mort du duc de reischtadt.
air : Muse des bois et des accords champêtres.
Seul rejeton d’un héroïque père,
Mon ame émue au bruit de ton trépas,
A ramené sa pensée en arrière
Et mesuré la trace de tes pas.
Je me suis dit : Quel avenir de gloire
Lui présageait le laurier paternel !
Et le destin borne là sa mémoire :
Il s’est éteint loin de notre beau ciel.
Un Dieu cruel s’est joué de sa vie ;
Il lui donna pour langes un drapeau,
Et le montrant à l’Europe asservie,
Il dit ! Ton maître est là dans ce berceau !
Et puis le Dieu, par un soudain caprice,
Voile ses jours d’un nuage éternel.
Le Fils de l’Homme a bu tout le calice ;
Il s’est éteint loin de notre beau ciel.
Qui nous dira les combats de son être
Et les regrets et le vaste désir ?
Désir brûlant, gros de feu, de salpêtre,
Qu’un même instant voyait naître et mourir ;
Car il sentait que sa morne existence
Devait s’user contre un repos mortel,
Et, consumé d’une lente souffrance,
Il s’est éteint loin de notre beau ciel.
Les potentats ont de ses funérailles,
En souriant écouté le doux son,
Tant les glaçait jusqu’au fond des entrailles
Un mot fatal, un mot : Napoléon !
Vaines terreurs ! au roc de Sainte-Hélène
Du demi-dieu s’était brisé l’autel.
Son fils des rois a recueilli la haine ;
Il s’est éteint loin de notre beau ciel.
Sous les Bourbons, la patrie abaissée,
Vers lui parfois a tourné son regard ;
Puis rejetant une folle pensée
A confié sa fortune – au hasard !
– Astre déchu, dégénéré peut-être,
Il eût été rétif à notre appel :
Doutant de soi, n’osant pas se connaître,
Il s’est éteint loin de notre beau ciel.
Fils d’un despote absous par la victoire,
Pour notre chef l’aurions-nous adopté ?
Si nous dressons des autels à la gloire,
Nous adorons aussi la liberté !
– Mais pleurons-le ; la France était sa mère ;
Son premier jour est un jour immortel,
Et son trépas fut celui de son père !
Il s’est éteint loin de notre beau ciel.
Amédée roussillac.