L'Echo de la Fabrique : 23 décembre 1832 - Numéro 61

 STANCES.

Air : Passans venez à la chapelle
Où repose
Guillaume Tell.

Au champ de l?éternel repos,
Vieillard accablé de tristesse
Pleurait tout bas près des tombeaux
Un fils objet de sa tendresse,
Lorsqu?une veuve, en gémissant,
Lui dit d?un ton plaintif et tendre :
Jetez quelques fleurs sur la cendre
D?un époux mort en combattant,

Hélas ! je plains votre détresse,
Répond le vieillard attendri,
Pour moi je pleure un fils chéri,
L?unique espoir de ma vieillesse ;
Bon citoyen, sage et vaillant,
De la mort rien n?a pu le défendre,
Jetons quelques fleurs sur la cendre
Des ouvriers morts en combattant.

Victimes braves et sacrées,
Le sort a trahi votre espoir,
Il nous couvrit d?un crêpe noir ;
Mais les vainqueurs des trois journées
Ont-ils en vain versé leur sang ?
Attendant ce qu?on doit nous rendre,
Jetons quelques fleurs sur la cendre
Des ouvriers morts en combattant.

Le c?ur navré de leur trépas
Nous, leurs compagnons et leurs frères,
Lorsque l?automne et ses frimas
Auront flétri les fleurs légères
De leurs tombeaux simple ornement,
Pour consacrer les jours de novembre,
Nous irons pleurer sur la cendre
Des ouvriers morts en combattant.

DEVAUX, ouvrier.

 

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