime, et ce n’est pas ceux-là que vous craindrez d’admettre pour conseils. Cette crainte, pour être convenable, n’est pourtant pas justifiée, et je m’estimerais heureux si je pouvais parvenir à la détruire, ce serait une chose raisonnable et un grand acheminement vers le bien-être social, vers la prospérité publique. Je vous serai reconnaissant, Monsieur, si vous faites insérer cette lettre dans votre journal, ce sont des objets d’intérêt local qui devraient absorber exclusivement toutes les colonnes du vôtre et de plusieurs autres, beaucoup trop préoccupés de discussions absolument étrangères et le plus souvent très-indifférentes à leurs lecteurs, et, au risque d’un houra, je ne crains pas de dire qu’il n’en est pas un seul auquel ce reproche ne puisse s’appliquer. Il y aurait un rôle superbe à jouer pour un journaliste ; honneur à celui qui saura le comprendre, qui saura l’étudier, qui saura le soutenir avec calme, constance et courage ! J’ai l’honneur d’être, etc. B. Rolland. AU MÊME. Monsieur, Votre estimable journal signale chaque jour les abus dont on se sert pour accabler les chefs d’ateliers, et les [5.2]tenir dans cet état de détresse où ils sont plongés depuis si long-temps. Je crois remplir un devoir sacré en venant signaler à mon tour un abus que je ne sais comment qualifier. Voici le fait : Dimanche dernier, un chef d’atelier que je nommerai au besoin, me pria d’examiner son livre, afin de s’assurer s’il n’y avait point d’erreur. Jugez, Monsieur, de ma surprise lorsque je vis sur ce livre que le sieur Cocq, fabricant, avait fait 14 pesées sur un même dessin, et la même pièce, dans quatre rendues, qui faisaient un nombre de 14 mouchoirs. Je voudrais demander à M. Cocq pourquoi lorsque les ouvriers lui rendent plusieurs schalls, il ne les pèse pas tous à la fois ; si c’est par spéculation, j’en suis fâché pour lui, car ce ne serait pas très-bien agir ; si c’est par habitude de sa maison, il me semble qu’il devrait réformer cet abus dans l’intérêt des chefs d’ateliers et pour éviter le blâme qu’il s’attire. Agréez, etc. J. B. J.
de l’émeute des chiffonniers. Nil humanum à me alienum reputo. Le pain de l’aumône est amer ; il serait quelquefois insuffisant. L’homme est prédestiné au travail ; c’est à la sueur de son front qu’il doit gagner sa nourriture. Pénétrée de ces idées vraies et morales, la classe prolétaire, en arborant le drapeau noir de la misère, y a mis pour devise ces mots : Vivre en travaillant. Pour vivre, il faut à un ministre au moins 100,000 fr. ; il ne faut à un ouvrier pas même la centième partie. D’où vient cette différence ? Ils sont hommes tous deux ! mais l’un se trouve placé par le hasard au sommet de l’échelle sociale ; l’autre occupe le dernier échelon. A la rigueur, on pourrait diminuer au ministre les trois quarts de son traitement, il aurait encore de quoi vivre ; on ne peut rien ôter à l’ouvrier, parce que, de prime à bord, la société marâtre injuste, l’a réduit au strict nécessaire. Si donc le ministre proclame qu’il perdrait la vie plutôt que son traitementi, il n’est pas étonnant qu’à son exemple le prolétaire se révolte, et meure plutôt que de consentir à la perte de son salaire. Ici l’émeute n’a rien d’actuellement politique ; elle n’en est dès-lors que plus grave ; elle pèse sur la société de la même hauteur, que les questions sociales l’emportent et prédominent sur les questions politiques. Que les gouvernans se pénètrent donc bien de cette vérité. Il faut du pain à l’ouvrier, et ce pain doit être le fruit du travail. Si par une cause quelconque, indépendante de sa volonté, il se trouve réduit à la misère, il y aura perturbation dans la société. Nous en avons sous les yeux un exemple frappant dans l’émeute des chiffonniers de Paris. Leur nombre s’élève à près de deux mille, et leur occupation est suffisamment indiquée par leur nom. Leur profession est utile ; elle leur procure de quoi vivre ; et ceux qui l’exercent sont hors d’état d’en prendre une autre. Qu’est-il arrivé ? comme tout se perfectionne, on a trouvé le moyen d’enlever les immondices de la capitale d’une manière plus prompte, plus rapide, et de suite, sans s’inquiéter de l’existence de ces individus, on a passé des marchés avec un entrepreneur ; on a mis la main à l’œuvre ; on a, tranchons le mot, confisqué au profit de la société