L'Echo de la Fabrique : 24 mars 1833 - Numéro 12

CONSEIL DES PRUD’HOMMES.

(présidé par m. putinier.)

Audience du 21 mars 1833.

Ce n’est que pour mémoire que nous inscrivons ce titre. Le conseil des prud’hommes paraît vouloir se suicider, il est supprimé de fait ; voici deux audiences qu’aucun jugement n’a été rendu sous prétexte qu’il manquait des négocians, quoique du reste le nombre des membres légalement requis (les 2/3) fût complet. Le greffier a fait, à l’entrée de l’audience, l’observation de ce prétendu défaut de membres nécessaires pour juger, et sans autre examen le président y a adhéré, malgré l’opposition des prud’hommes chefs-d’atelier. Nous pensons que le greffier est dans l’erreur, et que les deux tiers des membres sans distinction de négocians ou fabricans suffisent. Nous espérons le prouver dans un article que nous consacrerons à ce sujet, mais la question était dans tous les cas assez importante pour que M. Putinier ne prit pas sur lui de la résoudre ; il devait en conférer avec ses collègues dans la salle des délibérations. Il leur a donc manqué d’égards en ne le faisant pas : serait-il jaloux, par hasard de suivre les traces de M. Goujon ? Nous l’en avertissons franchement, il s’en repentirait ; il est temps qu’il s’arrête dans ce chemin glissant de l’arbitraire, où l’on s’embourbe chaque jour davantage et où l’on vient bientôt à décorer du nom de dignité, ce qui n’est autre chose que l’entêtement ridicule d’un cerveau étroit.

[5.1]Nous apercevons facilement le but où l’on veut en venir. Honte à ceux qui l’ont conçu ! ils ne savent pas de quelle responsabilité immense ils se chargent en suivant aveuglément les instigations du Courrier de Lyon. La désorganisation du conseil des prud’hommes, nous le disons en notre âme et conscience, peut être le signal d’une perturbation dont les suites seraient funestes. Que de reproches encouraient alors ceux qui l’auraient provoquée et qui s’applaudissent aujourd’hui de leurs manœuvres. Notre devoir est d’avertir, nous le remplissons. Aurions-nous le malheur de n’être pas compris par les hommes honnêtes qui, quoi qu’en disent le Courrier et ses suppôts, sont en majorité à Lyon.

Aucune cause n’a été jugée ; le mécontentement des ouvriers se manifestait d’une manière non équivoque contre cette perte de temps et ces délais occasionnés, disaient-ils presque tout haut, par un déni de justice, une coalition des négocians.

Nous renvoyons dans l’intérêt de la paix, nos réflexions à un prochain numéro, elles seraient aujourd’hui trop amères.

 

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