L'Echo de la Fabrique : 10 mars 1833 - Numéro 10

CONSEIL.

C’est à l’imprudent isolement des chefs d’atelier qu’il faut attribuer en grande partie le malaise de leur position. La question changera de face le jour où ils parviendront à s’entendre sur leurs intérêts communs. Ils n’auront aucun moyen de résister à des exigences incompatibles avec la liberté du commerce, tant qu’ils ne se seront point organisés en société, et qu’ils n’agiront point avec unité et ensemble. S’ils veulent s’affranchir d’un joug fatal à leur belle industrie, qu’ils soient solidaires les uns des autres. Qu’ils s’aident eux-mêmes s’ils veulent que l’administration les aide avec succès. Nous n’entendons pas parler d’une coalition dont le but serait d’imposer aux industriels une augmentation de salaire ; elle serait aussi coupable que celle dont le but serait la réduction des salaires ou la suspension du travail ; mais l’union des chefs d’atelier et l’institution d’un cercle où seraient discutés les besoins de la fabrique, n’auraient rien que de parfaitement légal.

Nota. Nous empruntons l’article ci-dessus au Courrier de Lyon (7 mars 1833, n° 425). Nous ne lui avons fait subir qu’un léger changement ; nous avons substitué le mot chef d’atelier à celui de fabricanti.

Notes de fin littérales:

i Les querelles de mots sont loin d’être aussi oiseuses que certains le prétendent, dans un but qu’il est facile de dévoiler. M. Odilon-BarrotOdilon-Barrot, par exemple, en protestant contre le mot sujet a fait un acte de grand sens ; et nous, en protestant contre l’expression de fabricant donnée aux négocians, nous ne croyons pas non plus élever une vaine dispute de mots ; malgré l’assertion tranchante et hautaine du CourrierCourrier de Lyon, nous persistons à dire que le fabricant est celui qui fabrique : or, le négociant ne fabrique rien, il fait fabriquer, il invente, il dispose, etc. ; c’est par conséquent un industriel dans l’acception la plus étendue et la plus honorable. Loin de nous l’idée de ravaler les marchands au-dessous des ouvriers, mais nous ne voulons pas qu’à l’aide de l’usurpation d’une qualité qui n’est pas la leur, ils empiètent sur les droits des ouvriers qui sont les seuls et véritables fabricans.

 

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