L'Echo de la Fabrique : 2 décembre 1832 - Numéro 58

 

Lyon le 20 novembre 1832.

Au Rédacteur.

Monsieur,

C?est avec étonnement que j?ai vu, dans les colonnes de votre journal, la lettre du sieur Vaormelingen ; votre impartialité ne devait pas aller jusqu?à accueillir l?injure et la calomnie, surtout lorsqu?elles vous sont connues.

Je suis accusé d?avoir menti et surpris la religion du conseil ; dans votre numéro du 5 novembre, vous avez rendu compte de la conciliation qui a eu lieu pardevant MM. Gamot, Brisson, Charnier et Sordet ; M. Vaormelingen lui-même déclara reconnaître, d?après la vérification des livres, que le négociant pour qui je travaille ne payait à tous ses maîtres que 2 fr. 75 c. le mouchoir, prix que j?ai toujours payé à mon ouvrier ; et que les 25 cent. en plus étaient pour me défrayer d?un double montage de métier qui n?avait fait que 40 fr. de façon ; et de plus, mon ouvrier a déclaré de vive voix qu?il reconnaissait qu?il n?y avait aucune mauvaise foi de ma part ; j?en appelle au témoignage des arbitres.

Il consentit donc à rentrer chez moi et à y continuer son travail. J?avais fait tous les sacrifices qu?exige une telle position, pensant que les autres ouvriers ses camarades, qui étaient partis d?après toutes les suppositions qu?il avait fait à mon égard, reprendraient aussi leur travail, n?ayant pas même réglé leurs comptes avec moi.

Jamais il n?y eut question de prix depuis la conciliation, comme il le suppose, ni que je lui eus marqué sur son compte des mouchoirs 3 fr., qui sont payés 3 fr. 50 c. Il est sorti de chez moi en vrai fuyard, a enlevé ses effets en cachette, sans régler ; aussi, étais-je loin de prévoir que M. Vaormelingen me dirait ensuite qu?il n?était plus libre de rester chez moi, que la société dont il faisait partie depuis la veille, s?y opposât ; [5.1]encore moins qu?il aurait plus tard la bassesse d?écrire que je cherchais à réparer mon honneur à ses dépens, que n?ajoutait-il aux dépens de la société, dont l?un des chefs, le sieur Desparos, m?a dit arrogamment : Il faut que quelqu?un serve d?exemple, autant que ce soit vous qu?un autre.

En vérité, je n?ai rien écrit qui puisse faire croire que j?aie besoin de réparer mon honneur ; il ne saurait être blessé pour avoir occupé un ouvrier qui s?est mal conduit chez moi, et qui a poussé l?insolence jusqu?à déclarer au conseil que je déposais quelquefois la clé de ma chambre vers son métier, et qu?il avait le droit d?y entrer, et à ce qu?il paraît de fouiller les meubles et les livres.

Il a nié ce dernier fait, cela ne m?étonne pas ; car nier et supposer, ce n?est rien pour lui. Je peux en juger par expérience.

Le jugement du conseil, qui l?a condamné à me restituer la somme de 12 fr., et qui a donné force de jugement à la conciliation, fait dans vos colonnes un contraste des plus choquans.

L?Echo de la Fabrique ne saurait devenir l?écho de la calomnie, en recueillant des plaintes vagues, et dont le style pourrait l?exposer à répondre en justice sur des plaintes en diffamation, que des personnes moins pacifiques que moi pourraient porter.

Veuillez, etc.

B. JACOB.

 

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