L'Echo de la Fabrique : 4 décembre 1831 - Numéro 6

Adresse de la Chambre des Députés au Roi.

(26 novembre 1831.)

Sire,

Nous avons entendu avec une profonde douleur la communication franche et complète que nous ont apportée les ministres de Votre Majesté, sur les troubles qui ont éclaté dans la ville de Lyon. Nous applaudissons au patriotique élan qui a porté le Prince votre fils à se précipiter au milieu des Français, dont le sang coule, pour en arrêter l'effusion. Nous nous empressons d'exprimer à Votre Majesté le vœu unanime des députés de la France, pour que son gouvernement oppose à ces déplorables excès toute la puissance des lois. La sûreté des personnes a été violemment attaquée ; la propriété a été méconnue dans son principe ; la liberté de l'industrie menacée de destruction ; la voix des magistrats n'a point été écoutée. Il faut que ce désordre cesse promptement, il faut que de tels attentats soient énergiquement réprimés. La France entière est blessée par cette atteinte portée aux droits de tous dans la personne de quelques-uns de ses concitoyens : elle leur doit une éclatante protection.

Les mesures déjà prises par le gouvernement de Votre Majesté, nous donnent la confiance que le retour de l’ordre ne se fera pas long-temps attendre. La ferme union des gardes nationales et des troupes de ligne rassure tous les bons citoyens. Votre Majesté peut compter sur l'harmonie des pouvoirs. Nous sommes heureux, Sire, de vous offrir, au nom de la France, le concours de ses députés pour rétablir la paix partout où elle serait troublée, étouffer tous les germes d'anarchie, affermir les principes sacrés sur lesquels repose l'existence même de la société, maintenir l'œuvre glorieuse de la révolution de juillet, et assurer partout force à justice et respect à la loi.

Réponse du Roi à l'adresse de la Chambre des Députés.

(26 novembre 1831.)

Messieurs,

Les troubles qui ont éclaté dans la ville de Lyon m'ont profondément affligé ; mais rien n'est plus propre à en adoucir l'amertume que les sentimens que la chambre des députés vient de me manifester par votre organe. Le maintien de l'ordre légal est un de mes premiers devoirs, et je vois avec une vive satisfaction que le vœu unanime des députés de la France s'associe au mien, pour que [6.2]toute la puissance des lois soit opposée à ces déplorables excès. L'harmonie des divers pouvoirs de l'Etat, sur laquelle je compte comme vous, est le moyen le plus efficace d'assurer leur empire, et de donner à mon gouvernement la force nécessaire pour réprimer de pareils attentats avec toute l’énergie que la France a droit d'en attendre. La bravoure héroïque des troupes de ligne et de cette partie de la garde nationale de Lyon, qui a combattu avec, elle mérite la reconnaissance de la patrie, et j'aime à leur en donner un éclatant témoignage.

Je vous remercie d'apprécier, comme vous le faites, le dévouement de mon fils. Mon vœu le plus cher est qu'il obtienne le résultat que j'en espère avec confiance, et qu'il puisse contribuer à faire rentrer dans l'ordre une population égarée, à rétablir l'autorité des lois, et à arrêter cette effusion du sang français dont mon cœur est si douloureusement affecté.

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique