L'Echo de la Fabrique : 7 octobre 1832 - Numéro 50

 BANQUET OFFERT A M. GARNIER-PAGÈS.

Une réputation immense de patriotisme et de talent, avait précédé M. Garnier-pagès, membre de la société Aide-toi, le ciel t’aidra, et député de la Côte-Saint-André (Isère). Aussi dix-huit cent quatre-vingt-trois convives se sont empressés d’accourir au banquet que des patriotes Lyonnais ont eu l’heureuse idée d’offrir le 30 septembre dernier, dans l’Elisée lyonnais, au représentant de la jeune France. Aucun banquet patriotique n’avait encore réuni un pareil nombre de souscripteurs. M. Pagès méritait cet honneur, et les Lyonnais tenaient aussi à lui offrir une compensation aux injures et aux persécutions dont il a été abreuvéi1.

[5.1]Le plus grand ordre a régné dans cette nombreuse réunion, solennité vraiment nationale. Des citoyens généreux ont porté des toasts énergiques applaudis à outrance, et qu’on lira avec plaisir dans le Précurseur et la Glaneuse, le cadre de notre feuille ne nous permettant pas de les transcrire. M. Beaune instituteur, président du banquet, a porté le dernier toast à M. Garnier-Pagès qui y a répondu par un discours remarquable et improvisé, qui a produit une grande sensation. La fête s’est terminée sans aucun trouble ni accident, par une collecte en faveur de la Tribune, qui a produit 662 fr. 15 cent., manifestation éclatante de la sympathie des Lyonnais avec les doctrines de cet estimable journal.

M. Amédée Roussillac, l’un de nos collaborateurs, nous a remis les vers suivans, qui n’ont pu être lus publiquement, la commission des toasts ayant refusé toute espèce de vers.

A M. Garnier-Pagès.

Viens parmi nous, viens, nous savons comprendre
Ton caractère et tes hautes vertus !
Toi, dont la voix n’a cessé de défendre
Nos libertés et nos droits méconnus.
Tribun du peuple, un laurier populaire
Te rendra doux un pénible devoir.
Et, tu le vois, l’amour du prolétaire
Console bien des haines du pouvoir.

Notes de base de page numériques:

1 Jean-Frédéric Garnier de Laboissière (1796-1873), soldat de Napoléon, candidat républicain en Charente au début de la Monarchie de Juillet, sera finalement député entre 1839 et 1842.

Notes de fin littérales:

i On sait que M. PagèsGarnier-Pagès, commissaire du convoi funèbre du géneral LamarqueGénéral Lamarque, a été obligé, avec ses collègues CabetCabet et LaboissièresLaboissières, de fuir pendant tout le temps que la capitale fut privée de la protection des lois confiées à sa garde, et qu’elle avait la faiblesse de se laisser ravir. Aussitôt que la Charte eut repris son empire, ces dignes mandataires du peuple se présentèrent devant la justice, et furent acquittés.

 

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