l’industrie des chiffonniers : ils se sont révoltés ; l’émeute est apaisée ! nous n’aurions pas cru devoir nous taire en sa présence, [6.1]à plus forte raison aujourd’hui ; est-ce en niant le mal que le médecin guérira le malade ? Arrêtons-nous donc un instant. Il y a des pensions de retraite pour les hauts fonctionnaires, des caisses de secours pour les employés des diverses administrations, les Invalides pour les militaires. Qu’y a-t-il pour venir au soulagement de la classe prolétaire ? Faisons encore une réflexion. Si une loi supprimait tous les corps de l’état qui vivent du monopole, les avoués, les agens de changes, les courtiers, etc., ne leur accorderait-elle pas une indemnité, oui sans doute, ce serait juste. La loi ne doit pas compromettre les existences privées, les droits acquis ; elle ne doit point avoir d’effet rétroactif. Eh bien ! sans égard pour ces principes si vrais, si équitables, une ordonnance de police supprimera par le fait ici l’industrie d’une classe d’artisans, là bas l’industrie d’une autre, et pas un cri ne s’élèverait !… Oh ! le temps est venu, il faut que la société tout entière s’enquière des larmes obscures que verse l’indigent. Ces Machines, par exemple, qui, en simplifiant le travail, diminuent le nombre de bras nécessaires ; les chemins de fer, les bateaux à vapeur qui abrègent les distances et facilitent le commerce, sont des inventions éminemment utiles. Mais si par leur application immédiate elles froissent l’intérêt de diverses classes de travailleurs, il faut qu’auparavant de les mettre en œuvre la société qui doit en tirer un grand avantage dans la suite, vienne d’une manière quelconque au secours des malheureux, victimes de ce progrès des arts, dût ce progrès être ajourné. A l’appui de nos réflexions, nous extrairons quelques passages d’un journalii qu’on n’accusera pas de démagogie, et qui dans un article récent intitulé : « De l’expropriation des industries à l’occasion des chiffonniers, » s’exprime ainsi : « Les chiffonniers sont placés fort bas dans l’échelle des industries ; mais, comme travailleurs, ils ont des droits que la presse ni le pouvoir ne peuvent oublier. Avec les avantages qu’ils assurent au commerce, les chiffonniers, assujettis à une surveillance active, deviennent vraiment utiles à l’ordre d’une grande cité. Colonie de refuge toujours ouverte aux gens sans aveu, on y trouve des enfans que le vagabondage a séparés de leurs parens ; des filles de joie qui prennent leurs invalides ; des hommes qui, après avoir usé leur vie dans les mauvais lieux, ne veulent pas être voleurs ou espions. Tous ces caractères sans frein aiment la vie errante par besoin ; ils sont chiffonniers ne pouvant plus être autre chose. Enlevez leur cette dernière ressource, et vous les forcés à devenir dangereux. Vous en faites des voleurs ou des instrumens de sédition, car ils ne voudront pas mourir de faim… La police dispose d’un pouvant arbitraire, mais à condition d’en faire un usage paternel. Quelle mesure a-t-elle prise pour donner du pain à ces malheureux ? en les dépouillant au profit de 800,000 habitans. Leur a-t-on distribué de justes indemnités ? non, la police n’y a pas même songé, et une émeute est sortie de cet oubli. Quand il s’agit d’économie, on déplore le sort des fonctionnaires, on énumère leurs services, on exalte leurs droits méconnus, et pour déposséder une industrie, pour enlever à plusieurs centaines de travailleurs, le pain de leur famille, on ne sait plus hésiter. Que pensez-vous qu’ils demandent ces ouvriers ameutés ! pourquoi la voix des agitateurs a-t-elle prise sur leurs passions ? quel instinct [6.2]les pousse à briser des machines rivales de leurs bras, ou à s’en prendre aux lois du malheur des temps ? c’est que la législation n’a pas de garantie pour la seule propriété qu’ils possèdent, pour le travail : Une charte manque à l’industrie. L’industrie est pourtant une propriété ; non pas seulement lorsqu’elle met en œuvre d’immenses capitaux, lorsqu’elle ouvre des chemins, qu’elle creuse des canaux, etc… Pendant long-temps la loi toujours lente à suivre le progrès des mœurs, ne reconnut, ne protégea que la propriété foncière ou mobilière. La propriété industrielle restait en dehors des combinaisons du pouvoir… Aujourd’hui la législation est plus avancée… On commence à