L'Echo de la Fabrique : 1 juillet 1832 - Numéro 36

Dans la séance du conseil des prud’hommes du 23 juin, un chef d’atelier fit comparaître le sieur Pelet, fabricant, pour avoir refait un chiffre sur son livre, ce qui le mettait en solde ; la pesée étant de 500 grammes, se trouvait de 700, parce que du 5 on avait fait un 7. Le conseil, après avoir examiné attentivement le livre, a reconnu que le chiffre avait été refait, et a donné gain de cause au chef d’atelier.

Ceci nous fait faire des réflexions pénibles : chaque séance du conseil voit débattre de pareilles causes. Ce n’est pas tout que de rendre justice à qui de droit ; il faudrait, par une mesure forte, énergique, arrêter ces méfaits. Il y a peu de temps qu’on menaça un chef d’atelier de l’envoyer pardevant le procureur du roi, parce qu’il avait gardé une demi-aune de peluche pour se faire un chapeau : de refaire un chiffre sur un livre, pour tromper un ouvrier, n’est-ce pas plus punissable ? est-ce que le conseil voudrait n’être sévère qu’envers les ouvriers ? nous ne le pensons pas. Ainsi le conseil des prud’hommes devrait exiger que dorénavant on ne pût lui présenter un livre sans que le poids des matières et sommes d’argent soit écrit en toutes lettres ; nous l’avons demandé cent fois, et nous ne savons pas pourquoi on met tant de ténacité à se rendre à une règle qui est de toute justice.

 

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