L'Echo de la Fabrique : 11 novembre 1832 - Numéro 55

 INSTITUTION LYONNAISE

De commerce, de dessein, de théorie, de fabrication et des arts industriels, mécanniques et chimiques, grande rue des Feuillans, n° 6, au 3me.

m. n. tissier1, ancien professeur de chimie, auteur de plusieurs ouvrages, et membre de plusieurs sociétés savantes de France et de l?étranger, vient de fonder sous ce titre un établissement qui manquait à notre ville ; nous ne saurions trop encourager les efforts des hommes spéciaux qui veulent bien se livrer à la carrière ingrate de l?enseignement des diverses sciences, à l?étude desquelles ils ont consacré leurs longues veilles. M. Tissier, dans son prospectus, s?exprime avec la simplicité compagne ordinaire du vrai talent.

« Cette institution ou école, dit-il, est établie afin de donner dans une ville industrielle, l?instruction nécessaire pour que non seulement les arts et le commerce soient maintenus au point qu?ils ont atteint, mais encore pour qu?ils ne restent pas stationnaires, et conséquemment en arrière de la perfection des autres pays.

L?enseignement industriel et commercial est pour ainsi dire nul à Lyon ; notre ville avec son école de St-Pierre, réduite au dessin et à la peinture, une autre école dont la destination est encore incertaine (La Martinière), n?offre rien de complet ni de satisfaisant. Cependant, on sent tous les jours de plus en plus combien il est utile de continuer le genre d?éducation en usage. L?enseignement primaire, qui n?est pas l?enseignement industriel, se borne à enseigner à lire, écrire, compter, le dessin linéaire, l?arpentage. Les académies et collèges ressortissant de l?université, poussent leurs élèves dans la connaissance des langues anciennes.

Ces études ne vont plus qu?aux jeunes gens qui se destinent au barreau, à la médecine, à l?état ecclésiastique, à celui d?hommes de lettres ; mais à un négociant, à un fabricant, à un industriel quelconque, il faut la connaissance du commerce, de son administration, de la fabrication le plus en usage dans le pays où il s?établit, et des moyens accessoires de perfectionner ce genre d?industrie. Joignez-y, si vous voulez, l?étude des langues vivantes, cette éducation profitera réellement, tandis que le latin et le grec sont oubliés en peu d?années, parce que leur usage est nul dans la vie civile. Cependant, comme la connaissance de sa langue propre est essentielle, il est bon et nécessaire même que les jeunes gens passent leurs premières années à apprendre, non seulement ce qui constitue l?enseignement primaire, mais les rudimens des langues mortes savantes, concuremment avec leur langue maternelle. C?est un moyen reconnu excellent pour mieux apprendre celle-ci. Cette étude, ainsi bornée, doit être terminée, à quatorze ou quinze ans, on même plus tot chez des sujets précoces. C?est alors qu?il faut commencer l?éducation industrielle d?un jeune homme destiné à courir une carrière quelconque dans ce vaste champ. »

Dans l?institution nouvelle de M. Tissier, on trouvera réuni sous quatre professeurs tout ce qui tient à l?éducation spéciale d?un négociant et d?un fabricant lyonnais. Une année suffira pour donner les principes de commerce et de fabrication, auxquels ensuite la pratique toujours de rigueur donnera le sceau.

L?enseignement est divisé en trois cours généraux ; ces trois cours réunis coûteront 300 fr. ; deux seulement, 240 fr. ; et un seul, 150 fr. ; ils se subdivisent en neuf cours particuliers, dont voici le tableau avec les prix de chacun.

Premier cours. ? 1° Arithmétique commerciale. 40 fr. ? 2° Tenue des livres, changes et arbitrages, comptabilité, 100 fr. ? 3° Droit commercial, 50 fr.

Deuxième cours. ? 4° Principes de dessin pour la figure, la fleur et l?ornement, 120 fr. ? 5° Théorie de [7.1]fabrication, 130 fr. ? 6° Mise en carte (ce dernier cours s?enseigne simultanément avec l?un ou l?autre des deux qui précèdent sans augmentation de prix).

Troisième cours. ? Géométrie industrielle et technologique, 40 fr. ? Mécanique, idem, 60 fr. ? Chimie idem, 75 fr.

m. tissier ouvrira également le 13 novembre, à 11 heures du matin, et continuera les mardis, jeudis et samedi de chaque semaine, pendant cinq mois, un cours de chimie expérimentale et raisonné, appliqué à la médecine et aux arts, au prix de 80 fr.

Notes de base de page numériques:

1 Nicolas Tissier va publier à Lyon en 1833 un Prospectus d?une école industrielle pour les ouvriers. Les ouvriers de Glasgow.

 

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