L'Echo de la Fabrique : 27 mai 1832 - Numéro 31

Dante le Gibelin, Dante le grand poète,
Dont on jeta la lyre au seuil de l?étranger,
Pleurait souvent tout seul, puis, en hochant la tête,
Il disait : « Oh ! ce pain est amer à manger ! »

[8.1]Les rives de l?Arno, les chansons de Florence,
Le salut du passant qui savait t?admirer,
Et puis ton ciel si beau, plus beau que l?espérance.
Mon poète, voilà ce qui te fait pleurer.

Mais, en faisant brûler l?encens de poésie
Sous un autre soleil et pour un autre autel,
Oh ! tu pensais toujours, toujours à ta patrie,
Car le c?ur avec lui porte toujours son ciel.

Un autre homme, que vous tous connaissez peut-être,
Demandait en mourant aux rois, pour son sommeil,
Son berceau de rocher, où le ciel le fit naître,
Où la gloire le prit un jour à son réveil.

Oh ! si jamais l?Anglais, le geôlier de ta cendre,
Laissait dans ton pays ta grande ombre venir,
Oh ! comme tu verrais de leurs aires descendre
Ces aigles couronnés qui parlent l?avenir.

Là, tu verrais aussi ta première compagne,
Cette étoile du soir, pélerine des cieux,
Et la ronde des vents au haut de la montagne,
Et l?éclair qui répond à l?éclair de tes yeux.

Les rayons du soleil, les fleurons de la foudre,
Couronneraient ton front mieux qu?un royal bandeau ;
Puis il ne te faut pas de nos trônes en poudre?
Quelque planche, empereur, pour clore ton tombeau.

 

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