comprendre qu’il y a autant de manières de posséder que de moyens de vivre… La propriété foncière trouve sa garantie dans l’article 10 de la charte. Mais, où sont les garanties de la propriété industrielle placée entre le privilège et la concurrence… On rencontre dans le monde savant des hommes, honnêtes d’ailleurs, qui ne craignent pas d’immoler les intérêts privés à l’intérêt général. Or, ce dernier n’exige aucun sacrifice de ce genre. Que le privilège ou la concurrence étouffent une industrie ; on vous dira froidement qu’elle s’est déplacée. Ceux qui savent combien il est difficile de dégager des capitaux enfouis dans une entreprise pour les reporter sur une autre, s’imaginent que les existences se recomposent sans peine. Traduisez l’algèbre des mots abstraits : une industrie, ce sont 4, 5, 10 mille individus ; c’est une ville, une province, un pays. Voulez-vous qu’un pays mendie ou meure ? L’équilibre se rétablit plus tard ; mais savez-vous comment ? c’est après qu’un grand nombre de familles se sont expatriées, que d’autres ont succombé à leurs misères, que quelques-unes ont survécu à d’innombrables privations ; enfin comme l’herbe croît sur les tombeaux. Il y a donc une véritable expropriation dans la ruine d’une industrie par le privilège ou la concurrence. L’empêcher, ce serait arrêter tout progrès ; l’admettre sans condition, ce serait tout immoler au progrès. La raison d’état et l’humanité prescrivent des mesures transitoires. Si l’on ne peut stipuler des indemnités qui deviendraient onéreuses, ne serait-il pas possible d’associer à la nouvelle industrie, les intérêts de celle qui est supplantée. » Nées à l’occasion des chiffonniers, ces réflexions s’appliquent à l’industrie en général, et l’Echo de la Fabrique, journal des ouvriers, journal de la classe prolétaire, ne pouvait moins faire de se les rendre propres. Nous reviendrons sur ce sujet. Marius Ch.....g.
i Paroles du maréchal Soult, ministre de la guerre. ii Le Temps, 6 avril, n° 901
NOUVELLES DIVERSES.
Paris. - Dimanche, à 3 heures du soir, 200 prisonniers, détenus à Bicêtre et à Sainte-Pélagie, n’ayant que 7 à 8 mois de détention à subir, ont été mis en liberté. Le Roi vient aussi de gracier 74 prisonniers détenus à la Force. MM. Raspail1, Beaunias, Cordère et autres, ont été transférés de la Force à la prison de Versailles, qui est spacieuse et saine. Bulletin officiel sanitaire. - L’état sanitaire de Paris est beaucoup plus satisfaisant aujourd’hui que le jour précédent. Le nombre des personnes atteintes avait diminué de 41, et celui des décès de 39. Le nombre des personnes atteintes du choléra, depuis le 9 avril à midi jusqu’au 10 même heure, est de 985, et les décès de 356. Le total général des personnes atteintes jusqu’à ce jour, 10 courant, est de 5,908. Le total général des morts est de 2,235. Russie. - On vient d’établir, à St-Pétersbourg, une école d’arts et métiers, sous le nom d’institution technologique. 132 élèves y sont nourris et instruits aux frais de l’état. Les sciences technologiques, la construction des machines, la chimie, la physique y sont l’objet d’une étude [7.1]spéciale. Les élèves qui s’y distinguent, sont exempts de la conscription militaire, des châtimens corporels. Ils peuvent exercer une industrie quelconque sans apprentissage, et ce privilège profite à leurs enfans tant qu’ils exercent la même industrie. On les appelle artisans ou maîtres. Outre ces pensionnaires, les autres jeunes gens peuvent profiter de l’enseignement donné dans l’établissement. Les ouvriers pauvres y reçoivent des leçons de dessin tous les dimanches et fêtes. C’est le 23 octobre dernier qu’il a été ouvert solennellement ; 140 fr. sont affectés à sa dépense annuelle. Afrique. - Il vient d’être formé, à Alger, par 68 propriétaires et négocians, une société dans le but de hâter et de coordonner les progrès de la colonisation de ce pays ; elle embrasse dans ses travaux les intérêts agricoles, industriels et commerciaux de cette riche possession, et s’est mise en rapport avec les principales sociétés de la métropole. Cette société, organisée à l’instar des sociétés d’encouragement en France, a reçu la sanction de l’autorité. Une commission de neuf membres, sous la présidence de M. Prus, ingénieur des ponts-et-chaussées, est chargée d’administrer les affaires de la société.
