L'Echo de la Fabrique : 2 décembre 1832 - Numéro 58

 AU RÉDACTEUR.

Lyon, 12 novembre 1832.

Monsieur,

Je viens de lire, dans une lettre signée un veloutier (Echo n° 54), une observation sur une règle générale à appliquer en néologie ; elle m’a paru juste, quoi qu’on n’en doive pas toujours tirer une induction absolue, puisque dans notre langue on trouve des cas exceptionnels à cette règle. Cependant, pour me conformer à l’usage reçu, je viens joindre au mot tissericien celui de tissericier ou de tissericeur ; tous les trois sont formés avec les racines des mots : Tisseur et sericum, et présentent la parfaite étymologie de tisseurs d’étoffes de soie, ou de serica, tisseurs en soie ; ils réunissent les qualités exigées, car ils sont simples, euphoniques et complets.

Quant au mot tisseur que vous proposez d’adopter, je suis loin de l’approuver ; car on peut tisser de la laine, du laiton, du chanvre, de l’osier, etc. Il en est de même de soieriniers, etc., puisqu’il pourrait s’appliquer à celui qui file les cocons, qui éprouve le titre des soies, etc. Il faut un nom complet qui désigne celui qui passe la navette, qui remplace celui de canut.

Je soumets ces observations au jugement éclairé des membres de la commission, et suis bien persuadé qu’ils n’agiront que dans l’intérêt de la science. Dans le cas où ces Messieurs voudraient un nom qui désignât en général la classe des ouvriers en soie, je leur rappelle le premier mot que j’ai le premier offert, séricarien, en lui appliquant la règle en néologie dont j’ai parlé plus haut.

Agréez, etc.

MEZIAT.

 

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