L'Echo de la Fabrique : 6 novembre 1831 - Numéro 2

Un moyen vient d'être présenté par un sieur Arnaud pour parer aux pertes présumées et objectées par certains négocians qui refusent de faire continuer les commissions entreprises, s'ils sont forcés d'allouer le prix porté au tarif.

« II est de notoriété publique, dit le sieur Arnaud, que les soies subissent des soustractions de la part d'un grand nombre de teinturiers ; que ces soustractions en beaucoup d'articles peuvent égaler, surpasser même l'augmentation portée au tarif.

Par le procédé du sieur Arnaud, procédé reconnu comme infaillible, on aurait un résultat aussi prompt qu'économique contre la plus minime soustraction de soie à la teinture. Toutes les expériences faites, soit à Lyon, soit à Saint-Etienne, en sont la preuve convaincante. Les divers certificats en bonne et due forme qui sont en la possession du sieur Arnaud constatent toutes ses expériences et leurs heureux résultats. On ferait par ce même moyen, dit encore le sieur Arnaud, disparaître le piquage d'once1 et dans le plus bref délai. Le plus grand fléau de notre industrie, qui lui a porté les coups les plus funestes et qui la perd insensiblement tous les jours, serait donc entièrement extirpé. » Avis aux négocians pour lesquels le tarif est un prétexte de pertes énormes !!

Notes de base de page numériques:

1 Le piquage d’once consistait, pour le chef d’atelier, à incorporer un corps étranger, eau ou huile, à l’ouvrage et ainsi à conserver une partie de la soie donnée par le négociant. J. Falconnet va définir un peu plus tard le piquage d’once dans les termes suivants : « On appelle ainsi la vente que certains individus font à des marchands, de diverses parties de soie soustraite soit à la teinture, soit à la fabrication ; vente qui a lieu en dessous du cours, et constitue les délinquans en état de vol » (L’Echo de la Fabrique, n°41, 5 août 1832, p. 2, note 1). Selon Falconnet, alors prud’homme chef d’atelier, « le piquage d’once est le fléau de notre fabrique : c’est lui qui a engendré la première et la plus dangereuse des concurrences, celle que les fabricants se font entr’eux ».

 

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