Dans sa séance du 26 mars, la Chambre des députés s’est occupée d’une question d’un haut intérêt pour la fabrique de Lyon1; mais l’objet dont il s’agissait et la délibération qui s’en est suivie, ont été rapportés d’une manière tellement incomplète par les journaux, que, sans doute, ils n’ont point été compris, ou bien sont restés inaperçus dans cette ville. Cependant par l’importance dont ils étaient pour elle, ils méritaient d’attirer son attention. Il est donc utile de les lui signaler en suppléant au laconisme obscur des journaux. Le gouvernement s’était décidé à supprimer dans la loi des douanes le droit perçu à l’entrée des soies qui nous viennent du Piémont et de l’Italie. Mais la commission chargée de l’examen de la loi, adoptant le résultat de cette disposition, a cru devoir, et avec raison, en changer la forme ; elle l’a donc remplacée par la conversion du produit du droit en une prime qui serait payée à la sortie des tissus de soie unis. Cette prime, d’après les bases sur lesquelles elle est réglée, se trouverait portée à 1 3/4 pour cent. Assurément une aussi faible protection serait bien insuffisante, pour rendre à notre industrie son ancienne prospérité. Toutefois, elle serait une amélioration, et mériterait à ce titre d’être appuyée par nos députés. C’était pour eux une belle occasion de servir le pays auquel ils doivent leur haute mission. Un débat s’étant élevé dans la chambre sur l’ordre de discussion de la loi qui nous promettait cette amélioration ; d’une part, on proposait de le placer entre les deux budgets ; et de l’autre, on le renvoyait après le vote de ces deux lois. Cette dernière proposition a prévalu contre nous. Ainsi le temps manquera pour élaborer la loi dans la session actuelle, dont la longueur a déjà fatigué la Chambre. Son vote n’est donc réellement qu’un ordre du jour déguisé. Et cette ombre de justice qu’un journal ministériel nous montrait en perspective ne nous aura apparu un instant que comme un vain leurre. Peut-on s’empêcher ici de considérer combien ses fatales discordes ont fait perdre à la seconde ville de France de l’influence morale dont elle jouissait naguère. Qu’ont fait cependant nos députés lors de ce débat ? Un seul, M. Dugas-Montbel2, a trouvé trois ou quatre froides paroles pour la défense du premier intérêt de ses concitoyens et de ses commettans. Les autres se sont [7.2]tus, et non pas même appuyé d’un geste le député étranger à cette citéi3, qui seul a parlé pour elle avec chaleur ! qu’il nous permette ce député, vraiment digne de ses hautes fonctions, de lui présenter ici le témoignage de notre reconnaissance pour ses généreux efforts. Nous le lui devons d’autant plus que, mu seulement par le sentiment que lui inspirait notre belle industrie, et son importance pour la France, ce n’est point à nous qu’il avait l’obligation de son mandat, qu’il devait l’honneur de siéger à la Chambre, ainsi que la noble mission de veiller, de coopérer aux destinées de la patrie.
