L'Echo de la Fabrique : 23 décembre 1832 - Numéro 61

 CONCOURS.
AU RÉDACTEUR.

Le silence que garde la commission du concours doit faire croire qu’elle adopte l’opinion de M. Labory, et que malgré les justes raisons de M. le rapporteur, les reproches d’ingratitude que nous fait notre honorable collégue seraient fondés. Permettez-moi, comme concurrent, de repousser ces reproches ; en observant que le mot canut n’ayant jamais été qu’un sobriquet pour les ouvriers en soie, il serait impossible à M. Labory de trouver quelques actes où nos pères aient érigé ce mot en nom, et lui même ne s’en est jamais servi. De plus, ce mot étant devenu à Lyon une épithète injurieuse, il ne peut être adopté, malgré la nécessité où sont les ouvriers en soie de se choisir un nom, étant la seule classe qui n’en ait pas.

Il était donc urgent de faire un appel, vous l’avez fait et il a été entendu ; 42 mots vous ont été soumis, et s’il n’y en a aucun que vous puissiez adopter, faites un second appel, croyez qu’il sera aussi entendu, et pénétrez-vous bien qu’il faut un nom aux ouvriers en soie, et que ce besoin est un résultat du mouvement progressif et universel. Ce nom ne doit désigner que les ouvriers en soie, d’après cela, il me semble que les mots tisseur, tissutier, omnitisseur, tissufacteur, ne peuvent être adoptés par la raison qu’ils désignent aussi bien le tisserand, le mousselinier, que l’ouvrier en soie. Le même inconvénient est offert par les mots soierinier, soierineur, soieriniste, qui ne distinguent pas assez l’ouvrier qui tisse la soie d’avec ceux qui l’emploient à divers autres ouvrages.

Je préférerais aux mots précédens, ceux qui suivent, que je vous propose si un second concours a lieu : Soieritiste, tissoieriste, séritiste ; tisserinier, tisseriniste, tisseriste et turquetnariste.

Le dernier de ces mots rappelle les noms de Turquet et de Nariz, qui fondèrent en 1536, la fabrique des étoffes de soie à Lyon.

En adoptant ce mot, nous rendrions après trois siècles d’oubli, un hommage de gratitude à la mémoire des deux hommes qui ont le plus contribué à la prospérité de notre cité ; et nous prouverions à nos détracteurs que la reconnaissance est aussi une de nos vertus. Turquet ! Nariz ! une population héritière de votre industrie, transmettrait aux siècles à venir, et vos noms et sa reconnaissance.

J’ai l’honneur, Monsieur, d’être votre dévoué serviteur.

J. H. Prolétaire.

 

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