L'Echo de la Fabrique : 14 avril 1833 - Numéro 15

 

De l’exportation de la Fabrique d’étoffes de soie hors la ville de Lyon.

« Quelques fabricans de Lyon, dit le Courrier de l’Ain, ont parcouru le département de l’Ain ; ils recherchent les localités qui offrent les conditions propres à l’établissement d’ateliers de tissage pour la soierie.

« On comprend généralement que dans l’état des choses, la solution de la question lyonnaise ne peut se trouver dans les murs de Lyon ; l’établissement de métiers dans les campagnes où les ouvriers trouveraient une existence plus confortable et moins chère sous tous les rapports, peut seul produire quelque amélioration dans leur position présente, en ramenant une juste proportion entre leur dépense et leur salaire. »

Nous avons appris cette nouvelle par le Journal du Commerce de Lyon, devenu l’organe des négocians, qui ont préféré, nous a-t-on dit, traiter avec lui pour l’insertion de leurs articles, que créer un nouveau journal [3.1]ainsi qu’ils en avaient eu primitivement l’idéei. Nous devons en conséquence regarder cet article comme officiel ; nous devons le considérer comme révélation d’un fait accompli ou sur le point de l’être, ou comme une menace. Il nous importe d’autant plus d’appeler l’attention publique sur cette démarche vraie ou fausse des négocians, que ce même article, répété par presque tous les journaux, n’a excité de leur part aucune observation. Nous manquerions à notre devoir de journalistes, si par un motif quelconque, nous n’apportions pas à nos lecteurs le tribut de nos réflexions sur un acte dont la gravité sera facilement appréciée, et dont les conséquences sont incalculables.

Les réflexions se pressent en foule sur un pareil sujet. Nous procéderons par ordre à leur examen ; et supposant cette mesure adoptée, nous en ferons ressortir les inconvéniens dans l’intérêt des négocians, dans celui de la ville de Lyon, de la France, des mœurs en général, et enfin dans l’intérêt de l’industrie.

Nous raisonnerons ensuite dans la seconde hypothèse, où ce ne serait qu’une menace, et nous espérons prouver facilement que cette menace est de nul poids vis-à-vis des ouvriers, auxquels elle est à peu près indifférente.

(La suite au prochain numéro.)

Notes de fin littérales:

i Nous sommes loin d’en faire un reproche à notre confrère, et même nous voyons avec plaisir que les négocians renoncent à se servir d’un journal aussi discrédité que le Courrier de LyonCourrier de Lyon, d’un journal dont les opinions antipathiques à celles de la classe ouvrière étaient un perpétuel sujet de discorde entre nous, ce qui nous empêchait d’aborder certaines questions avec tout le calme qu’elles méritaient. Nous espérons n’avoir pas ce désagrément avec le Journal du CommerceJournal du Commerce. Il fallait, dans l’état des choses, un organe aux négocians, nous sommes assez justes pour l’avouer ; mais à des questions industrielles il ne faut pas mêler des passions politiques. Les négocians ont eu la sagesse de le comprendre.

 

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