des charivaris. Fin. (Voir notre N° 23.) Dans le dernier article, j’ai fait entrevoir la probabilité de l’acquittement des cinq prévenus du charivari-Talleyrand. J’étais fondé à l’espérer d’après la brillante plaidoirie de M. Leducq, leur avocat. Le contraire est arrivé, et ils ont été condamnés, savoir : Letierce aînéé à deux jours de prison et douze fr. d’amende, et les quatre autres accusés à onze fr. d’amende chacun. Il y a appel de la sentence du juge de paix ; sera-t-elle réformée ? c’est douteux. Le charivari a des ennemis puissans, il est d’origine prolétairei. Dans l’état, il se trouve défendu, mais seulement sous des peines légères, car il est justiciable en premier ressort de la police municipale qui ne peut appliquer à ses auteurs qu’un emprisonnement de cinq jours au plus, et une amende de onze à quinze francs, aux termes des art. 479 et 480 du Code pénal. Maintenant qu’il me soit permis d’émettre une réflexion douloureuse qui surgit en moi. Les citoyens d’Arras ni plus ni moins coupables que ceux de Grenoble, en ont été quittes pour une peine en quelque sorte insignifiante, et à Grenoble… O justice distributive !... Je m’arrête. Trop de pensées pénibles viennent m’assaillir. Le cadre de ce journal ne les comporterait peut-être pas. Marius Ch......g
i Malgré la prétention du Courrier de Lyon, de nous renvoyer à nos navettes, nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en leur communiquant les recherches suivantes qui sont extraites du grand dictionnaire universel dit de Trévoux. Charivari, s. m. Bruit confus que font des gens du peuple avec des poêles, des bassins et des chaudrons, pour faire injure à quelqu’un. Nocturnœ vociferationes et vasorum anchorum pulsationes. On fait les charivaris en dérision des gens d’un âge fort inégal qui se marient. On les faisait aussi à ceux qui passaient à de secondes et à de troisièmes noces. Ces tumultes furent défendus par le concile de Tours, sous peine d’excommunication. Charivari fâcheux, chagrinant, ennuyeux, plaisant, divertissant. Voyez Thiers, Traité des jeux. Nicod dérive ce mot du grec, qui signifie pesanteur de tête provenant de trop boire, ou d’entendre trop de bruit, ou d’autre cause ; Borel, du verbe grec, c’est-à-dire je romps la tête. Du Cange le dérive de cari cari, qui est un cri que font les Picards de Boulogne ou de Calais, pour soulever le peuple contre les injustes exactions qu’on veut faire sur eux ; et comme le bruit est grand et tumultueux, et que les Picards prononcent ca ce qu’ailleurs on prononce cha, on a appelé charivari le grand bruit que faisaient des masques ou des personnes déguisées, pour faire insulte à quelqu’un. Scaliger le dérive de chalybarium, à cause que ce bruit se fait en frappant des vaisseaux d’airain. Voyez Eveillon, Traité des excommunications ; voyez encore les arrêts rapportés par Guy Basset, titre des injures 6, l. 10. Le père Lobineau dit charivari ou chevalet, apparemment qu’on dit indifféremment l’un et l’autre en Bretagne. Histoire de Bretagne, t. 1, l. xxii, p. 847. Charivari se dit aussi d’un bruit confus fait en débauche, ou dans des querelles domestiques. Charivari se dit aussi ironiquement d’une mauvaise musique, Insulsa musica. Ce musicien a fait un concert qui était plutôt un charivari.
CONSEIL DES PRUD’HOMMES.
[8.1]Séance du 12 avril. (présidée par m. estienne.) La séance est ouverte à sept heures. MM. Guérin et Second sont absens. L’auditoire est moins nombreux qu’à l’ordinaire. Il n’y a qu’une quinzaine de causes inscrites au rôle, et sur ce nombre trois seulement sont entendues. Le bruit a couru que c’est dans la crainte du choléra qu’une huitaine de négocians ont fait défaut. La seule cause qui a offert quelqu’intérêt, est la suivante : Le sieur Niogret réclame au sieur Benoît que le prix de façon de son velours soit porté au cours. Le sieur Benoît répond qu’il a porté le prix de cette pièce à 4 fr. 50 c., même prix que les précédentes. M. le président demande au négociant s’il se plaint de la fabrication de la pièce. Le sieur Benoît répond négativement, seulement, dit-il, l’étoffe est peu réduite, et est restée long-temps pour se fabriquer. Attendu que le sieur Benoît ne se plaint pas de la fabrication, le conseil déclare que le cours du prix des velours est de 5 fr., et que le sieur Benoît doit payer ce prix au sieur Niogret.
Des chefs d’ateliers de Caluire ont fait une collecte entre eux, laquelle a produit la somme de 30 fr., qui a été partagée entre trois blessés.
ANNONCES DIVERSES.
