L'Echo de la Fabrique : 3 juin 1832 - Numéro 32

VARIÉTÉS.

On trouve dans un recueil hebdomadaire, publié à Londres, les rapprochemens ci-après sur la naissance d’hommes illustres :

Euripide était fils d’une fruitière ; Demosthènes, d’un forgeron ; Virgile, d’un boulanger ; Horace, d’un affranchi ; Térence, d’un esclave ; Amyot, d’un corroyeur ; Voiture, d’un marchand de vin ; Lamothe, d’un chapelier ; Fléchier, d’un chandelier ; Sixte-Quint, d’un gardeur de pourceaux ; Tamerlan, d’un berger ; Romelly, d’un orfèvre ; Quinault, d’un mitron ; Rollin, d’un coutelier ; Molière, d’un tapissier ; Massillon, d’un tourneur ; J. B. Rousseau, d’un cordonnier ; J. J. Rousseau, d’un horloger ; Galland, d’un savetier ; Beaumarchais, d’un horloger ; Ben-Jonson, d’un maçon ; Shakespeare, d’un boucher ; Rambrandt, d’un meunier.
(The Olio.)

Paratonnerre. - Son inventeur est le célèbre Franklin, né en Amérique.
(Old Monthly.)

Telescope. - (Du grec télé, de loin et scopeo, je vois). Cet instrument, dont il est inutile de rappeler les secours et l’aide merveilleux, fut inventé, à Capoue, par Jean-Baptiste Porta1, noble napolitain.
(The Olio.)

Conservation des fruits. - Eisen, dit Schevarzemberg, théologien allemand, qui naquit en 1717 et mourut en 1779, est l’inventeur de l’art précieux de sécher et conserver les légumes et les racines, pour les transporter par mer dans les pays éloignés.
(The Mirror.)

Télégraphe. - Claude Chappe2 peut être considéré comme l’inventeur du télégraphe, puisque les essais faits avant lui n’avaient eu aucun résultat satisfaisant [7.1]pour produit. En 1792, Chappe se noya dans un puits du désespoir de se voir contester son invention par quelques physiciens, à la tête desquels était Guillaume Amantos, qui prétendit en avoir eu la première idée en 1767.

Table. - Les tables à manger des anciens étaient de différentes formes : la plupart étaient fort basses. A Rome, du temps que cette ville était républicaine, on ne mettait jamais de nappes sur les tables, qui étaient ordinairement de bois de chêne. A chaque service on la nettoyait avec une éponge, et les convives se lavaient les mains, car ils ne possédaient point encore de fourchettes.

Plus tard, cependant on se servit de nappes, nommés nappœ ; elles étaient de toile peinte, avec des raies couleur garance ou pourpre. Sous certains empereurs, et principalement sous le prodigue Héliogabale3, on en vit de drap d’or.
(The Selector.)

Diamant. - Le luxe des diamans jouissait déjà d’un grand crédit en France, qu’il était encore ignoré en Suisse.

En 1476, à la bataille de Granson, donnée contre les troupes du duc de Bourgogne, le plus gros diamant de l’Europe fut trouvé par un soldat suisse, qui le vendit à son général un écu.

Les Suisses tenaient tant à conserver leur simplicité, que le sénat de Berne défendit l’usage des rubans de gaze, etc.

Soie. - L’art de mettre la soie en œuvre fut inventée, dans l’île de Cos, par Pamphile, fille de Platis. L’empereur Héliogabale passe pour le premier qui ait porté, en Europe, des habits de soie. Ce fut en France, Louis XI qui, en 1740, établit des manufactures de soie à Tours4.

Sel. - On en a fait usage dans les premiers siècles. Phidippas fut le premier des Grecs qui imagina de saler le poisson. On n’a point connu cette ressource en France avant le règne de Louis-le-Jeune. Ce fut Beukels (ou Beukelius), pêcheur hollandais, qui inventa la manière de saler les harengs et de les encaquer (15e siècle). Son procédé est encore aujourd’hui en usage parmi nous.

Notes de base de page numériques:

1 Jean-Baptiste Porta (1545-1615) auteur en particulier d’un De Humana Physiognonomia (1586) qui le rendit célèbre en Europe et considéré également pour ses travaux dans le domaine de l’optique.
2 Claude Chappe (1763-1805) qui mit au point le télégraphe optique dont la première ligne, Paris-Lille, fut ouverte en août 1794. Le réseau se développa fortement, pour des usages strictement militaires et politiques dans la première moitié du XIXe siècle.
3 Elagabal (ou Héliogabale), Empereur de Rome, né en 204 et mort assassiné en 222.
4 Louis XI désireux de faire de la France un pays ouvert et puissant, favorisa le renouveau économique du royaume. L’achat d’étoffes de soie en Italie constituait une dépense annuelle de 500 000 écus. Pour éviter ces sorties d’argent, dans un premier temps, par lettre patente du 23 novembre 1466, il choisit la ville de Lyon pour y installer une manufacture de soie. En 1470 il décida le transfert de cette activité à Tours. La cour étant installée en Touraine, nobles et ecclésiastiques purent commander sur place ce qui leur était nécessaire. 17 ouvriers italiens pour la plupart prirent la direction de Tours. Dès la fin de l’année 1470, le Roi envisageait déjà l’exportation de la soie tourangelle. Après des fortunes diverses (cf. notamment J. Féneant, Histoire de la soierie tourangelle, Tours, 1985) la fabrique de Tours connut un renouveau sous La Restauration et la Monarchie de Juillet. Le nombre de métiers en activité passa de 106 en 1827 à 150 en 1837 et à 300 en 1843. Les travaux portèrent sur la soie unie et façonnée destinée à l’ameublement. Cette lente remontée d’une industrie qui avait presque disparue ne s’effectua pas sans difficultés. Les deux crises les plus sérieuses furent les révolutions de 1830 et de 1848 : en 1830, toutes les commandes furent supprimées et de nombreux ouvriers furent licenciés. En 1848, les fabriques de soierie furent au chômage pendant un an.

 

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