L'Echo de la Fabrique : 10 février 1833 - Numéro 6

 Notice biographique sur M. Pozzo di Borgo.

Charles-Bonaventure POZZO DI BORGO1 est né le … 1760 dans le village d’Alala (île de Corse) et fut élevé gratuitement vu la misère de sa famille, par Antonio Grossetto, prêtre de l’ordre des Recollets. Avocat en 1789 il joignait à cette noble profession celle bien moins brillante mais plus lucrative de procureur. En 1790, il se présenta avec Joseph Bonaparte, son ami particulier, à la municipalité d’Orreza et prononça plusieurs discours patriotiques, au moment où l’on brûlait en effigie le général Butta-Fuoco, grand ennemi des innovations politiques. Nommé en septembre de la même année, membre du directoire du département, il se rendit à Marseille avec Napoléon et Joseph Bonaparte, pour y chercher le général Paoli. Celui-ci lui donna une mission pour Paris ; Pozzo di Borgo, alors âgé de trente ans, s’y rendit avec empressement et se lia avec les hommes influens de l’époque, le duc d’Orléans, Mirabeau, Barnave, etc. Le 5 novembre suivant, il se rendit au club des jacobins et demanda à cette société mère 1’affiliation du club d’ Orreza et l’obtint. Il fut élu membre de l’Assemblée législative, au mois de septembre 1791, par l’influence de Paoli, et prononça plusieurs discours énergiques. Mais il ne fut pas nommé à la Convention nationale, il occupait la place de procureur du général syndic. Soupçonné avec Paoli de tramer des complots dans sa patrie contre la France, il fut mandé avec lui à la barre de la Convention, mais au lieu d’obéir, ces deux hommes consommèrent leur trahison en se mettant sous la protection des Anglais. [7.1]Il fut alors nommé président du conseil d’état, et ensuite secrétaire. En 1802, il entra au service de Russie et parvint rapidement au grade de général. Il se trouva en 1813 à la bataille de Leipsick, fut nommé commissaire impérial auprès du gouvernement provisoire, le 4 avril 1814, suivit les Bourbons dans leur fuite, au 20 mars suivant, combattit et fut blessé à Waterloo. Depuis, Pozzo di Borgo, promu en 1817 au grade de lieutenant-général, décoré des insignes de presque tous les rois de l’Europe, immensément riche, s’est livré entièrement à la diplomatie. Il est encore aujourd’hui ambassadeur de la Russie près le roi des Français. Voilà certes une carrière bien remplie, elle pourrait être honorable, si cet homme n’était pas né français ; mais l’emploi qu’il a fait, contre sa patrie, de ses talens militaires et diplomatiques, n’obtiendra pas grâce devant la postérité. Son nom sera flétri au tribunal de l’histoire.

M. Ch.

Notes de base de page numériques:

1 Il s’agit probablement ici du comte C. A. Pozzo di Borgo (1764-1842). La présence dans ce numéro d’un article, signé par Chastaing, sur cet adversaire de Napoléon est à noter.

 

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