En vente, au profit des blessés de novembre, Au Bureau de l’Echo de la Fabrique, exposition descriptive de la fabrique de saint-étienne, par s. drivon. De la nécessité d’une augmentation des prix de fabrication des étoffes, comme moyen d’assurer la prospérité du commerce, par J. A. B., chef d’atelier. Prix : 50 c. Rapport fait à M. le Président du conseil et au Ministre du commerce, par deux chefs d’ateliers. Réplique de M. Bouvier Dumolard. Prix : 5 c.
vincent, bréveté, Rue Monsieur, n° 11, aux Broteaux, [27] Prévient les chefs d’ateliers qu’il tient un dépôt de Navettes de tous genres, et est l’inventeur de celles dites cuirassées. Ayant lui-même un atelier, il est à même d’apprécier l’économie et les avantages de ces navettes qu’il a perfectionnées, et qu’il vend à des prix au-dessous du cours. Il pique les rouleaux, garnit les tampias, et se charge des raccommodages, à des prix très-modérés. buffard, plieur en tous genres, Grande place de la Croix-Rousse, n° 23, au 2e étage, [10] Plie les poils de peluche au fil, et tient un assortiment d’égancettes pour mettre sur le rouleau avant de plier la pièce dessus. Par ce nouveau procédé, l’ouvrier est dispensé de mettre en corde, et finit sa pièce sans peine et sans difficulté. Ce moyen est très-avantageux pour la fabrique, puisqu’il résume ce que l’on n’avait pu trouver jusqu’à ce jour, c’est-à-dire le moyen de mettre en corde sans que l’étoffe en souffre. Ce nouveau procédé, qui est simple et moins dispendieux que le précédent, sera généralement adopté. [8.2]sigaud, tailleur en tous genres, Rue Petit-David, n° 5, au 4e. bascule-rouleau. Le Sr Cuzin, fabricant d’étoffes, rue de Flesselles, n° 6, au 2e, [17] Prévient le public qu’il a déposé une Bascule-rouleau de son invention au conseil des prud’hommes, qui l’a autorisé à en conserver la propriété pendant quatre années. Le sieur Cuzin, afin de livrer ces Bascules à bas prix, vient d’en faire confectionner dans toutes les largeurs ; il se charge également de les placer et fait des envois pour le dehors. Ce nouveau procédé offre l’avantage, 1° de ne point embarrasser le derrière du métier, le bec de la bascule et sa charge étant sur le devant ; 2° de tenir, avec un poids de 10 livres, la chaîne aussi tirante que 40 livres sur les bascules ordinaires, et 150 livres à besace : 3° de tenir toujours la chaîne également tirante, en lui conservant beaucoup de jeu ; 4° d’économiser les cordes qui ne s’usent presque pas. (Voir le N° 21, du 18 mars.)
AVIS.
- deux mille francs à placer en viager, sur deux têtes, pourvu qu’il y ait sûreté, peu importe le lieu de la situation des biens. - S’adresser à M. Chastaing, rue du Bœuf, n° 5, au 2e. - On demande des apprentis et apprenties pour la fabrication des velours et autres étoffes. [26] On demande à louer, pour maître, un métier 5/4 mécanique en 400, dans les environs de la rue Tholozan. - On demande des maîtres pour bordures corps plein, 4/4 et 5/4. S’adresser au Bureau du Journal. - On demande un ouvrier pour un métier de velours façonné, coupé, soit fond satin ou Batavia, au choix, prix 8 fr. S’adresser à M. Charvet , rue des Fossés, n° 7, au 3me. [2] A vendre, un atelier de 6 métiers en velours façonné et uni, avec beaucoup d’ustensiles et accessoires. S’adresser chez M. Drivon cadet, côte des Carmélites, à la barrière de fer. [12] A vendre, un métier de courant complet, ayant une mécanique en 600. S’adresser chez M. Granjon, rue Juiverie, n° 16. [20] A vendre, une belle mécanique à dévider, longue et à marche, 32 guindres. S’adresser à M. Fayolle, rue Casati, n° 1, au 6e étage. A vendre, une mécanique en 400, un battant 6/4 à double boîte, et un peigne 6/4 en 90 portées. S’adresser chez M. Oray, cabaretier, rue Tholozan. [3] A vendre, un atelier de 4 métiers travaillant, soit en velours unis et façonnés, gros de Naples, et armures avec ustensiles et accessoires. On traitera aussi de la vente du mobilier ; le tout à juste prix. [19] A vendre, deux métiers au quart, avec accessoires, mécanique en 1,200. [21] A vendre, un métier de courant, 10 chemins, mécanique en 400, et accessoires. [23] A vendre, un atelier de 3 métiers, mécanique en 600, une en 400, et une petite mécanique d’armure et divers ustensiles, ensemble ou en détail, et un mettage en main de 4 grandes chevilles. [24] A vendre, un bel atelier de 3 métiers en 6/4, mécaniques en 1,600 et 1,800, avec tous ses accessoires propres à la fabrication, avec un bel appartement, situé dans un bon quartier. S’adresser au Bureau du Journal. avis. Les adresses seront délivrées gratis aux ouvriers.
