L'Echo de la Fabrique : 3 février 1833 - Numéro 5

 CONSEIL DES PRUD?HOMMES.

(présidé par m. goujon.)

Audience du 31 janvier 1833.

Jamais la salle n?avait contenu un auditoire aussi nombreux, on s?attendait à quelques grands et solennels jugemens. Tout le monde a été désappointé. MM. les fabricans ont fait défaut, et une douzaine de causes ont été appelées avant qu?un débat contradictoire pût s?établir.

Une seule affaire a présenté quelqu?intérêt, celle entre le sieur Voleyre, chef d?atelier, et le sieur Dubelle, négociant. Le conseil passe dans la salle des délibérations pour entendre le rapport de MM. Reverchon et Perret, devant qui elle avait été précédemment renvoyée. A son retour, le sieur Voleyre expose sa demande qui consiste en une augmentation de 5 cent. par mille sur les dernières pièces tissées depuis le mois de mai jusqu?en décembre ; il dit que cette augmentation lui avait été promise verbalement, et qu?il s?en était rapportéi. De plus, il réclame des indemnités pour temps perdu, soit pour avoir monté des pièces qui n?ont pu se fabriquer, soit pour en avoir attendue.

Le sieur Dubelle répond qu?il n?a rien promis au-dessus du prix marqué, et que, quant aux défrayemens, il ne compte devoir que deux ou trois journées au plus.

Après avoir procédé à la vérification des comptes, et constaté en partie les demandes du chef d?atelier, mais voulant avoir des renseignemens plus exacts, le conseil renvoie de nouveau l?affaire devant les membres arbitres auxquels MM. Favier et Verrat sont adjoints.

Le sieur Drivon fait comparaître son élève qu?il a renvoyé et son père ; il réclame à ce dernier une indemnité vu le peu de travail et la négligence réitérée de son [6.1]fils. Sur le rapport de M. Martinon, chargé d?inspecter l?atelier, le conseil condamne le père à payer au sieur Drivon, une somme de 250 fr. Le père se récrie alléguant qu?il a déjà payé 300 fr. M. le président, qui avait oublié d?entendre le père et l?élève dans leur défense, et avait cru pouvoir statuer ex-abrupto, déclare que, vu l?incident, le prononcé du jugement est renvoyé à huitaine. Nous livrons ce fait à la publicité sans commentaire.

Un grand nombre d?agens de police, voire même un ou deux commissaires, étaient au nombre des assistans. Nous ne savons si c?était comme amateurs ou pour s?instruire, ou encore pour aider au Courrier de Lyon dans sa rédaction de la jurisprudence du conseil qu?il nous a promise.

Notes de fin littérales:

i Le prix est marqué 50 c. le mille. VoleyreVoleyre réclame 55 c. Le cours est de 60 à 65 c.

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique