L'Echo de la Fabrique : 11 décembre 1831 - Numéro 7

Il y a quelques jours, des malfaiteurs s'étaient réunis, dit-on, à Saint-Irénée, chez un boulanger-cabaretier, et y avaient formé l'odieux projet d'aller, la nuit, voler dans la maison de campagne d'un négociant, au territoire des Airs. Le poste bourgeois de la barrière de Saint-Just, informé par le boulanger du complot tramé chez lui, et de l'heure à laquelle il devait être mis à exécution, envoya sur les lieux désignés quatre hommes et un caporal. Embusqués derrière des haies, ils aperçurent une échelle qui déjà était placée à l'intérieur et adossée au mur de clôture. Peu d'instans après, quatre individus, armés de fusils, s'avancèrent ; on leur cria : Qui vive ! Ils répondirent : Amis, et ajoutèrent qu'ils étaient des ouvriers en soie, domiciliés à Saint-Irénée ; que, comme eux, ils étaient chargés de la surveillance et de la garde de cette habitation. Mais les hommes du poste, convaincus d'avance de la fausseté de ces allégations, se saisirent, non sans peine, de deux de ces individus, les [8.2]conduisirent au domicile qu'ils avaient déclaré être le leur, et là, inconnus à tout le monde de leur prétendu voisinage, ils furent contraints d'avouer qu'ils n'étaient ni ouvriers de la fabrique, ni habitans du quartier Saint-Irénée ; que leur mission était seulement de déplacer or, argent, nipes, hardes de la maison de M.***, pour en disposer à leur bénéfice. Déposés à la maison d'arrêt, ces deux gardiens fidèles sont mis à la disposition de l'autorité judiciaire.

Les deux autres dont on n'a pu encore se saisir, sont en fuite ; des renseignemens ultérieurs les feront sans doute bientôt découvrir.

On assure que M. *** a remis, à titre de gratification, au chef du poste, la somme de 40 fr. pour être partagée entre tous ceux qu'il avait sous ses ordres.

 

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