Notes
(LYON.)
L’auteur de ce texte est Antoine Vidal d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
Notes
(NOUVEAU CONSEIL DES PRUD’HOMMES)
L’auteur de ce texte est Joachim Falconnet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
Notes
(DU DÉCHET ET DES TIRELLES.)
L’auteur de ce texte est Joachim Falconnet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
Notes
(INSTRUCTION POPULAIRE.)
L’auteur de ce texte est Antoine Vidal d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
Notes
(ÉCONOMIE SOCIALE.)
L’auteur de ce texte est Marius Chastaing d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832). L’émeute des chiffonniers avait eu lieu les premiers jours d’avril 1832 à Paris ; les chiffonniers s’étaient soulevés lorsque, en pleine épidémie de choléra, le pouvoir avait été accordé aux voitures d’enlever le plus gros des immondices des rues de Paris, soustrayant ainsi aux chiffonniers leur principal gagne-pain. La rédaction de L’Echo de la Fabrique était assez partagée concernant les liens entre machines et chômage. Significativement, en septembre et octobre 1832, un débat contradictoire sur ce thème entre Anselme Pétetin (rédacteur du Précurseur) et Bouvery sera organisé dans les pages du journal. En termes assez modernes Pétetin soutiendra la thèse du déversement et défendra l’idée suivant laquelle l’innovation économique, correctement contrôlée et veillée par des institutions républicaines, est favorable aux ouvriers. Bouvery, chef d’atelier, soulignera en revanche les conséquences sociales souvent dramatiques dans le court terme des phénomènes de transition et émettra de nombreux doutes quant à la possibilité de contrôler politiquement l’évolution économique moderne (L’Echo de la Fabrique, n° 46, 47, 48, 50, 54, 56).
Notes
(NOUVELLES DIVERSES.)
François Raspail (1794-1878), l’un des principaux animateurs de la Société des amis du peuple, récemment et lourdement condamné (notamment avec Bonnias) lors du Procès des Quinze (janvier 1832). Républicain et scientifique (chimiste il publiera en 1833 un remarqué Nouveau système de chimie organique), il aura l’année suivante la présidence de l’Association républicaine pour la défense de la liberté de la presse patriote et de la liberté individuelle et lancera en 1834 le journal Le Réformateur. C’est lors du Procès des Quinze, à l’occasion de sa propre défense qu’Auguste Blanqui fera sensation affirmant en particulier qu’il était question ici de « la guerre entre les riches et les pauvres : les riches l’ont ainsi voulu, car ils sont les agresseurs » (Auguste Blanqui. Textes choisis, Paris, Editions sociales, 1971).
Notes
(Dans sa séance du 26 mars , la Chambre des...)
L’auteur de ce texte est François Barthélemy Arlès-Dufour d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832). François Barthélemy Arlès-Dufour (1797-1872), négociant, apôtre du libéralisme et l’un des principaux saint-simoniens lyonnais. Membre à partir de 1832 de la Chambre de commerce Lyon, il joue par la suite un rôle de premier plan tant sur le plan strictement industriel (organisation du chemin de fer Lyon-Paris) que sur le plan financier (Crédit Lyonnais) ou sur celui de l’enseignement (Ecole Centrale de Lyon). Le début de l’année 1832 est marqué par de fréquents contacts avec les économistes et industriels britanniques, John Bowring ou Georges Porter notamment. Arlès-Dufour va publier une quinzaine d’articles dans L’Echo de la Fabrique entre avril et août 1832 pour la plupart consacrés aux relations commerciales entre la France et l’Angleterre. En 1834 il publiera à Lyon à l’imprimerie L. Boitel, Un mot sur les fabriques étrangères de soierie. Jean-Baptiste Dugas-Montbel (1776-1834), homme politique et homme de lettres, député modéré du Rhône de juillet 1830 à sa mort en novembre 1834. Jean-François Réalier-Dumas (1788-1840), député conservateur de la Drôme en juillet 1831 réélu en juin 1834.
Notes
(VARIÉTÉS.)
L’auteur de ce texte est Marius Chastaing d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
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