L'Echo de la Fabrique : 12 août 1832 - Numéro 42

LITTÉRATURE.

le chansonnier.i

[8.1]Air : Nous courons tous dans cette vie. (Des perroquets.)

    Gai chansonnier, quand je m?éveille,

Mon premier soin est de goûter mon vin ;

Si je le trouve aussi pur que la veille,

Ma voix s?anime et mon chant est divin.

Parmi les jeux, les plaisirs, je m?embarque,

Et loin de moi laissant l?adversité,

Le verre en main je me crois un monarque,

Et mon empire est l?aimable gaîté.

    Comme la fortune est volage,

Je n?ai jamais passé pour son amant ;

Et du matin commence mon ramage,

Si j?ai de quoi passer le jour gaîment.

De son palais même, un Crésus remarque,

Que bénissant ma douce obscurité,

Le verre en main, etc.

    Si le sort par fois m?est contraire,

Par mes chansons je cherche à l?adoucir,

Et le moment où l?on vient me distraire,

Est un larcin fait au Dieu du plaisir.

Au gré du vent je laisse aller ma barque,

Et là voguant loin d?un ciel irrité,

Le verre en main, etc.

    Les Dieux ne me firent point naître

Pour endosser l?habit de courtisan ;

Je ne saurais chanter un mauvais maître,

Un roi sans nom vaut-il un artisan ?

Moi qui n?ai pas comme un homme de marque,

Aux escobards livré la liberté,

Le verre en main, etc.

    Le temps dans sa course moissonne

Sans les compter, les peuples et les rois ;

Puisqu?il est vrai qu?il n?épargne personne,

Sans murmurer je subirai ses lois.

Je suis tout prêt? mais tandis que la parque

Me montre encore au loin l?éternité,

Le verre en main, je me crois un monarque,

Et mon empire est l?aimable gaîté.

A. Vidal

Notes de fin littérales:

i  Voyez le Galoubet d?un patriote, Lyon, 1827, 1 vol. in-8., p. 19.

 

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